Jazz live
Publié le 11 Juil 2024 • Par Xavier Prévost

Radio France Occitanie Montpellier : Matia Levréro Quartet, Henri Texier Septet

Début de soirée près de l’Amphi d’O, à l’amphithéâtre des Micocouliers. À 18h30, quartette du guitariste montpelliérain Matia Levréro, avec une autre pointure d’ici : la contrebassiste Gabrielle Randrian Koelhoeffer. À leurs côtés, deux musiciens cubains à la carte de visite élogieuse : le saxophoniste Rafael Aguila, et le batteur Ruy Adrián López Nussa.

C’est un tout nouveau groupe, et une musique où se mêlent diverses sources, avec un goût du lyrisme, de l’élaboration et de l’interaction. Je suis séduit par la musique, mais je ne peux assister à tout le concert : cette année, si on veut être intégraliste, autrement dit assister à tous les concerts de jazz du festival (majoritairement un festival de musique classique, et autres musiques), on doit courir de la périphérie lointaine (le Château d’O) à 18h30, au centre historique (le Théâtre de l’Agora) à 20h30. Vers 19h20 je file à l’Anglaise pour avoir une chance d’être à l’heure au concert de 20h30 dans l’Écusson (le centre ancien, contenu dans l’ancien rempart qui protégeait la ville)

HENRI TEXIER SEPTET “An Indian’s Life”

Himiko Paganotti (chant), Carlo Nardozza (trompette, bugle), Sébastien Texier (saxophone alto, clarinette, clarinette alto), Sylvain Rifflet (saxophone ténor, clarinette), Manu Codjia (guitare), Henri Texier (contrebasse, composition), Gautier Garrigue (batterie)

Montpellier, Théâtre de l’Agora, 10 juillet 2024, 20h30

Émouvant retour pour moi dans ce lieu que j’ai connu sous le nom de ‘Cour des Ursulines’, et où j’ai présenté sur scène, et sur les ondes de France Musique, plus d’une centaine de concerts, entre la fin des années 80 et 2005.

Un concert en forme de manifeste, qui reprend une bonne partie du récent disque “An Indian’s Life”, avec aussi retour sur des compositions antérieures du contrebassiste. Et un concert qui fait aussi la part belle au texte parlé, servi par le talent et le sens de la dramaturgie d’Himiko Paganotti. Des textes empruntés à Prévert, et aussi à Sitting Bull, dans son adresse au gouvernement états-unien qui rompait unilatéralement les engagements qu’il avait pris à l’égard du peuple Lakota.

Mais c’est bien sûr de musique qu’il s’agit. Elle commence par un battement de tambours proche de la pulsation améridienne. La chanteuse y déploie une mélodie incantatoire qui résonne dans tout le groupe et conduira à développer des improvisations solistes, et un épatant dialogue de saxophones entre Sylvain Rifflet et Sébastien Texier. L’amateur chenu que je suis se laisse bercer par le souvenir de Warne Marsh et Lee Konitz….

Puis c’est une sorte de blues, hétérodoxe, comme aimaient à les métamorphoser Mingus et Carla Bley (qui seront d’ailleurs en filigrane au fil du concert). Texte de Prévert (La grasse matinée : le bruit de l’œuf dur et café crime….) magnifiquement incarné par Himiko Paganotti.

Au fil du concert, beaucoup de dialogues entre les improvisateurs, des solos vertigineux, de grands moments d’expression…. Je détaillerai d’autant moins que vous pourrez écouter (ou réécouter) le concert sur France Musique (info ci-dessous). Sachez simplement qu’en plus des titres issus du récents disque, nous eûmes le bonheur de retrouver une ancienne composition de Texier ( Amir ), et aussi Dakota Mab , du disque ‘Sky Dancers’. Et en fin de concert Hippie Hopi nous offrit un authentique instant de très grande liberté : Feu le free ? Pas sûr…. Grand moment de musique et de partage, avec un petit côté point droit levé, cœur sur la main (gauche). Public à l’unisson de cet engagement, chroniqueur itou.

Xavier Prévost

Ce concert sera diffusé sur France Musique le samedi 13 juillet à 21h30