Jazz live
Publié le 9 Oct 2015

Saint Rémy de Provence : Philippe et Lisa triomphent…

De 1977 à 1983 (un septennat!), sous la houlette éclairée de Léopold Gest (sculpteur, designer et grand ami de Daniel Humair), Saint Rémy de Provence offrit une programmation jazz haut de gamme. Après une longue période de vaches maigres (concerts rares et sporadiques), depuis 2008 l’association Jazz à Saint Rémy, propose chaque année, avec une régularité métronomique, trois soirées à la programmation éclectique quelques jours avant la rentrée… 

Saint Rémy en Provence, « capitale » des Alpilles, à deux pas des Baux de Provence, a vu naître Nostradamus, a inspiré Van Gogh à la fin de sa vie et Gounod y a composé son opéra culte « Mireille ». Ses sites archéologiques sont superbes. La ville est belle. Et Météo France annonce : 300 jours d’ensoleillement par an, en moyenne! Qui dit mieux? L’Office de Tourisme affirme: « Saint Rémy attire célébrités et anonymes « . C’est vrai. Mais, histoire de ronchonner un peu, on pourrait ajouter : la commune est en pleine gentrification. Boutiques de luxe, galeries d’art, restaus « branchés » abondent. Les bobos haut de gamme s’y retrouvent « entre soi ». Le prix des mas (acquérir un mas provençal, avec vue sur les Alpilles, est un must chez certains people) est devenu stratosphérique. Quoiqu’il en soit, au delà de ces persiflages, il faut reconnaître que la ville est restée agréable et qu’il y fait toujours bon flâner dans les ruelles.

Bernard Chambre, enseignant à la retraite, président de l’association organisatrice, dispose d’un budget limité et souhaite programmer des artistes « grand public », reconnus ou en devenir, et de styles variés. Pour l’édition 2015 il a atteint ses objectifs. Bien aidé à la fois par la municipalité qui met à sa disposition une belle et confortable salle de 400 places (l’Alpilium) et par une équipe d’une trentaine de bénévoles locaux dynamiques à laquelle se joignent 5/6 pédagos retraités (de vieux amis du Président!)…

Charlier/Sourisse Quartet (18/09) : Claude Egéa (tp/bugle), Pierre Perchaud (g), Benoît Sourisse (orgue Hammond) et André Charlier (dr). 

B. Sourisse, pédagogue de haut niveau (Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et co-responsable pédagogique du Centre des Musiques de Didier Lockwood) est un organiste tous terrains (blues, rythm and blues, jazz…). Il se produit beaucoup en duo avec A.Charlier (qui enseigne aussi au Centre D.Lockwood). Tandem rythmique de deux complices qui aiment à donner du plaisir au public. Climats variés, humour, virtuosité, feeling. Tremplin idéal pour P.Perchaud, imaginatif et drôle et Claude Egéa au son superbe et aux improvisations subtiles. Pas de frime chez Egéa: musique d’abord. Egéa a un curriculum vitae impressionnant: orchestre symphonique du Capitole de Toulouse, premier trompette dans de nombreux big-bands (ONJ, Caratini, Michel Legrand, Martial Solal…), Captain Mercier (avec Sourisse…), séances de variétés de qualité… Mais sa joie de choruser de manière inventive dans un contexte jazzy be-bop est restée intacte. Et visible.

Philip Catherine Quartet (18/09): Philip Catherine (g), Nicola Andrioli (p), Philippe Aerts (b), H. Van Oosterhout (dr).

Philippe Catherine a 73 ans. Pourtant sur scène et dans la vie on dirait un ado. Discret, presque lunaire. Peu soucieux de son look. Il semble « planer » gentiment. Mais, comme toujours, il faut se méfier des apparences… car il est attentif, charmant, drôle et surtout… c’est un grand, un très grand de la guitare jazz. A la carrière incroyable. Moult albums, concerts et musiques de films sous son nom ou aux côtés de stars du jazz (Toots Thielemans, Mingus, Grappelli, Ponty, Bireli Lagrene, Lockwood et tant d’autres…). Ici, il a joué comme s’il était dans son séjour près d’un feu de cheminée, tranquille, serein… Climats intimistes. Il a pris son temps sur beaucoup de thèmes en tempos médiums, qui ont surpris, au début, une fraction du public. Aucun racolage. Si l’on aime les oxymores on pourrait parler de « profonde légèreté« ! P. Catherine est techniquement un virtuose mais sa période « Grand prix de F1 » et « Le premier arrivé au tas de sable attend les autres  » de la grande époque du jazzrock des 70′ est loin derrière lui… Aucun effet de manche (au sens propre)! Lyrique, mélodieux. Romantique. Sa guitare chante délicatement avec une grande richesse harmonique. Il veille constamment sur son trio avec des regards complices. P. Aerts son vieux compagnon, solide colonne vertébrale à la basse, N. Andrioli, le jeune et brillant pianiste italien, venu du classique, se révèle un accompagnateur et un soliste subtil et original, et H. Van Oosterburg qui joue depuis peu dans ce quartet, colore « en douceur », le son du quartet. Public conquis. Rappels et longue séance de dédicaces de CD.

