Samy Thiebault : l’eau, céans.
C’est un grand jour pour Samy Thiébault : son nouveau répertoire, baptisé “In Waves”, est aussi l’occasion pour lui d’expérimenter pour la première fois pleinement le format du quartette, et non des moindres – Leonardo Montana au piano, Felipe Cabrera à la basse, Arnaud Dolmen à la batterie – tout en intégrant à son univers acoustique un élément inédit avec des séquenceurs.
Dès le départ pourtant, rien ne laisserait deviner le caractère de “work in progress” de ce concert. C’est une déferlante de groove entre tension et apesanteur, comme le corps du surfeur sur la crête de la vague, des improvisations habitées, flamboyantes (Leonardo Montana le montre tout de suite, il est dans un grand soir), des chants scandés : d’emblée il se passe quelque chose de magique entre ces quatre-là.
Chacun y met du sien : Felipe Cabrera, dont les lignes de basse sont aussi libres et mélodiques que la voix d’un chanteur et la pulsation enracinée au plus profond de la terre, Leo Montana qui multiplie les chorus de haut vol tout en apportant un soutient sans faille à Samy Thiébault, tandis qu’Arnaud Dolmen est hypnotisant de puissance maîtrisée, de grooves subtils, au point qu’il faut souvent se forcer d’arrêter de le regarder pour ne pas rater tout ce qu’il se passe autour. Samy Thiébault et son ténor chaleureux, tantôt fluide et âpre, mène de façon impériale ce quartette d’ou peuvent surgir, selon qu’Arnaud Dolmen utilise ses baguettes ou ses mains, toutes les nuances des caraïbes.
La fin est encore plus spéciale : le leader, qui fête ce soir-là son anniversaire, ne cache pas son émotion avant d’entamer un rappel qui achève de nous rendre impatient de découvrir dans son intégralité, d’ici un an espère t-il, ce nouveau répertoire que lui et son quartette vont bientôt partir nourrir en tournée en océanie avant l’enregistrement. Bon vent ! Yazid Kouloughli