La sidérante douceur du trio Kepler
Samedi soir, un tout jeune trio, le trio Kepler, a proposé une musique originale, délicate, d’une grande intériorité. Elle fut pour moi une magnifique révélation.
Maxime Sanchez (piano), Adrien Sanchez (sax tenor), Julien Pontviane (sax tenor), Samedi 24 septembre 2016, Concert d’appartement du côté de l’Eglise Saint-Eustache.
Le trio jouait dans l’appartement de Yann Lorang et Laurène Veyres du côté de l’Eglise Saint-Eustache. Remercions ce couple d’amateurs au goût très sûr, pour avoir permis un tel concert. Ici même au mois de juin, ils avaient déjà accueilli au mois de juin un merveilleux duo entre le guitariste Paul Jarret (dont le groupe PJ 5 se produit au New Morning aujourd’hui même 27 septembre, en première partie d’Olivier Bogé) et le pianiste Enzo Carniel. Les musiciens de jazz ont besoin de jouer comme de respirer. Ces concerts en appartement qui se multiplient leur apportent un peu d’oxygène.
Et revenons à la musique. Le trio Kepler est composé des deux frangins Sanchez, Maxime au piano, Adrien au sax ténor, avec Julien Pontviane qui s’est joint à la fratrie. En chaussettes, ils annoncent la couleur: « On va vous jouer des choses assez lentes, et même très lentes ». C’est pourtant moins la lenteur des thèmes qui frappe que leur sidérante douceur. Mais cette douceur est pleine de craquelures, de micro-failles, de micro-distorsions. Certes, Maxime et Adrien Sanchez sont les deux frères du trio, mais on constate aussi une gémellité évidente entre les deux ténors, Adrien Sanchez et Julien Pontviane: ils partagent une manière de tresser une auréole de souffle grésillant autour du son, qui rappelle un peu les vieux 33 tours du siècle passé, ce temps où les gens ne se promenaient pas encore dans les rues en parlant à leur main. Ils jouent des unissons avec de subtils décalages et distorsions. Les compositions, nous l’avons dit, sont d’une grande douceur, mais ne versent jamais dans le mièvre ni dans l’émollient car elles sont intensément habitées. Au piano, Maxime Sanchez a l’art de créer des atmosphères avec trois fois rien, des bouts de nuage, une ombre, une brindille, une plume d’oiseau. Il a cet art aussi, de faire entendre une pulsation swing, plus ou moins prononcée qui est en filigrane dans tout ce qu’il joue. Les configurations du trio sont aussi mouvantes qu’un ciel du bassin d’Arcachon. Dans le troisième morceau, un des plus réussis à mon sens, un des plus prenants, le piano se lance dans un discours swinguant et allègre, en se plaçant sur la crête d’un motif circulaire construit par les deux saxophones à l’unisson. L’intensité monte, l’unisson se rompt, les motifs de saxophone s’emballent, se diffractent comme à travers un miroir éclaté, et c’est alors le piano qui devient un môle de stabilité. Pour finir les deux saxes improvisent de manière conjointe une sorte de discours à deux voix, avec de subtils rapports entre la parole de l’un et la parole de l’autre. Le trio joue six ou sept morceaux de cet accabit, en variant à chaque fois les configurations, et les rapports entre instruments. La musique est à la fois savante, recherchée, et d’une grande évidence, et je n’en reviens pas que ces gamins qui n’ont pas trente ans puissent arriver à cela. Au milieu du concert, les fenêtres de l’appartement, laissées ouvertes, font entendre une sirène de pompiers qui semble fondre et s’évanouir devant la douceur tranquille et habitée de ce trio.
JF Mondot |Samedi soir, un tout jeune trio, le trio Kepler, a proposé une musique originale, délicate, d’une grande intériorité. Elle fut pour moi une magnifique révélation.
Maxime Sanchez (piano), Adrien Sanchez (sax tenor), Julien Pontviane (sax tenor), Samedi 24 septembre 2016, Concert d’appartement du côté de l’Eglise Saint-Eustache.
Le trio jouait dans l’appartement de Yann Lorang et Laurène Veyres du côté de l’Eglise Saint-Eustache. Remercions ce couple d’amateurs au goût très sûr, pour avoir permis un tel concert. Ici même au mois de juin, ils avaient déjà accueilli au mois de juin un merveilleux duo entre le guitariste Paul Jarret (dont le groupe PJ 5 se produit au New Morning aujourd’hui même 27 septembre, en première partie d’Olivier Bogé) et le pianiste Enzo Carniel. Les musiciens de jazz ont besoin de jouer comme de respirer. Ces concerts en appartement qui se multiplient leur apportent un peu d’oxygène.