Lisa Simone Quartet (19/09) : Lisa Simone (vocal), Hervé Samb (g), Reggie Washington (b, gb), Sonny Troupé (perc).

Partout où elle a été programmée cet été Lisa Simone a fait un tabac. Cela me parait plus que mérité. Sur scène elle rayonne. Chaleureuse. Drôle. Pêchue. Répertoire varié. Sa carrière qui a démarrée tardivement et assez lentement va, je pense, vraiment décoller. Elle a tout pour elle désormais. Son trio est excellent, soudé, puissant. H. Samb avec une « simple » guitare acoustique passe sans effort apparent, pour le dire vite, d’un accompagnement « blues » de base à des chorus puissants à la Hendrix… Etonnant! Sonny Troupé est devenu « le » percussionniste incontournable de la scène dite « jazz caribéen », à la richesse rythmique époustouflante. Lui aussi est en pleine ascension et son jeu s’accorde parfaitement au répertoire éclectique de Lisa Simone. Triomphe majuscule (x rappels… je ne les ai pas dénombrés…). Et aussi, longue séance de dédicaces. La salle était archi pleine, et 200 personnes n’avaient pas pu obtenir de billets.

Bernard Chambre, ravi, se félicitait d’un tel final pour « son » festival. D’autant plus qu’il avait « signé » Lisa Simone presque un an avant pour un tarif raisonnable (en tout cas compatible avec son budget). « L’année prochaine je n’aurais pas pu la programmer… Ses cachets sont en ascension exponentielle! »…

Pierre-Henri Ardonceau

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De 1977 à 1983 (un septennat!), sous la houlette éclairée de Léopold Gest (sculpteur, designer et grand ami de Daniel Humair), Saint Rémy de Provence offrit une programmation jazz haut de gamme. Après une longue période de vaches maigres (concerts rares et sporadiques), depuis 2008 l’association Jazz à Saint Rémy, propose chaque année, avec une régularité métronomique, trois soirées à la programmation éclectique quelques jours avant la rentrée… 

Saint Rémy en Provence, « capitale » des Alpilles, à deux pas des Baux de Provence, a vu naître Nostradamus, a inspiré Van Gogh à la fin de sa vie et Gounod y a composé son opéra culte « Mireille ». Ses sites archéologiques sont superbes. La ville est belle. Et Météo France annonce : 300 jours d’ensoleillement par an, en moyenne! Qui dit mieux? L’Office de Tourisme affirme: « Saint Rémy attire célébrités et anonymes « . C’est vrai. Mais, histoire de ronchonner un peu, on pourrait ajouter : la commune est en pleine gentrification. Boutiques de luxe, galeries d’art, restaus « branchés » abondent. Les bobos haut de gamme s’y retrouvent « entre soi ». Le prix des mas (acquérir un mas provençal, avec vue sur les Alpilles, est un must chez certains people) est devenu stratosphérique. Quoiqu’il en soit, au delà de ces persiflages, il faut reconnaître que la ville est restée agréable et qu’il y fait toujours bon flâner dans les ruelles.

Bernard Chambre, enseignant à la retraite, président de l’association organisatrice, dispose d’un budget limité et souhaite programmer des artistes « grand public », reconnus ou en devenir, et de styles variés. Pour l’édition 2015 il a atteint ses objectifs. Bien aidé à la fois par la municipalité qui met à sa disposition une belle et confortable salle de 400 places (l’Alpilium) et par une équipe d’une trentaine de bénévoles locaux dynamiques à laquelle se joignent 5/6 pédagos retraités (de vieux amis du Président!)…

Charlier/Sourisse Quartet (18/09) : Claude Egéa (tp/bugle), Pierre Perchaud (g), Benoît Sourisse (orgue Hammond) et André Charlier (dr). 

