Le Quatuor IXI invite François Couturier au Théâtre 71
Dans le cadre d’une résidence de 3 ans (2015-2017), Régis Huby a composé un nouveau répertoire pour le Quatuor IXI élargi en quintette avec l’adoption du pianiste François Couturier. Création ce soir 3 novembre.
Quatuor IXI : Régis Huby, Théo Ceccaldi (violon), Guillaume Roy (violon alto), Atsushi Sakaï (violoncelle) + François Couturier (piano).
Saluant d’emblée le Théâtre 71 pour cette résidence en une époque où le divorce semble profond entre le monde de la culture et sa branche musicale dès lors que celle-ci propose une musique instrumentale postérieure à Ravel et Debussy ou des musiques improvisées contemporaines.
Que pourrais-je dire dans la demie heure que je me suis donnée avant de me coucher sur ce concert ? Que pourrais-je dire que je n’ai déjà écrit sur cette musique sur laquelle le jazz-critic que je suis n’a aucune expertise, et qui pourtant revient obstinément dans nos pages, parce que ces gens là viennent du jazz ou y sont passés et font du quatuor à cordes, dont ils respectent pourtant la tradition au point d’en tirer tous les sucs, quelque chose que les musiciens classiques leur envient.
© Jérôme Prébois
Commençons par le commencement : une pièce de François Couturier tirée de son hommage à Andrei Tarkovsky et adaptée pour les cordes qu’il emmène sur un terrain des musiques du nord. Parmi les noms qui se présentent à mon esprit, c’est celui d’Alfred Schnitke qui me paraît le plus probant pour situer l’affaire. Lisent-ils ? Ils n’ont pas l’air, une certaine liberté leur semble accordée à moins que cette liberté ne leur vienne d’une bonne connaissance de la partition, jusqu’à ce que délibérément Régis Huby semble prendre l’initiative par des phrases anguleuses et “out” (comme l’on dit en jazz à propos d’un improvisateur qui sort de la grille). Visiblement, cette sortie, si elle est prescrite par la partition, relève de la cadence improvisée, comme plus tard ce sera le cas de François Couturier “chorusant” à son tour avec des gestes qui sont d’improvisateur.
Le reste, de la plume de Régis Huby (plus une “variation” d’après Huby de son vieil ami Guillaume Roy) nous emmène vers un versant plus “épique” de la tradition du quatuor à cordes, de Beethoven à Bartok et au-delà, avec un relative “versalité” (pour donner à ce mot le sens que lui donne l’anglais, ma foi assez pratique) qui voit IXI passer d’un penchant pour une polytonalité hirsute à de frissonnantes accalmies modales, de l’abstraction lyrique à un lyrisme premier degré. Ce pourrait être agaçant, mais ça correspond de manière très authentique à des sensibilités polymorphes par l’univers très ouvert dans lequel elles ont grandies et à une capacité à combler les hiatus qui les traversent par ce travail d’écriture qui ne s’arrête pas sur le papier mais qui structure leurs gestes d’improvisateur. Et comme chaque fois à l’écoute d’IXI, je suis doublement transporté par cette maîtrise du pouvoir séculaire de pénétration du son du quatuor, capable de venir à about des âmes les plus cadenassées, et cette façon de faire vivre cette matière sonore par l’élan de l’improvisation que lui impulse l’initiative libérée de l’interprète portée à l’échelle du collectif… le tout combinée ce soir à l’autre grand domaine de la musique classique, le piano, dont François Couturier use en connaissance de cause, c’est-à-dire, sans excès pianistique, suffisamment intégré aux jouages d’IXI pour invalider l’expression canonique de “quintette pour piano”, lorsqu’il s’agit d’un “quintette avec piano” ou si l’on préfère “quintette pour piano et cordes”.
Mais j’ai amplement dépassé mon heure de rendez-vous avec mon oreiller qui risque de prendre sa revanche demain alors que deux autres concerts se profilent : Laura Perrudin, Michel Benita et Michele Rabbia au Triton (Les Lilas) et le premier concert du quartette de Fabrice Moreau (Ricardo Izquierdo, Nelson Veras et Mauro Gargano) au Comptoir (Fontenay-sous-Bois). Entre les deux, mon cœur balance. Quant au Quatuor IXI, on ira le réentendre (sans François Couturier), lundi prochain 7 novembre à Nevers, au D’Jazz Nevers Festival. • Franck Bergerot
|Dans le cadre d’une résidence de 3 ans (2015-2017), Régis Huby a composé un nouveau répertoire pour le Quatuor IXI élargi en quintette avec l’adoption du pianiste François Couturier. Création ce soir 3 novembre.