Et revenons à la musique. Le trio Kepler est composé des deux frangins Sanchez, Maxime au piano, Adrien au sax ténor, avec Julien Pontviane qui s’est joint à la fratrie. En chaussettes, ils annoncent la couleur: « On va vous jouer des choses assez lentes, et même très lentes ». C’est pourtant moins la lenteur des thèmes qui frappe que leur sidérante douceur. Mais cette douceur est pleine de craquelures, de micro-failles, de micro-distorsions. Certes, Maxime et Adrien Sanchez sont les deux frères du trio, mais on constate aussi une gémellité évidente entre les deux ténors, Adrien Sanchez et Julien Pontviane: ils partagent une manière de tresser une auréole de souffle grésillant autour du son, qui rappelle un peu les vieux 33 tours du siècle passé, ce temps où les gens ne se promenaient pas encore dans les rues en parlant à leur main. Ils jouent des unissons avec de subtils décalages et distorsions. Les compositions, nous l’avons dit, sont d’une grande douceur, mais ne versent jamais dans le mièvre ni dans l’émollient car elles sont intensément habitées. Au piano, Maxime Sanchez a l’art de créer des atmosphères avec trois fois rien, des bouts de nuage, une ombre, une brindille, une plume d’oiseau. Il a cet art aussi, de faire entendre une pulsation swing, plus ou moins prononcée qui est en filigrane dans tout ce qu’il joue. Les configurations du trio sont aussi mouvantes qu’un ciel du bassin d’Arcachon. Dans le troisième morceau, un des plus réussis à mon sens, un des plus prenants, le piano se lance dans un discours swinguant et allègre, en se plaçant sur la crête d’un motif circulaire construit par les deux saxophones à l’unisson. L’intensité monte, l’unisson se rompt, les motifs de saxophone s’emballent, se diffractent comme à travers un miroir éclaté, et c’est alors le piano qui devient un môle de stabilité. Pour finir les deux saxes improvisent de manière conjointe une sorte de discours à deux voix, avec de subtils rapports entre la parole de l’un et la parole de l’autre. Le trio joue six ou sept morceaux de cet accabit, en variant à chaque fois les configurations, et les rapports entre instruments. La musique est à la fois savante, recherchée, et d’une grande évidence, et je n’en reviens pas que ces gamins qui n’ont pas trente ans puissent arriver à cela. Au milieu du concert, les fenêtres de l’appartement, laissées ouvertes, font entendre une sirène de pompiers qui semble fondre et s’évanouir devant la douceur tranquille et habitée de ce trio.
JF Mondot |Samedi soir, un tout jeune trio, le trio Kepler, a proposé une musique originale, délicate, d’une grande intériorité. Elle fut pour moi une magnifique révélation.
Maxime Sanchez (piano), Adrien Sanchez (sax tenor), Julien Pontviane (sax tenor), Samedi 24 septembre 2016, Concert d’appartement du côté de l’Eglise Saint-Eustache.
Le trio jouait dans l’appartement de Yann Lorang et Laurène Veyres du côté de l’Eglise Saint-Eustache. Remercions ce couple d’amateurs au goût très sûr, pour avoir permis un tel concert. Ici même au mois de juin, ils avaient déjà accueilli au mois de juin un merveilleux duo entre le guitariste Paul Jarret (dont le groupe PJ 5 se produit au New Morning aujourd’hui même 27 septembre, en première partie d’Olivier Bogé) et le pianiste Enzo Carniel. Les musiciens de jazz ont besoin de jouer comme de respirer. Ces concerts en appartement qui se multiplient leur apportent un peu d’oxygène.
Et revenons à la musique. Le trio Kepler est composé des deux frangins Sanchez, Maxime au piano, Adrien au sax ténor, avec Julien Pontviane qui s’est joint à la fratrie. En chaussettes, ils annoncent la couleur: « On va vous jouer des choses assez lentes, et même très lentes ». C’est pourtant moins la lenteur des thèmes qui frappe que leur sidérante douceur. Mais cette douceur est pleine de craquelures, de micro-failles, de micro-distorsions. Certes, Maxime et Adrien Sanchez sont les deux frères du trio, mais on constate aussi une gémellité évidente entre les deux ténors, Adrien Sanchez et Julien Pontviane: ils partagent une manière de tresser une auréole de souffle grésillant autour du son, qui rappelle un peu les vieux 33 tours du siècle passé, ce temps où les gens ne se promenaient pas encore dans les rues en parlant à leur main. Ils jouent des unissons avec de subtils décalages et distorsions. Les compositions, nous l’avons dit, sont d’une grande douceur, mais ne versent jamais dans le mièvre ni dans l’émollient car elles sont intensément habitées. Au piano, Maxime Sanchez a l’art de créer des atmosphères avec trois fois rien, des bouts de nuage, une ombre, une brindille, une plume d’oiseau. Il a cet art aussi, de faire entendre une pulsation swing, plus ou moins prononcée qui est en filigrane dans tout ce qu’il joue. Les configurations du trio sont aussi mouvantes qu’un ciel du bassin d’Arcachon. Dans le troisième morceau, un des plus réussis à mon sens, un des plus prenants, le piano se lance dans un discours swinguant et allègre, en se plaçant sur la crête d’un motif circulaire construit par les deux saxophones à l’unisson. L’intensité monte, l’unisson se rompt, les motifs de saxophone s’emballent, se diffractent comme à travers un miroir éclaté, et c’est alors le piano qui devient un môle de stabilité. Pour finir les deux saxes improvisent de manière conjointe une sorte de discours à deux voix, avec de subtils rapports entre la parole de l’un et la parole de l’autre. Le trio joue six ou sept morceaux de cet accabit, en variant à chaque fois les configurations, et les rapports entre instruments. La musique est à la fois savante, recherchée, et d’une grande évidence, et je n’en reviens pas que ces gamins qui n’ont pas trente ans puissent arriver à cela. Au milieu du concert, les fenêtres de l’appartement, laissées ouvertes, font entendre une sirène de pompiers qui semble fondre et s’évanouir devant la douceur tranquille et habitée de ce trio.
