“Trombone Story” au Sunside : les coulisses du savoir
« Trombone Story », concert thématique proposé par Jacques Vidal et Lionel Eskenazi, dimanche 8 mars au Sunside (Paris), 16h.
2e saison et neuvième concert thématique au Sunside ce dimanche à l’heure du goûter. C’est à l’initiative du contrebassiste Jacques Vidal que se déroulent ces rencontres musicales à vocation pédagogique que présente notre collaborateur Lionel Eskenazi, qui partage la scène avec les musiciens. Après la séance consacrée en janvier à Sonny Rollins (avec Eric Barret), c’est cette fois-ci le trombone et son histoire qui sont à l’honneur. Daniel Zimmermann est à l’avant-scène.
Daniel Zimmermann (tb), Olivier Hutman (p), Jacques Vidal (b), Philippe Soirat (d). Présentation : Lionel Eskenazi.
L’exercice demande, pour le soliste du jour, les qualités instrumentales dont on le sait généreusement doté. Il demande aussi une culture instrumentale qui passe par la culture historique du jazz, et là encore Daniel Zimmermann est capable d’entrer et de faire entrer dans la généalogie de son instrument – l’occasion de rappeler que les structures de haut niveau telles que le CNSMD (dont notre tromboniste a fréquenté la classe de jazz) ne négligent ni la culture, ni l’histoire du jazz.
Après quelques considérations d’organologie de base, le quartette entre dans le vif du sujet avec Fat Back d’un certain Jay Jay Johnson, enregistré pour la première fois en 1960. La chronologie reprend vite ses droits, et l’histoire de l’instrument s’ébauche depuis Kid Ory, Honore Dutrey (New Orleans), passe par Jimmy Harrison (chez Fletcher Henderson), J.C. Higginbotham, Benny Morton (Basie) ou Dickie Wells, sans oublier le crooner Teagarden et les incontournables ellingtoniens.
C’est le moment choisi par Daniel Zimmermann pour instruire son auditeur des subtiles nuances de timbre et d’expression qu’il peut tirer de la dizaine de sourdines disposées autour de lui.
A propos de l’une des grandes coulisses d’Ellington, et non des moindres, riche idée que de faire découvrir l’hommage que lui a rendu Glenn Ferris sous la forme d’une composition intitulée Lawrence Brown The Master of Sound. Après l’évocation de quelques passeurs (Trummy Young, Vic Dickenson, Bill Harris), voici un Cherokee à fond de train pour introduire le bop et ses nouvelles exigences de phrasé. Frank Rosolino, Carl Fontana ou Bill Watrous précèdent un long et justifié retour à J.J. Johnson, illustré par son incontournable Lament.
Kai Winding, Curtis Fuller, Slide Hampton puis Jimmy Knepper chez Mingus,… il fait bon réviser ses fondamentaux. Train oblige, il me faut hélas quitter la séance après deux compositions aussi passionnantes que contrastées du précurseur du free Grachan Moncur III (Saturday and Sunday, puis le sombre Love and Hate). De lointains échos d’Albert Mangelsdorf me parviennent, puis je ne peux qu’imaginer la place qui sera faite à George Lewis, Ray Anderson et aux maîtres les plus actuels. Dans le métro, je me demande bien si Daniel Zimmermann imitera Roswell Rudd ou Gary Valente, et si une petite place sera faite à Yves Robert…
Dès lors qu’on n’est pas dans un format de conférence, encore moins celui d’une master-class, et qu’il s’agit de soigner l’équilibre entre texte et musique live, le temps passe bien vite et on reste immanquablement frustré par tel ou tel aspect passé sous silence. Si maints trombonistes-chanteurs ont été évoqués, l’expression si humaine du trombone, dont l’expressivité a à voir avec sa tessiture même (celle de la voix d’homme) n’a peut-être pas été assez soulignée. On aurait encore envie d’interroger le tromboniste sur l’absence de son instrument (celui que Dave Liebman déteste le plus avec l’accordéon !) dans l’univers d’un Coltrane, parmi une foule d’autres questions. Mais ces séances doivent aller à l’essentiel, et c’est ce qu’elles s’efforcent de faire, chacun dans son rôle. Lionel Eskenazi trouve le ton juste et sait quitter sa partition là où l’échange avec les musiciens est le plus parlant, la rythmique Hutman-Vidal-Soirat joue la carte de l’efficacité sans longueurs, et Daniel Zimmermann endosse sans jamais les surjouer les costumes qui l’attendent au détour de cette mini-histoire, somme toute très vivante. Il y a même des enfants au Sunside, c’est évidemment bon signe. V.C.