B. Sourisse, pédagogue de haut niveau (Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et co-responsable pédagogique du Centre des Musiques de Didier Lockwood) est un organiste tous terrains (blues, rythm and blues, jazz…). Il se produit beaucoup en duo avec A.Charlier (qui enseigne aussi au Centre D.Lockwood). Tandem rythmique de deux complices qui aiment à donner du plaisir au public. Climats variés, humour, virtuosité, feeling. Tremplin idéal pour P.Perchaud, imaginatif et drôle et Claude Egéa au son superbe et aux improvisations subtiles. Pas de frime chez Egéa: musique d’abord. Egéa a un curriculum vitae impressionnant: orchestre symphonique du Capitole de Toulouse, premier trompette dans de nombreux big-bands (ONJ, Caratini, Michel Legrand, Martial Solal…), Captain Mercier (avec Sourisse…), séances de variétés de qualité… Mais sa joie de choruser de manière inventive dans un contexte jazzy be-bop est restée intacte. Et visible.

Philip Catherine Quartet (18/09): Philip Catherine (g), Nicola Andrioli (p), Philippe Aerts (b), H. Van Oosterhout (dr).

Philippe Catherine a 73 ans. Pourtant sur scène et dans la vie on dirait un ado. Discret, presque lunaire. Peu soucieux de son look. Il semble « planer » gentiment. Mais, comme toujours, il faut se méfier des apparences… car il est attentif, charmant, drôle et surtout… c’est un grand, un très grand de la guitare jazz. A la carrière incroyable. Moult albums, concerts et musiques de films sous son nom ou aux côtés de stars du jazz (Toots Thielemans, Mingus, Grappelli, Ponty, Bireli Lagrene, Lockwood et tant d’autres…). Ici, il a joué comme s’il était dans son séjour près d’un feu de cheminée, tranquille, serein… Climats intimistes. Il a pris son temps sur beaucoup de thèmes en tempos médiums, qui ont surpris, au début, une fraction du public. Aucun racolage. Si l’on aime les oxymores on pourrait parler de « profonde légèreté« ! P. Catherine est techniquement un virtuose mais sa période « Grand prix de F1 » et « Le premier arrivé au tas de sable attend les autres  » de la grande époque du jazzrock des 70′ est loin derrière lui… Aucun effet de manche (au sens propre)! Lyrique, mélodieux. Romantique. Sa guitare chante délicatement avec une grande richesse harmonique. Il veille constamment sur son trio avec des regards complices. P. Aerts son vieux compagnon, solide colonne vertébrale à la basse, N. Andrioli, le jeune et brillant pianiste italien, venu du classique, se révèle un accompagnateur et un soliste subtil et original, et H. Van Oosterburg qui joue depuis peu dans ce quartet, colore « en douceur », le son du quartet. Public conquis. Rappels et longue séance de dédicaces de CD.

Lisa Simone Quartet (19/09) : Lisa Simone (vocal), Hervé Samb (g), Reggie Washington (b, gb), Sonny Troupé (perc).

Partout où elle a été programmée cet été Lisa Simone a fait un tabac. Cela me parait plus que mérité. Sur scène elle rayonne. Chaleureuse. Drôle. Pêchue. Répertoire varié. Sa carrière qui a démarrée tardivement et assez lentement va, je pense, vraiment décoller. Elle a tout pour elle désormais. Son trio est excellent, soudé, puissant. H. Samb avec une « simple » guitare acoustique passe sans effort apparent, pour le dire vite, d’un accompagnement « blues » de base à des chorus puissants à la Hendrix… Etonnant! Sonny Troupé est devenu « le » percussionniste incontournable de la scène dite « jazz caribéen », à la richesse rythmique époustouflante. Lui aussi est en pleine ascension et son jeu s’accorde parfaitement au répertoire éclectique de Lisa Simone. Triomphe majuscule (x rappels… je ne les ai pas dénombrés…). Et aussi, longue séance de dédicaces. La salle était archi pleine, et 200 personnes n’avaient pas pu obtenir de billets.