JF Mondot |Samedi soir, un tout jeune trio, le trio Kepler, a proposé une musique originale, délicate, d’une grande intériorité. Elle fut pour moi une magnifique révélation.
Maxime Sanchez (piano), Adrien Sanchez (sax tenor), Julien Pontviane (sax tenor), Samedi 24 septembre 2016, Concert d’appartement du côté de l’Eglise Saint-Eustache.
Le trio jouait dans l’appartement de Yann Lorang et Laurène Veyres du côté de l’Eglise Saint-Eustache. Remercions ce couple d’amateurs au goût très sûr, pour avoir permis un tel concert. Ici même au mois de juin, ils avaient déjà accueilli au mois de juin un merveilleux duo entre le guitariste Paul Jarret (dont le groupe PJ 5 se produit au New Morning aujourd’hui même 27 septembre, en première partie d’Olivier Bogé) et le pianiste Enzo Carniel. Les musiciens de jazz ont besoin de jouer comme de respirer. Ces concerts en appartement qui se multiplient leur apportent un peu d’oxygène.
Et revenons à la musique. Le trio Kepler est composé des deux frangins Sanchez, Maxime au piano, Adrien au sax ténor, avec Julien Pontviane qui s’est joint à la fratrie. En chaussettes, ils annoncent la couleur: « On va vous jouer des choses assez lentes, et même très lentes ». C’est pourtant moins la lenteur des thèmes qui frappe que leur sidérante douceur. Mais cette douceur est pleine de craquelures, de micro-failles, de micro-distorsions. Certes, Maxime et Adrien Sanchez sont les deux frères du trio, mais on constate aussi une gémellité évidente entre les deux ténors, Adrien Sanchez et Julien Pontviane: ils partagent une manière de tresser une auréole de souffle grésillant autour du son, qui rappelle un peu les vieux 33 tours du siècle passé, ce temps où les gens ne se promenaient pas encore dans les rues en parlant à leur main. Ils jouent des unissons avec de subtils décalages et distorsions. Les compositions, nous l’avons dit, sont d’une grande douceur, mais ne versent jamais dans le mièvre ni dans l’émollient car elles sont intensément habitées. Au piano, Maxime Sanchez a l’art de créer des atmosphères avec trois fois rien, des bouts de nuage, une ombre, une brindille, une plume d’oiseau. Il a cet art aussi, de faire entendre une pulsation swing, plus ou moins prononcée qui est en filigrane dans tout ce qu’il joue. Les configurations du trio sont aussi mouvantes qu’un ciel du bassin d’Arcachon. Dans le troisième morceau, un des plus réussis à mon sens, un des plus prenants, le piano se lance dans un discours swinguant et allègre, en se plaçant sur la crête d’un motif circulaire construit par les deux saxophones à l’unisson. L’intensité monte, l’unisson se rompt, les motifs de saxophone s’emballent, se diffractent comme à travers un miroir éclaté, et c’est alors le piano qui devient un môle de stabilité. Pour finir les deux saxes improvisent de manière conjointe une sorte de discours à deux voix, avec de subtils rapports entre la parole de l’un et la parole de l’autre. Le trio joue six ou sept morceaux de cet accabit, en variant à chaque fois les configurations, et les rapports entre instruments. La musique est à la fois savante, recherchée, et d’une grande évidence, et je n’en reviens pas que ces gamins qui n’ont pas trente ans puissent arriver à cela. Au milieu du concert, les fenêtres de l’appartement, laissées ouvertes, font entendre une sirène de pompiers qui semble fondre et s’évanouir devant la douceur tranquille et habitée de ce trio.
JF Mondot