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« Trombone Story », concert thématique proposé par Jacques Vidal et Lionel Eskenazi, dimanche 8 mars au Sunside (Paris), 16h.
2e saison et neuvième concert thématique au Sunside ce dimanche à l’heure du goûter. C’est à l’initiative du contrebassiste Jacques Vidal que se déroulent ces rencontres musicales à vocation pédagogique que présente notre collaborateur Lionel Eskenazi, qui partage la scène avec les musiciens. Après la séance consacrée en janvier à Sonny Rollins (avec Eric Barret), c’est cette fois-ci le trombone et son histoire qui sont à l’honneur. Daniel Zimmermann est à l’avant-scène.
Daniel Zimmermann (tb), Olivier Hutman (p), Jacques Vidal (b), Philippe Soirat (d). Présentation : Lionel Eskenazi.
L’exercice demande, pour le soliste du jour, les qualités instrumentales dont on le sait généreusement doté. Il demande aussi une culture instrumentale qui passe par la culture historique du jazz, et là encore Daniel Zimmermann est capable d’entrer et de faire entrer dans la généalogie de son instrument – l’occasion de rappeler que les structures de haut niveau telles que le CNSMD (dont notre tromboniste a fréquenté la classe de jazz) ne négligent ni la culture, ni l’histoire du jazz.
Après quelques considérations d’organologie de base, le quartette entre dans le vif du sujet avec Fat Back d’un certain Jay Jay Johnson, enregistré pour la première fois en 1960. La chronologie reprend vite ses droits, et l’histoire de l’instrument s’ébauche depuis Kid Ory, Honore Dutrey (New Orleans), passe par Jimmy Harrison (chez Fletcher Henderson), J.C. Higginbotham, Benny Morton (Basie) ou Dickie Wells, sans oublier le crooner Teagarden et les incontournables ellingtoniens.
C’est le moment choisi par Daniel Zimmermann pour instruire son auditeur des subtiles nuances de timbre et d’expression qu’il peut tirer de la dizaine de sourdines disposées autour de lui.
A propos de l’une des grandes coulisses d’Ellington, et non des moindres, riche idée que de faire découvrir l’hommage que lui a rendu Glenn Ferris sous la forme d’une composition intitulée Lawrence Brown The Master of Sound. Après l’évocation de quelques passeurs (Trummy Young, Vic Dickenson, Bill Harris), voici un Cherokee à fond de train pour introduire le bop et ses nouvelles exigences de phrasé. Frank Rosolino, Carl Fontana ou Bill Watrous précèdent un long et justifié retour à J.J. Johnson, illustré par son incontournable Lament.
Kai Winding, Curtis Fuller, Slide Hampton puis Jimmy Knepper chez Mingus,… il fait bon réviser ses fondamentaux. Train oblige, il me faut hélas quitter la séance après deux compositions aussi passionnantes que contrastées du précurseur du free Grachan Moncur III (Saturday and Sunday, puis le sombre Love and Hate). De lointains échos d’Albert Mangelsdorf me parviennent, puis je ne peux qu’imaginer la place qui sera faite à George Lewis, Ray Anderson et aux maîtres les plus actuels. Dans le métro, je me demande bien si Daniel Zimmermann imitera Roswell Rudd ou Gary Valente, et si une petite place sera faite à Yves Robert…
Dès lors qu’on n’est pas dans un format de conférence, encore moins celui d’une master-class, et qu’il s’agit de soigner l’équilibre entre texte et musique live, le temps passe bien vite et on reste immanquablement frustré par tel ou tel aspect passé sous silence. Si maints trombonistes-chanteurs ont été évoqués, l’expression si humaine du trombone, dont l’expressivité a à voir avec sa tessiture même (celle de la voix d’homme) n’a peut-être pas été assez soulignée. On aurait encore envie d’interroger le tromboniste sur l’absence de son instrument (celui que Dave Liebman déteste le plus avec l’accordéon !) dans l’univers d’un Coltrane, parmi une foule d’autres questions. Mais ces séances doivent aller à l’essentiel, et c’est ce qu’elles s’efforcent de faire, chacun dans son rôle. Lionel Eskenazi trouve le ton juste et sait quitter sa partition là où l’échange avec les musiciens est le plus parlant, la rythmique Hutman-Vidal-Soirat joue la carte de l’efficacité sans longueurs, et Daniel Zimmermann endosse sans jamais les surjouer les costumes qui l’attendent au détour de cette mini-histoire, somme toute très vivante. Il y a même des enfants au Sunside, c’est évidemment bon signe. V.C.
