Chris Potter à Radio France Occitanie Montpellier
16h30, il fait chaud : j’arrive au Domaine d’O, et en venant du parking je passe devant un lieu qui m’est familier : l’arrière de la scène de l’Amphithéâtre d’O, un lieu où j’ai présenté pour France Musique, dix années durant, les concerts de jazz du festival. Ce soir le lieu accueillera MC Solaar, et la présence des camions témoigne de la logistique de tournée
À 17h15, sur la scène des Micocouliers, qui accueille des groupes de la région, c’est le duo De Phase : Pablo Auguste à la guitare basse, clavier et machines ; Killian Rebreyen à la batterie numérique, plus claviers et séquences. C’est la conjugaison de ce que l’Ami Jacques Mahieux appelait ‘de la musique de musicien, entièrement faite à la main’ et de boucles, et autres échantillonnages, qui donnent l’illusion d’un effectif plus fourni
18h05 : en fond de scène on livre le piano de concert pour le groupe de 19h
CHRIS POTTER «Circuits»
Chris Potter (saxophone ténor, effets), James Francies (piano, synthétiseurs), Eric Harland (batterie)
Parvis du Château d’O, 23 juillet 2023, 19h15
Malgré l’arrivée tardive du piano, le concert commence presque à l’heure. Le trio entre en scène. Ce n’est plus la configuration de quartette comme pour le disque éponyme, publié en 2019, avec en renfort le bassiste mauricien Linley Marthe. C’est d’ailleurs le trio qui est annoncé pour la tournée d’automne, qui sera notamment en novembre à Paris au New Morning. Répertoire différent, pour une situation de concert : sax ténor uniquement, parfois avec effets (octaveur, etc.…), et un mélange de compositions originales et de standards (dont My Favorite Things). Précision implacable (on pense aux groupes de Michael Brecker), volubilité extrême du sax, jusqu’au vertige, au fil du concert. Après un thème où se mêlent les réminiscences, très explosées, de Charlie Parker et d’Igor Stravinski, voici Stella By Starlight : ce doux standard servira de rampe de lancement à une sorte d’envol hors du formatage virtuose. Une certaine urgence va s’installer, un souffle de liberté gagne les échanges en le leader et ses partenaires : libre jeu, libre cours, traversée d’autres thèmes par de furtives citations. C’est à ce moment là que l’amateur que je suis commence à se régaler. Après une fausse coda, un solo de synthé ‘à l’ancienne’, avec des sons et des phrasés très seventies, et très brillant d’ostentation, va un peu rompre le charme. J’aurai quand même passé à l‘écoute de ce trio un bon moment, même si le jazzophile rétrograde et nostalgique que je suis tend à préférer Chris Potter en sideman des grandes figures : Dave Holland, Paul Motian….