Bernard Chambre, ravi, se félicitait d’un tel final pour « son » festival. D’autant plus qu’il avait « signé » Lisa Simone presque un an avant pour un tarif raisonnable (en tout cas compatible avec son budget). « L’année prochaine je n’aurais pas pu la programmer… Ses cachets sont en ascension exponentielle! »…

Pierre-Henri Ardonceau

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De 1977 à 1983 (un septennat!), sous la houlette éclairée de Léopold Gest (sculpteur, designer et grand ami de Daniel Humair), Saint Rémy de Provence offrit une programmation jazz haut de gamme. Après une longue période de vaches maigres (concerts rares et sporadiques), depuis 2008 l’association Jazz à Saint Rémy, propose chaque année, avec une régularité métronomique, trois soirées à la programmation éclectique quelques jours avant la rentrée… 

Saint Rémy en Provence, « capitale » des Alpilles, à deux pas des Baux de Provence, a vu naître Nostradamus, a inspiré Van Gogh à la fin de sa vie et Gounod y a composé son opéra culte « Mireille ». Ses sites archéologiques sont superbes. La ville est belle. Et Météo France annonce : 300 jours d’ensoleillement par an, en moyenne! Qui dit mieux? L’Office de Tourisme affirme: « Saint Rémy attire célébrités et anonymes « . C’est vrai. Mais, histoire de ronchonner un peu, on pourrait ajouter : la commune est en pleine gentrification. Boutiques de luxe, galeries d’art, restaus « branchés » abondent. Les bobos haut de gamme s’y retrouvent « entre soi ». Le prix des mas (acquérir un mas provençal, avec vue sur les Alpilles, est un must chez certains people) est devenu stratosphérique. Quoiqu’il en soit, au delà de ces persiflages, il faut reconnaître que la ville est restée agréable et qu’il y fait toujours bon flâner dans les ruelles.

Bernard Chambre, enseignant à la retraite, président de l’association organisatrice, dispose d’un budget limité et souhaite programmer des artistes « grand public », reconnus ou en devenir, et de styles variés. Pour l’édition 2015 il a atteint ses objectifs. Bien aidé à la fois par la municipalité qui met à sa disposition une belle et confortable salle de 400 places (l’Alpilium) et par une équipe d’une trentaine de bénévoles locaux dynamiques à laquelle se joignent 5/6 pédagos retraités (de vieux amis du Président!)…

Charlier/Sourisse Quartet (18/09) : Claude Egéa (tp/bugle), Pierre Perchaud (g), Benoît Sourisse (orgue Hammond) et André Charlier (dr). 

B. Sourisse, pédagogue de haut niveau (Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et co-responsable pédagogique du Centre des Musiques de Didier Lockwood) est un organiste tous terrains (blues, rythm and blues, jazz…). Il se produit beaucoup en duo avec A.Charlier (qui enseigne aussi au Centre D.Lockwood). Tandem rythmique de deux complices qui aiment à donner du plaisir au public. Climats variés, humour, virtuosité, feeling. Tremplin idéal pour P.Perchaud, imaginatif et drôle et Claude Egéa au son superbe et aux improvisations subtiles. Pas de frime chez Egéa: musique d’abord. Egéa a un curriculum vitae impressionnant: orchestre symphonique du Capitole de Toulouse, premier trompette dans de nombreux big-bands (ONJ, Caratini, Michel Legrand, Martial Solal…), Captain Mercier (avec Sourisse…), séances de variétés de qualité… Mais sa joie de choruser de manière inventive dans un contexte jazzy be-bop est restée intacte. Et visible.

Philip Catherine Quartet (18/09): Philip Catherine (g), Nicola Andrioli (p), Philippe Aerts (b), H. Van Oosterhout (dr).

Philippe Catherine a 73 ans. Pourtant sur scène et dans la vie on dirait un ado. Discret, presque lunaire. Peu soucieux de son look. Il semble « planer » gentiment. Mais, comme toujours, il faut se méfier des apparences… car il est attentif, charmant, drôle et surtout… c’est un grand, un très grand de la guitare jazz. A la carrière incroyable. Moult albums, concerts et musiques de films sous son nom ou aux côtés de stars du jazz (Toots Thielemans, Mingus, Grappelli, Ponty, Bireli Lagrene, Lockwood et tant d’autres…). Ici, il a joué comme s’il était dans son séjour près d’un feu de cheminée, tranquille, serein… Climats intimistes. Il a pris son temps sur beaucoup de thèmes en tempos médiums, qui ont surpris, au début, une fraction du public. Aucun racolage. Si l’on aime les oxymores on pourrait parler de « profonde légèreté« ! P. Catherine est techniquement un virtuose mais sa période « Grand prix de F1 » et « Le premier arrivé au tas de sable attend les autres  » de la grande époque du jazzrock des 70′ est loin derrière lui… Aucun effet de manche (au sens propre)! Lyrique, mélodieux. Romantique. Sa guitare chante délicatement avec une grande richesse harmonique. Il veille constamment sur son trio avec des regards complices. P. Aerts son vieux compagnon, solide colonne vertébrale à la basse, N. Andrioli, le jeune et brillant pianiste italien, venu du classique, se révèle un accompagnateur et un soliste subtil et original, et H. Van Oosterburg qui joue depuis peu dans ce quartet, colore « en douceur », le son du quartet. Public conquis. Rappels et longue séance de dédicaces de CD.

