Richie Cole : mort d’un gardien de la flamme
Echappant visiblement aux statistiques du Covid-19, Richie Cole est mort le 1er mai dans son sommeil, à domicile dans la banlieue de Pittsburgh. S’il n’était pas un acteur de premier plan de l’Histoire du jazz, de nombreux fans de celui que Downbeat qualifia de “sax machine” pleureront la disparition de ce chaleureux altiste.
Richie Cole est né le 29 février 1948 à Trenton, dans le New Jersey où son père possédait un club de jazz. Un contexte qui l’amena à se mettre à l’alto à dix ans. Il découvrira son modèle, Phil Woods, dans une classe de jazz qu’animait ce dernier à New Hope entre 1961 et 1967, et où il partagea le pupitre de sax avec un certain Michael Brecker. Un concours du journal Downbeat lui offrit une scolarité à la Berklee School of Music de Berklee où il laisse une première trace enregistrée en 1967 au sein du big band de l’école, aux côtés notamment d’étudiants portant les noms de Stanton Davis, Jack Walrath, Sam Burtis, Pat LaBarbera, Alan Broadbent, Rick Laird, George Mraz, Miroslav Vitous.
En 1969, il fait son entrée dans le big band de Buddy Rich où l’on peut l’entendre choruser dès le mois de juin au Whiskey A Go-Go d’Hollywood sur Soul Kitchen des Doors arrangé par Shorty Rogers (“Buddy & Soul”, Pacific). Où l’on voit, contexte et génération oblige (il est de trois ans le cadet de David Sanbon), l’héritage de Charlie Parker et Phil Woods contaminé par le rhythm and blues et ses ardents saxophones.
Il en restera quelque chose à ce gardien de la flamme bop qui enregistre son propre quartette en 1975 et se fait alors remarquer chez Muse Records sur les disques marquant le retour d’Eddie Jefferson, ainsi qu’en “Battle of the Saxes” l’opposant à Eric Kloss, puis avec le trompettiste Red Rodney et le chanteur Mark Murphy. Adepte du béret basque qu’il arborait depuis son album “Cool C”, cet altiste généreux, bouillonnant d’énergie et d’humour, mais aussi de sensibilité et de lyrisme poursuivra sa route à la tête de ses propres formations, notamment son Alto Madness Orchestra, ou auprès de Manhattan Transfer, Freddie Hubbard, Anita O’Day… et plus récemment, l’Uptown Vocal Jazz Quartet. François Marinot