Jazz live
Publié le 15 Juil 2021

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : UMLAUT BIG BAND

Première soirée de jazz au festival, et concert de Fête Nationale. Ce devait être, pour danser, le Bal du 14 juillet dans les Jardins du Peyrou. Ce sera, sagement assis en demi-jauge, dans l’Amphithéâtre du Domaine d’O.

On s’affaire sur le plateau, pour régler les derniers détails sur le choix et l’emplacement des micros, et peaufiner le son de chaque instrument, et des sections, pour la sonorisation de l’amphithéâtre comme pour l’enregistrement.

©David Abécassis

 

Ce soir on ne sera pas en direct, mais l’Ami Alex Dutilh vient sur scène pour annoncer la soirée d’aujourd’hui et les directs des jours à venir. Au passage il évoque Pascal Rozat, programmateur de ces concerts, retenu auprès de sa famille pour l’accueil d’un second enfant.

©David Abécassis

 

Et il salue la présence dans le public du chroniqueur masqué, producteur délégué de ces concerts de 1986 à 2014. Puis l’on en vient au vif du sujet : le concert de ce soir.

UMLAUT BIG BAND

Pierre-Antoine Badaroux (saxophone alto, direction artistique), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto, clarinette), Pierre Borrel (saxophone ténor, clarinette), Geoffroy Gesser (saxophone ténor, clarinette métal), Benjamin Dousteyssier (saxophones baryton & alto), Brice Pichard, Emil Strandberg, Gabriel Levasseur (trompettes), Ronbinson Khoury, Alexis Persigan (trombones), Romain Vuillemin (guitare),Yannick Lestra (piano), Sébastien Beliah (contrebasse), Antonin Gerbal (batterie)

Montpellier, Amphithéâtre du Domaine d’O, 14 juillet 2021, 21h

©David Abécassis

 

Le concert commence par une composition de Mary Lou Williams. L’orchestre vient de lui consacrer un double CD, qui paraîtra le 17 septembre («Mary’s Ideas», Umlaut Records), avec une foule d’inédits que Pierre-Antoine Badaroux est allé pêcher dans les archives états-uniennes. Celui-ci n’est pas inédit. C’est A Mellow Bit of Rhythm, créé par l’orchestre d’Andy Kirk. On est immergé dans le style des années 30. Les solistes ont le talent d’être dans l’esprit de ce temps-là sans sombrer dans le pastiche, car ce sont de vrais solistes-improvisateurs. Puis c’est un arrangement de Don Redman, que l’Umlaut Big Band avait enregistré dans un album consacré à ce musicien, suivi du standard Blue Skies dans un arrangement de Mary Lou, avant un thème d’Ellington. Le répertoire a été choisi pour la danse, puisqu’à l’origine ce concert devait être aussi un bal. Comme l’a dit Alex dans sa présentation, il n’est pas interdit, selon le précepte d’Ornette Coleman, de danser dans sa tête…. Majoritairement du tempo vif, et ça et là quelques thèmes plus langoureux. Le choix du répertoire ne s’est manifestement pas fait en direction des ‘tubes’ que tout le monde connaît, mais plutôt vers des arrangements vraiment intéressants. Il y a de la bonne musique à jouer en section, ce qui est une motivation pour rassembler des très bons musiciens qui sont aussi des solistes. Dans Lonely Moments de Mary Lou, dans la version jouée par le Duke en 1944, ça barde du côté des improvisateurs : Robinson Khoury, Benjamin Dousteyssier, Emil Stranberg. Je ne peux pas tous les citer au fil des titres qui seront joués. Pierre-Antoine Badaroux, d’un naturel réservé, dirige depuis son pupitre d’alto, et le soin de présenter les morceaux et les musiciens incombe au volubile Romain Vuillemin, guitariste qui endosse le rôle de Monsieur Loyal

©David Abécassis

 

C’est un réel bonheur d’entendre ces jeunes musiciens familiers du jazz (très) contemporain, comme Antonin-Tri Hoang ou Geoffroy Gesser, se glisser dans ce répertoire avec une éloquente aisance. Suivront des thèmes de Bennie Moten et Fletcher Henderson, et retour à Don Redman, avec notamment Chant of the Weed, qui commence par un bel agrégat de notes dissonantes que les anglophones appelaient cluster bien avant que la pandémie ne prête à cet anglicisme une funeste renommée. Le public est conquis par la musique, la qualité de l’orchestre et la verve des solistes. Après quelques thèmes moins connus, dont un du clarinettiste anglais Sid Phillips, ce sera l’ovation du public, et deux rappels : le tonitruant Tiger Rag, version Ellington 1929 et, pour conclure en douceur, Mood Indigo. Belle soirée vraiment, et quel orchestre !

Xavier Prévost

 

Ce concert sera diffusé sur France Musique le 26 août à 23h