Lisa Simone Quartet (19/09) : Lisa Simone (vocal), Hervé Samb (g), Reggie Washington (b, gb), Sonny Troupé (perc).

Partout où elle a été programmée cet été Lisa Simone a fait un tabac. Cela me parait plus que mérité. Sur scène elle rayonne. Chaleureuse. Drôle. Pêchue. Répertoire varié. Sa carrière qui a démarrée tardivement et assez lentement va, je pense, vraiment décoller. Elle a tout pour elle désormais. Son trio est excellent, soudé, puissant. H. Samb avec une « simple » guitare acoustique passe sans effort apparent, pour le dire vite, d’un accompagnement « blues » de base à des chorus puissants à la Hendrix… Etonnant! Sonny Troupé est devenu « le » percussionniste incontournable de la scène dite « jazz caribéen », à la richesse rythmique époustouflante. Lui aussi est en pleine ascension et son jeu s’accorde parfaitement au répertoire éclectique de Lisa Simone. Triomphe majuscule (x rappels… je ne les ai pas dénombrés…). Et aussi, longue séance de dédicaces. La salle était archi pleine, et 200 personnes n’avaient pas pu obtenir de billets.

Bernard Chambre, ravi, se félicitait d’un tel final pour « son » festival. D’autant plus qu’il avait « signé » Lisa Simone presque un an avant pour un tarif raisonnable (en tout cas compatible avec son budget). « L’année prochaine je n’aurais pas pu la programmer… Ses cachets sont en ascension exponentielle! »…

Pierre-Henri Ardonceau

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De 1977 à 1983 (un septennat!), sous la houlette éclairée de Léopold Gest (sculpteur, designer et grand ami de Daniel Humair), Saint Rémy de Provence offrit une programmation jazz haut de gamme. Après une longue période de vaches maigres (concerts rares et sporadiques), depuis 2008 l’association Jazz à Saint Rémy, propose chaque année, avec une régularité métronomique, trois soirées à la programmation éclectique quelques jours avant la rentrée… 

Saint Rémy en Provence, « capitale » des Alpilles, à deux pas des Baux de Provence, a vu naître Nostradamus, a inspiré Van Gogh à la fin de sa vie et Gounod y a composé son opéra culte « Mireille ». Ses sites archéologiques sont superbes. La ville est belle. Et Météo France annonce : 300 jours d’ensoleillement par an, en moyenne! Qui dit mieux? L’Office de Tourisme affirme: « Saint Rémy attire célébrités et anonymes « . C’est vrai. Mais, histoire de ronchonner un peu, on pourrait ajouter : la commune est en pleine gentrification. Boutiques de luxe, galeries d’art, restaus « branchés » abondent. Les bobos haut de gamme s’y retrouvent « entre soi ». Le prix des mas (acquérir un mas provençal, avec vue sur les Alpilles, est un must chez certains people) est devenu stratosphérique. Quoiqu’il en soit, au delà de ces persiflages, il faut reconnaître que la ville est restée agréable et qu’il y fait toujours bon flâner dans les ruelles.

Bernard Chambre, enseignant à la retraite, président de l’association organisatrice, dispose d’un budget limité et souhaite programmer des artistes « grand public », reconnus ou en devenir, et de styles variés. Pour l’édition 2015 il a atteint ses objectifs. Bien aidé à la fois par la municipalité qui met à sa disposition une belle et confortable salle de 400 places (l’Alpilium) et par une équipe d’une trentaine de bénévoles locaux dynamiques à laquelle se joignent 5/6 pédagos retraités (de vieux amis du Président!)…

Charlier/Sourisse Quartet (18/09) : Claude Egéa (tp/bugle), Pierre Perchaud (g), Benoît Sourisse (orgue Hammond) et André Charlier (dr). 

