Radio France Occitanie Montpellier : Cécile McLorin Salvant, Anne-Marie Jean quartet
La soirée commence vers 18h30 sous les micocouliers avec le programme découverte, et le quartette de la chanteuse Anne-Marie Jean.
En fait plus qu’une découverte, car elle avait déjà sa place dans le jazz vocal, notamment au sein du groupe des ‘Voice Messengers’. À ses côtés Rémi Ploton aux claviers (pour une fois sur cette scène, un vrai piano!), Joan Eche-Puig à la contrebasse, et Cédric Bec à la batterie : des artistes très confirmés déjà venus dans des groupes accueillis sur la grande scène. Mais la découverte c’est que ce groupe est tout neuf. Répertoire très varié, entre titres originaux et reprise (Wayne Shorter : Endangered Spacies ), et une constante : qualité de voix, de musique, d’expression et d’improvisation. Beau groupe, vraiment.
CÉCILE McLORIN SALVANT
Cécile McLorin Salvant (voix), Sullivan Fortner (piano, voix), Yasushi Nakamura (contrebasse), Kyle Poole (batterie)
Montpellier, Amphithéâtre d’O, 12 juillet 2024, 20h30
Immense plaisir pour le chroniqueur de revoir ici la chanteuse qu’il avait programmée en 2011, avant sa notoriété, dans les concerts de jazz du festival dont il avait alors la charge. Grand souvenir de l’avoir présentée sur cette scène, et sur les ondes de France Musique. Elle est devenue une icône du jazz vocal sur les deux rives de l’Atlantique, mais elle se présente devant nous avec la simplicité des talents exceptionnels. Le trio caracole sur Devil May Care de Bob Dorough, elle s’y insère dans un vertige vocal de précision autant que d’expressivité : Cécile est l’actrice de chaque mot, de chaque phrase, son charisme est renversant…. Elle fait la pause pour nous parler : grippée, elle avait songé à annuler (la tournée va être longue dans toute l’Europe jusqu’en août) , mais elle tenait à être là pour nous. Elle boit par petites gorgées, écarte parfois le micro pour tousser, mais l’Art Vocal est là, en permanence. Elle enchaîne en français avec une chanson de Véronique Sanson, J’Veux plus d’amour , qu’elle s’approprie dans une dramaturgie confondante. Puis c’est Mista , de Dianne Reeves, ensuite Charles Trenet, suivi d’une chanson signée d’elle qui évoque la romancière Colette ; puis un poème d’une troubairitz (troubadouresse) occitane du 12ème siècle qu’elle nous chante en deux langues : l’occitan que parlait sa grand-mère, et le créole haïtien que parle son père, qui l’a aidée pour la traduction. Elle reviendra aussi à Bob Dorough, chantera un blues totalement habité…. Je ne puis tout vous dire. Vous pourrez écouter le concert sur France Musique le samedi 17 août à 20h. Le trio est totalement complice, le pianiste bouleversant de liberté (et de science musicale).
En ultime rappel Cécile est en duo avec Sullivan Fortner pour Ne me quitte pas : nous sommes terrassés d’émotion et d’admiration. Cécile McLorin Salvant est magique : Vive Cécile !!!
Xavier Prévost