Quatuor IXI : Régis Huby, Théo Ceccaldi (violon), Guillaume Roy (violon alto), Atsushi Sakaï (violoncelle) + François Couturier (piano).
Saluant d’emblée le Théâtre 71 pour cette résidence en une époque où le divorce semble profond entre le monde de la culture et sa branche musicale dès lors que celle-ci propose une musique instrumentale postérieure à Ravel et Debussy ou des musiques improvisées contemporaines.
Que pourrais-je dire dans la demie heure que je me suis donnée avant de me coucher sur ce concert ? Que pourrais-je dire que je n’ai déjà écrit sur cette musique sur laquelle le jazz-critic que je suis n’a aucune expertise, et qui pourtant revient obstinément dans nos pages, parce que ces gens là viennent du jazz ou y sont passés et font du quatuor à cordes, dont ils respectent pourtant la tradition au point d’en tirer tous les sucs, quelque chose que les musiciens classiques leur envient.
© Jérôme Prébois
Commençons par le commencement : une pièce de François Couturier tirée de son hommage à Andrei Tarkovsky et adaptée pour les cordes qu’il emmène sur un terrain des musiques du nord. Parmi les noms qui se présentent à mon esprit, c’est celui d’Alfred Schnitke qui me paraît le plus probant pour situer l’affaire. Lisent-ils ? Ils n’ont pas l’air, une certaine liberté leur semble accordée à moins que cette liberté ne leur vienne d’une bonne connaissance de la partition, jusqu’à ce que délibérément Régis Huby semble prendre l’initiative par des phrases anguleuses et “out” (comme l’on dit en jazz à propos d’un improvisateur qui sort de la grille). Visiblement, cette sortie, si elle est prescrite par la partition, relève de la cadence improvisée, comme plus tard ce sera le cas de François Couturier “chorusant” à son tour avec des gestes qui sont d’improvisateur.
Le reste, de la plume de Régis Huby (plus une “variation” d’après Huby de son vieil ami Guillaume Roy) nous emmène vers un versant plus “épique” de la tradition du quatuor à cordes, de Beethoven à Bartok et au-delà, avec un relative “versalité” (pour donner à ce mot le sens que lui donne l’anglais, ma foi assez pratique) qui voit IXI passer d’un penchant pour une polytonalité hirsute à de frissonnantes accalmies modales, de l’abstraction lyrique à un lyrisme premier degré. Ce pourrait être agaçant, mais ça correspond de manière très authentique à des sensibilités polymorphes par l’univers très ouvert dans lequel elles ont grandies et à une capacité à combler les hiatus qui les traversent par ce travail d’écriture qui ne s’arrête pas sur le papier mais qui structure leurs gestes d’improvisateur. Et comme chaque fois à l’écoute d’IXI, je suis doublement transporté par cette maîtrise du pouvoir séculaire de pénétration du son du quatuor, capable de venir à about des âmes les plus cadenassées, et cette façon de faire vivre cette matière sonore par l’élan de l’improvisation que lui impulse l’initiative libérée de l’interprète portée à l’échelle du collectif… le tout combinée ce soir à l’autre grand domaine de la musique classique, le piano, dont François Couturier use en connaissance de cause, c’est-à-dire, sans excès pianistique, suffisamment intégré aux jouages d’IXI pour invalider l’expression canonique de “quintette pour piano”, lorsqu’il s’agit d’un “quintette avec piano” ou si l’on préfère “quintette pour piano et cordes”.
Mais j’ai amplement dépassé mon heure de rendez-vous avec mon oreiller qui risque de prendre sa revanche demain alors que deux autres concerts se profilent : Laura Perrudin, Michel Benita et Michele Rabbia au Triton (Les Lilas) et le premier concert du quartette de Fabrice Moreau (Ricardo Izquierdo, Nelson Veras et Mauro Gargano) au Comptoir (Fontenay-sous-Bois). Entre les deux, mon cœur balance. Quant au Quatuor IXI, on ira le réentendre (sans François Couturier), lundi prochain 7 novembre à Nevers, au D’Jazz Nevers Festival. • Franck Bergerot
|Dans le cadre d’une résidence de 3 ans (2015-2017), Régis Huby a composé un nouveau répertoire pour le Quatuor IXI élargi en quintette avec l’adoption du pianiste François Couturier. Création ce soir 3 novembre.