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« Trombone Story », concert thématique proposé par Jacques Vidal et Lionel Eskenazi, dimanche 8 mars au Sunside (Paris), 16h.
2e saison et neuvième concert thématique au Sunside ce dimanche à l’heure du goûter. C’est à l’initiative du contrebassiste Jacques Vidal que se déroulent ces rencontres musicales à vocation pédagogique que présente notre collaborateur Lionel Eskenazi, qui partage la scène avec les musiciens. Après la séance consacrée en janvier à Sonny Rollins (avec Eric Barret), c’est cette fois-ci le trombone et son histoire qui sont à l’honneur. Daniel Zimmermann est à l’avant-scène.
Daniel Zimmermann (tb), Olivier Hutman (p), Jacques Vidal (b), Philippe Soirat (d). Présentation : Lionel Eskenazi.
L’exercice demande, pour le soliste du jour, les qualités instrumentales dont on le sait généreusement doté. Il demande aussi une culture instrumentale qui passe par la culture historique du jazz, et là encore Daniel Zimmermann est capable d’entrer et de faire entrer dans la généalogie de son instrument – l’occasion de rappeler que les structures de haut niveau telles que le CNSMD (dont notre tromboniste a fréquenté la classe de jazz) ne négligent ni la culture, ni l’histoire du jazz.
Après quelques considérations d’organologie de base, le quartette entre dans le vif du sujet avec Fat Back d’un certain Jay Jay Johnson, enregistré pour la première fois en 1960. La chronologie reprend vite ses droits, et l’histoire de l’instrument s’ébauche depuis Kid Ory, Honore Dutrey (New Orleans), passe par Jimmy Harrison (chez Fletcher Henderson), J.C. Higginbotham, Benny Morton (Basie) ou Dickie Wells, sans oublier le crooner Teagarden et les incontournables ellingtoniens.
C’est le moment choisi par Daniel Zimmermann pour instruire son auditeur des subtiles nuances de timbre et d’expression qu’il peut tirer de la dizaine de sourdines disposées autour de lui.
A propos de l’une des grandes coulisses d’Ellington, et non des moindres, riche idée que de faire découvrir l’hommage que lui a rendu Glenn Ferris sous la forme d’une composition intitulée Lawrence Brown The Master of Sound. Après l’évocation de quelques passeurs (Trummy Young, Vic Dickenson, Bill Harris), voici un Cherokee à fond de train pour introduire le bop et ses nouvelles exigences de phrasé. Frank Rosolino, Carl Fontana ou Bill Watrous précèdent un long et justifié retour à J.J. Johnson, illustré par son incontournable Lament.
Kai Winding, Curtis Fuller, Slide Hampton puis Jimmy Knepper chez Mingus,… il fait bon réviser ses fondamentaux. Train oblige, il me faut hélas quitter la séance après deux compositions aussi passionnantes que contrastées du précurseur du free Grachan Moncur III (Saturday and Sunday, puis le sombre Love and Hate). De lointains échos d’Albert Mangelsdorf me parviennent, puis je ne peux qu’imaginer la place qui sera faite à George Lewis, Ray Anderson et aux maîtres les plus actuels. Dans le métro, je me demande bien si Daniel Zimmermann imitera Roswell Rudd ou Gary Valente, et si une petite place sera faite à Yves Robert…
Dès lors qu’on n’est pas dans un format de conférence, encore moins celui d’une master-class, et qu’il s’agit de soigner l’équilibre entre texte et musique live, le temps passe bien vite et on reste immanquablement frustré par tel ou tel aspect passé sous silence. Si maints trombonistes-chanteurs ont été évoqués, l’expression si humaine du trombone, dont l’expressivité a à voir avec sa tessiture même (celle de la voix d’homme) n’a peut-être pas été assez soulignée. On aurait encore envie d’interroger le tromboniste sur l’absence de son instrument (celui que Dave Liebman déteste le plus avec l’accordéon !) dans l’univers d’un Coltrane, parmi une foule d’autres questions. Mais ces séances doivent aller à l’essentiel, et c’est ce qu’elles s’efforcent de faire, chacun dans son rôle. Lionel Eskenazi trouve le ton juste et sait quitter sa partition là où l’échange avec les musiciens est le plus parlant, la rythmique Hutman-Vidal-Soirat joue la carte de l’efficacité sans longueurs, et Daniel Zimmermann endosse sans jamais les surjouer les costumes qui l’attendent au détour de cette mini-histoire, somme toute très vivante. Il y a même des enfants au Sunside, c’est évidemment bon signe. V.C.
