RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : BEN WENDEL SEASONS BAND
Sixième soirée de l’Amphi d’O, et encore une explosion de musique, et de musicalité, avec le groupe du saxophoniste Ben Wendel.
Comme chaque soir vers 20h, début des opérations à l’Amphithéâtre des Micocouliers, dans la partie Sud du domaine départemental. Aujourd’hui c’est ‘Corrientes’, un trio très singulier, entre tango, milonga, autres musiques latino-américaines, et jazz, incarné surtout par le saxophoniste Matthieu Chédeville, qui a rassemblé le groupe. À ses côtés Sylvie Pinchon (piano, mélodica, voix et arrangements) et Sylvia Rodriguez (voix, violoncelle et tambour des Andes). Belle synthèse entre jazz et musiques populaires autant que savantes.
BEN WENDEL SEASONS BAND
Ben Wendel (saxophone ténor, effets), Gilad Hekselman (guitare), Aaron Parks (piano), Matt Brewer (contrebasse), Kendrick Scott (batterie)
Amphithéâtre du Domaine d’O, 18 juillet 2019, 22h
Le groupe est celui du disque «The Seasons» (Motéma, 2018), avec un changement : Kendrick Scott à la batterie succède à Eric Harland. La musique de ce quintette prolonge un projet de Ben Wendel qui, en 2015, a mis en ligne chaque mois une vidéo et une composition évoquant un mois de l’année avec chaque fois un invité différent pour un duo. Puis vint une version de ces thèmes en quintette avec ce ‘Seasons Band’, qui est venu l’andernier en France avec une autre pianiste et un autre guitariste. Dès le premier thème, une sorte de cavalcade ‘coup de poing’, la cohésion du groupe impressionne. C’est d’une énergie et d’un précision diaboliques, et en même temps cela respire la liberté, la spontanéité. Sept thèmes, correspondant à autant de mois de l’année, seront joués durant le concert et le rappel. Chaque musicien paraît avoir un rôle dans l’entretien de l’effervescence, le plus impressionnant peut-être étant le batteur Kendrick Scott, à la tête d’un drum set pléthorique qui inclut une seconde caisse claire, à la verticale sur le sol à sa gauche, activée par une pédale qui se trouve juste à côté de la pédale des cymbales charleston. Sont jeu est constamment fourni, d’une densité et complexité incroyables, et pourtant tout sonne clair : du grand art. Les autres musiciens ne sont pas en reste : le piano d’Aaron Parks et la guitare de Gilad Hekselman évoluent entre des arpèges furieux et stimulants, inscrits dans la logique de l’accompagnement, et des improvisations qui font vibrer la musique, parfois loin de ses bases. Matt Brewer à la basse est impérial, tenant la dragée haute au prolifique batteur. Quant à Ben Wendel, il s’exprime dans des flots irrépressible tout en conservant constamment le souci d’échanger à chaque instant avec le groupe. Utilisant des effets connectés à un second micro face à lui, il joue finement des transitions de l’un à l’autre en orientant le pavillon de son instrument selon l’effet désiré. C’est fluide, cela paraît naturel, mais découle d’une très grande maîtrise qui n’altère en rien la spontanéité. C’est un jazz exemplaire par sa cohésion et sa créativité, sur des bases pourtant repérées. Dans April, dédié à Eric Harland, qui fut le batteur du groupe, Ben Wendel et Kendrick Scott se livrent à un dialogue d’une intensité incroyable, avant que piano et guitare ne fassent de même. Le tout se résout dans un crescendo incendiaire. En rappel, plus calme, c’est July, dédié au guitariste Julian Lage. Grand concert, qui restera dans nos mémoires. C’était en direct sur France Musique, et la réécoute est possible en suivant le lien ci-dessous.
Xavier Prévost
Lien de réécoute sur le site de France Musique