Quatuor IXI : Régis Huby, Théo Ceccaldi (violon), Guillaume Roy (violon alto), Atsushi Sakaï (violoncelle) + François Couturier (piano).
Saluant d’emblée le Théâtre 71 pour cette résidence en une époque où le divorce semble profond entre le monde de la culture et sa branche musicale dès lors que celle-ci propose une musique instrumentale postérieure à Ravel et Debussy ou des musiques improvisées contemporaines.
Que pourrais-je dire dans la demie heure que je me suis donnée avant de me coucher sur ce concert ? Que pourrais-je dire que je n’ai déjà écrit sur cette musique sur laquelle le jazz-critic que je suis n’a aucune expertise, et qui pourtant revient obstinément dans nos pages, parce que ces gens là viennent du jazz ou y sont passés et font du quatuor à cordes, dont ils respectent pourtant la tradition au point d’en tirer tous les sucs, quelque chose que les musiciens classiques leur envient.
© Jérôme Prébois
Commençons par le commencement : une pièce de François Couturier tirée de son hommage à Andrei Tarkovsky et adaptée pour les cordes qu’il emmène sur un terrain des musiques du nord. Parmi les noms qui se présentent à mon esprit, c’est celui d’Alfred Schnitke qui me paraît le plus probant pour situer l’affaire. Lisent-ils ? Ils n’ont pas l’air, une certaine liberté leur semble accordée à moins que cette liberté ne leur vienne d’une bonne connaissance de la partition, jusqu’à ce que délibérément Régis Huby semble prendre l’initiative par des phrases anguleuses et “out” (comme l’on dit en jazz à propos d’un improvisateur qui sort de la grille). Visiblement, cette sortie, si elle est prescrite par la partition, relève de la cadence improvisée, comme plus tard ce sera le cas de François Couturier “chorusant” à son tour avec des gestes qui sont d’improvisateur.
Le reste, de la plume de Régis Huby (plus une “variation” d’après Huby de son vieil ami Guillaume Roy) nous emmène vers un versant plus “épique” de la tradition du quatuor à cordes, de Beethoven à Bartok et au-delà, avec un relative “versalité” (pour donner à ce mot le sens que lui donne l’anglais, ma foi assez pratique) qui voit IXI passer d’un penchant pour une polytonalité hirsute à de frissonnantes accalmies modales, de l’abstraction lyrique à un lyrisme premier degré. Ce pourrait être agaçant, mais ça correspond de manière très authentique à des sensibilités polymorphes par l’univers très ouvert dans lequel elles ont grandies et à une capacité à combler les hiatus qui les traversent par ce travail d’écriture qui ne s’arrête pas sur le papier mais qui structure leurs gestes d’improvisateur. Et comme chaque fois à l’écoute d’IXI, je suis doublement transporté par cette maîtrise du pouvoir séculaire de pénétration du son du quatuor, capable de venir à about des âmes les plus cadenassées, et cette façon de faire vivre cette matière sonore par l’élan de l’improvisation que lui impulse l’initiative libérée de l’interprète portée à l’échelle du collectif… le tout combinée ce soir à l’autre grand domaine de la musique classique, le piano, dont François Couturier use en connaissance de cause, c’est-à-dire, sans excès pianistique, suffisamment intégré aux jouages d’IXI pour invalider l’expression canonique de “quintette pour piano”, lorsqu’il s’agit d’un “quintette avec piano” ou si l’on préfère “quintette pour piano et cordes”.
Mais j’ai amplement dépassé mon heure de rendez-vous avec mon oreiller qui risque de prendre sa revanche demain alors que deux autres concerts se profilent : Laura Perrudin, Michel Benita et Michele Rabbia au Triton (Les Lilas) et le premier concert du quartette de Fabrice Moreau (Ricardo Izquierdo, Nelson Veras et Mauro Gargano) au Comptoir (Fontenay-sous-Bois). Entre les deux, mon cœur balance. Quant au Quatuor IXI, on ira le réentendre (sans François Couturier), lundi prochain 7 novembre à Nevers, au D’Jazz Nevers Festival. • Franck Bergerot
|Dans le cadre d’une résidence de 3 ans (2015-2017), Régis Huby a composé un nouveau répertoire pour le Quatuor IXI élargi en quintette avec l’adoption du pianiste François Couturier. Création ce soir 3 novembre.