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« Trombone Story », concert thématique proposé par Jacques Vidal et Lionel Eskenazi, dimanche 8 mars au Sunside (Paris), 16h.
2e saison et neuvième concert thématique au Sunside ce dimanche à l’heure du goûter. C’est à l’initiative du contrebassiste Jacques Vidal que se déroulent ces rencontres musicales à vocation pédagogique que présente notre collaborateur Lionel Eskenazi, qui partage la scène avec les musiciens. Après la séance consacrée en janvier à Sonny Rollins (avec Eric Barret), c’est cette fois-ci le trombone et son histoire qui sont à l’honneur. Daniel Zimmermann est à l’avant-scène.
Daniel Zimmermann (tb), Olivier Hutman (p), Jacques Vidal (b), Philippe Soirat (d). Présentation : Lionel Eskenazi.
L’exercice demande, pour le soliste du jour, les qualités instrumentales dont on le sait généreusement doté. Il demande aussi une culture instrumentale qui passe par la culture historique du jazz, et là encore Daniel Zimmermann est capable d’entrer et de faire entrer dans la généalogie de son instrument – l’occasion de rappeler que les structures de haut niveau telles que le CNSMD (dont notre tromboniste a fréquenté la classe de jazz) ne négligent ni la culture, ni l’histoire du jazz.
Après quelques considérations d’organologie de base, le quartette entre dans le vif du sujet avec Fat Back d’un certain Jay Jay Johnson, enregistré pour la première fois en 1960. La chronologie reprend vite ses droits, et l’histoire de l’instrument s’ébauche depuis Kid Ory, Honore Dutrey (New Orleans), passe par Jimmy Harrison (chez Fletcher Henderson), J.C. Higginbotham, Benny Morton (Basie) ou Dickie Wells, sans oublier le crooner Teagarden et les incontournables ellingtoniens.
C’est le moment choisi par Daniel Zimmermann pour instruire son auditeur des subtiles nuances de timbre et d’expression qu’il peut tirer de la dizaine de sourdines disposées autour de lui.
A propos de l’une des grandes coulisses d’Ellington, et non des moindres, riche idée que de faire découvrir l’hommage que lui a rendu Glenn Ferris sous la forme d’une composition intitulée Lawrence Brown The Master of Sound. Après l’évocation de quelques passeurs (Trummy Young, Vic Dickenson, Bill Harris), voici un Cherokee à fond de train pour introduire le bop et ses nouvelles exigences de phrasé. Frank Rosolino, Carl Fontana ou Bill Watrous précèdent un long et justifié retour à J.J. Johnson, illustré par son incontournable Lament.
Kai Winding, Curtis Fuller, Slide Hampton puis Jimmy Knepper chez Mingus,… il fait bon réviser ses fondamentaux. Train oblige, il me faut hélas quitter la séance après deux compositions aussi passionnantes que contrastées du précurseur du free Grachan Moncur III (Saturday and Sunday, puis le sombre Love and Hate). De lointains échos d’Albert Mangelsdorf me parviennent, puis je ne peux qu’imaginer la place qui sera faite à George Lewis, Ray Anderson et aux maîtres les plus actuels. Dans le métro, je me demande bien si Daniel Zimmermann imitera Roswell Rudd ou Gary Valente, et si une petite place sera faite à Yves Robert…
Dès lors qu’on n’est pas dans un format de conférence, encore moins celui d’une master-class, et qu’il s’agit de soigner l’équilibre entre texte et musique live, le temps passe bien vite et on reste immanquablement frustré par tel ou tel aspect passé sous silence. Si maints trombonistes-chanteurs ont été évoqués, l’expression si humaine du trombone, dont l’expressivité a à voir avec sa tessiture même (celle de la voix d’homme) n’a peut-être pas été assez soulignée. On aurait encore envie d’interroger le tromboniste sur l’absence de son instrument (celui que Dave Liebman déteste le plus avec l’accordéon !) dans l’univers d’un Coltrane, parmi une foule d’autres questions. Mais ces séances doivent aller à l’essentiel, et c’est ce qu’elles s’efforcent de faire, chacun dans son rôle. Lionel Eskenazi trouve le ton juste et sait quitter sa partition là où l’échange avec les musiciens est le plus parlant, la rythmique Hutman-Vidal-Soirat joue la carte de l’efficacité sans longueurs, et Daniel Zimmermann endosse sans jamais les surjouer les costumes qui l’attendent au détour de cette mini-histoire, somme toute très vivante. Il y a même des enfants au Sunside, c’est évidemment bon signe. V.C.