B. Sourisse, pédagogue de haut niveau (Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et co-responsable pédagogique du Centre des Musiques de Didier Lockwood) est un organiste tous terrains (blues, rythm and blues, jazz…). Il se produit beaucoup en duo avec A.Charlier (qui enseigne aussi au Centre D.Lockwood). Tandem rythmique de deux complices qui aiment à donner du plaisir au public. Climats variés, humour, virtuosité, feeling. Tremplin idéal pour P.Perchaud, imaginatif et drôle et Claude Egéa au son superbe et aux improvisations subtiles. Pas de frime chez Egéa: musique d’abord. Egéa a un curriculum vitae impressionnant: orchestre symphonique du Capitole de Toulouse, premier trompette dans de nombreux big-bands (ONJ, Caratini, Michel Legrand, Martial Solal…), Captain Mercier (avec Sourisse…), séances de variétés de qualité… Mais sa joie de choruser de manière inventive dans un contexte jazzy be-bop est restée intacte. Et visible.

Philip Catherine Quartet (18/09): Philip Catherine (g), Nicola Andrioli (p), Philippe Aerts (b), H. Van Oosterhout (dr).

Philippe Catherine a 73 ans. Pourtant sur scène et dans la vie on dirait un ado. Discret, presque lunaire. Peu soucieux de son look. Il semble « planer » gentiment. Mais, comme toujours, il faut se méfier des apparences… car il est attentif, charmant, drôle et surtout… c’est un grand, un très grand de la guitare jazz. A la carrière incroyable. Moult albums, concerts et musiques de films sous son nom ou aux côtés de stars du jazz (Toots Thielemans, Mingus, Grappelli, Ponty, Bireli Lagrene, Lockwood et tant d’autres…). Ici, il a joué comme s’il était dans son séjour près d’un feu de cheminée, tranquille, serein… Climats intimistes. Il a pris son temps sur beaucoup de thèmes en tempos médiums, qui ont surpris, au début, une fraction du public. Aucun racolage. Si l’on aime les oxymores on pourrait parler de « profonde légèreté« ! P. Catherine est techniquement un virtuose mais sa période « Grand prix de F1 » et « Le premier arrivé au tas de sable attend les autres  » de la grande époque du jazzrock des 70′ est loin derrière lui… Aucun effet de manche (au sens propre)! Lyrique, mélodieux. Romantique. Sa guitare chante délicatement avec une grande richesse harmonique. Il veille constamment sur son trio avec des regards complices. P. Aerts son vieux compagnon, solide colonne vertébrale à la basse, N. Andrioli, le jeune et brillant pianiste italien, venu du classique, se révèle un accompagnateur et un soliste subtil et original, et H. Van Oosterburg qui joue depuis peu dans ce quartet, colore « en douceur », le son du quartet. Public conquis. Rappels et longue séance de dédicaces de CD.

Lisa Simone Quartet (19/09) : Lisa Simone (vocal), Hervé Samb (g), Reggie Washington (b, gb), Sonny Troupé (perc).

Partout où elle a été programmée cet été Lisa Simone a fait un tabac. Cela me parait plus que mérité. Sur scène elle rayonne. Chaleureuse. Drôle. Pêchue. Répertoire varié. Sa carrière qui a démarrée tardivement et assez lentement va, je pense, vraiment décoller. Elle a tout pour elle désormais. Son trio est excellent, soudé, puissant. H. Samb avec une « simple » guitare acoustique passe sans effort apparent, pour le dire vite, d’un accompagnement « blues » de base à des chorus puissants à la Hendrix… Etonnant! Sonny Troupé est devenu « le » percussionniste incontournable de la scène dite « jazz caribéen », à la richesse rythmique époustouflante. Lui aussi est en pleine ascension et son jeu s’accorde parfaitement au répertoire éclectique de Lisa Simone. Triomphe majuscule (x rappels… je ne les ai pas dénombrés…). Et aussi, longue séance de dédicaces. La salle était archi pleine, et 200 personnes n’avaient pas pu obtenir de billets.

Bernard Chambre, ravi, se félicitait d’un tel final pour « son » festival. D’autant plus qu’il avait « signé » Lisa Simone presque un an avant pour un tarif raisonnable (en tout cas compatible avec son budget). « L’année prochaine je n’aurais pas pu la programmer… Ses cachets sont en ascension exponentielle! »…

Pierre-Henri Ardonceau