Quatuor IXI : Régis Huby, Théo Ceccaldi (violon), Guillaume Roy (violon alto), Atsushi Sakaï (violoncelle) + François Couturier (piano).
Saluant d’emblée le Théâtre 71 pour cette résidence en une époque où le divorce semble profond entre le monde de la culture et sa branche musicale dès lors que celle-ci propose une musique instrumentale postérieure à Ravel et Debussy ou des musiques improvisées contemporaines.
Que pourrais-je dire dans la demie heure que je me suis donnée avant de me coucher sur ce concert ? Que pourrais-je dire que je n’ai déjà écrit sur cette musique sur laquelle le jazz-critic que je suis n’a aucune expertise, et qui pourtant revient obstinément dans nos pages, parce que ces gens là viennent du jazz ou y sont passés et font du quatuor à cordes, dont ils respectent pourtant la tradition au point d’en tirer tous les sucs, quelque chose que les musiciens classiques leur envient.
© Jérôme Prébois
Commençons par le commencement : une pièce de François Couturier tirée de son hommage à Andrei Tarkovsky et adaptée pour les cordes qu’il emmène sur un terrain des musiques du nord. Parmi les noms qui se présentent à mon esprit, c’est celui d’Alfred Schnitke qui me paraît le plus probant pour situer l’affaire. Lisent-ils ? Ils n’ont pas l’air, une certaine liberté leur semble accordée à moins que cette liberté ne leur vienne d’une bonne connaissance de la partition, jusqu’à ce que délibérément Régis Huby semble prendre l’initiative par des phrases anguleuses et “out” (comme l’on dit en jazz à propos d’un improvisateur qui sort de la grille). Visiblement, cette sortie, si elle est prescrite par la partition, relève de la cadence improvisée, comme plus tard ce sera le cas de François Couturier “chorusant” à son tour avec des gestes qui sont d’improvisateur.
Le reste, de la plume de Régis Huby (plus une “variation” d’après Huby de son vieil ami Guillaume Roy) nous emmène vers un versant plus “épique” de la tradition du quatuor à cordes, de Beethoven à Bartok et au-delà, avec un relative “versalité” (pour donner à ce mot le sens que lui donne l’anglais, ma foi assez pratique) qui voit IXI passer d’un penchant pour une polytonalité hirsute à de frissonnantes accalmies modales, de l’abstraction lyrique à un lyrisme premier degré. Ce pourrait être agaçant, mais ça correspond de manière très authentique à des sensibilités polymorphes par l’univers très ouvert dans lequel elles ont grandies et à une capacité à combler les hiatus qui les traversent par ce travail d’écriture qui ne s’arrête pas sur le papier mais qui structure leurs gestes d’improvisateur. Et comme chaque fois à l’écoute d’IXI, je suis doublement transporté par cette maîtrise du pouvoir séculaire de pénétration du son du quatuor, capable de venir à about des âmes les plus cadenassées, et cette façon de faire vivre cette matière sonore par l’élan de l’improvisation que lui impulse l’initiative libérée de l’interprète portée à l’échelle du collectif… le tout combinée ce soir à l’autre grand domaine de la musique classique, le piano, dont François Couturier use en connaissance de cause, c’est-à-dire, sans excès pianistique, suffisamment intégré aux jouages d’IXI pour invalider l’expression canonique de “quintette pour piano”, lorsqu’il s’agit d’un “quintette avec piano” ou si l’on préfère “quintette pour piano et cordes”.
Mais j’ai amplement dépassé mon heure de rendez-vous avec mon oreiller qui risque de prendre sa revanche demain alors que deux autres concerts se profilent : Laura Perrudin, Michel Benita et Michele Rabbia au Triton (Les Lilas) et le premier concert du quartette de Fabrice Moreau (Ricardo Izquierdo, Nelson Veras et Mauro Gargano) au Comptoir (Fontenay-sous-Bois). Entre les deux, mon cœur balance. Quant au Quatuor IXI, on ira le réentendre (sans François Couturier), lundi prochain 7 novembre à Nevers, au D’Jazz Nevers Festival. • Franck Bergerot