Siggi Loch : “Être là où il faut pour découvrir les nouveaux talents”
Dans le n° 702 de Jazz Magazine, en kiosque le 30 novembre, le créateur d’ACT Music Siggi Loch revient sur vingt-cinq ans de création à travers vingt-cinq disques choisis dans le richissime catalogue de son label. Pour jazzmagazine.com, il a bien voulu répondre à quelques questions sur le présent et l’avenir d’ACT Music.
JAZZMAGAZINE.COM Après tant d’années passées à produire des disques, aucune lassitude, même dans cette période si délicate pour le business de la musique ?
SIGGI LOCH Il est clair que j’aime toujours autant ce que je fais. Même si, je dois l’avouer, il m’arrive de prendre une semaine de repos de temps à autre – j’ai soixante-dix sept ans et j’adore voyager… –, je touve que mon travail avec ACT est toujours aussi excitant, malgré toutes les difficultés dues à un marché de la musique en mutation permanente. Tant que je serais capable physiquement et intellectuellement de le faire, j’aimerais continuer.
Depuis deux ans, je partage la direction d’ACT avec Andreas Brandis qui, en compagnie de toute l’équipe, prend désormais en charge tout l’aspect management et business. Andreas est destiné à faire perdurer le label après moi. Il y a eu des changements rapides dans l’industrie musicale, et spécialement dans le secteur digital, la manière dont la musique et marketée et consommée. Honnêtement, je me considère toujours comme étant la génération “off line”. Je suis donc très heureux de pouvoir confier tous ces aspects aux mains de la nouvelle génération, qui doit trouver ses propres réponses, aller de l’avant face à ces nouveau défis !
D’un autre côté, j’aime me concentrer sur le côté artsitique et conceptuel. C’est même ce que j’aime le plus : travailler avec des musiciens, penser à de nouveaux concepts musicaux, être là où il faut pour découvrir les nouveaux talents. J’aimerais insister sur le fait que tous les accomplissements du label ne sont pas seulement les miens, mais le résultat d’une jeune équipe enthousiaste. Je suis donc très confiant : le futur sera brillant pour ACT.
A propos, comment voyez-vous le futur du disque “physique” ?
Ces dix dernières années, l’ensemble des activités de l’industrie musicale a rétréci de 50 %. Ceci est dû en grande partie à l’émergence de la musique gratuite en streaming. Je suis content de pouvoir dire qu’ACT a été capable de stabiliser ses revenus pendant cette période – un grand merci à nos fans de France et d’Allemagne, les deux marchés où le disque physique, CD et LP, se vend encore. Mais généralement, et bien qu’il soit plutôt confortable pour l’auditeur, et une nouvelle grande source de revenus pour les gros labels, le développement de la musique en streaming est désastreux pour les labels indépendants. Ce qui est vraiment désolant pour la musique elle-même, parce que la plupart des nouveaux courants musicaux prennent leur source chez les indépendants, pas chez les majors. Mais c’est impossible de diriger une affaire via le streaming quand vous misez tout sur les nouveautés. Les majors impliquées dans Spotify et autres profitent de gros revenus en diffusant en streaming leurs énormes catalogues, avec des millions de morceaux qui ont déjà été amortis en 33-tours, en cassette, en CD et en téléchargement.
Sans les compagnies indépendantes et innovatives, qui sont capables de prendre des risques et de construire des nouvelles carrières, nous courons le danger de perdre de la diversité culturelle et une certaine idée du progrès, choses dont le monde a besoin plus que tout. Je ne dis pas « Stop au streaming ! », mais les gens doivent savoir qu’aucun label et qu’aucun musicien ne pourra vivre de cette manière. Donc, si vous aimez un artiste ou un label, supportez leur travail en dépensant de l’argent, et d’une façon ou d’une autre ils pourront continuer à faire ce qu’ils font !
Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
Il y en a deux auxquels je tiens parce que je suis très impliqué dans leur réalisation. Tout d’abord, j’ai de nouveau fait équipe avec Bugge Wesseltoft il y a quelques mois pour enregistrer “Everyboy Loves Angels”, la suite, vingt ans plus tard, de “It’s Snowing On My Piano” [L’un des vingt-cinq disques retenus par Siggi Loch dans le n° 702 de Jazz Magazine, NDR]. Mais tandis que “Snowing…” avait été prévu pour les fêtes de Noël, nous avons choisi cette fois des musiques que l’on peut apprécier toute l’année. L’album a été enregistré dans l’incroyable LofotKatedralen en Norvège. Cet album diffuse la même sérénité et la même quiétude musicales qui avaient fait de “Snowing…” un disque si important pour les gens. Notre monde est de plus en plus bruyant, parfois même insupportablement bruyant. Je pense que la musique peut nous aider à nous ressourcer, nous offrir une sorte de sanctuaire. C’est le but de cet album.
Ensuite, le 12 juin dernier, un nouveau concert incroyable a eu lieu dans la série des “Jazz At Berlin Philharmonic”. Il va bientôt être publié en album sous le titre de “Mediterraneo”, avec le grand Stefano Bollani et son trio, Vincent Peirani à l’accordéon et les membres du Berlin Philharmonic, dirigés par l’arrangeur Geir Lysne. Ensemble, ils ont joué leurs propres interprétations de la musique de Monteverdi, Morricone, Rota, Rossini, Puccini et Leoncavallo. Le concert fut une rencontre inouïe entre le jazz et la musique classique, et tout le monde, dans cette salle qui affichait complet s’est levé de son siège pour une longue standing ovation – c’était vraiment une musique d’un genre que personne n’avait jamais entendu dans cette salle prestigieuse, et je suis vraiment très heureux de pouvoir partager cette soirée mémorable avec le plus grand nombre. •|Dans le n° 702 de Jazz Magazine, en kiosque le 30 novembre, le créateur d’ACT Music Siggi Loch revient sur vingt-cinq ans de création à travers vingt-cinq disques choisis dans le richissime catalogue de son label. Pour jazzmagazine.com, il a bien voulu répondre à quelques questions sur le présent et l’avenir d’ACT Music.
JAZZMAGAZINE.COM Après tant d’années passées à produire des disques, aucune lassitude, même dans cette période si délicate pour le business de la musique ?
SIGGI LOCH Il est clair que j’aime toujours autant ce que je fais. Même si, je dois l’avouer, il m’arrive de prendre une semaine de repos de temps à autre – j’ai soixante-dix sept ans et j’adore voyager… –, je touve que mon travail avec ACT est toujours aussi excitant, malgré toutes les difficultés dues à un marché de la musique en mutation permanente. Tant que je serais capable physiquement et intellectuellement de le faire, j’aimerais continuer.
Depuis deux ans, je partage la direction d’ACT avec Andreas Brandis qui, en compagnie de toute l’équipe, prend désormais en charge tout l’aspect management et business. Andreas est destiné à faire perdurer le label après moi. Il y a eu des changements rapides dans l’industrie musicale, et spécialement dans le secteur digital, la manière dont la musique et marketée et consommée. Honnêtement, je me considère toujours comme étant la génération “off line”. Je suis donc très heureux de pouvoir confier tous ces aspects aux mains de la nouvelle génération, qui doit trouver ses propres réponses, aller de l’avant face à ces nouveau défis !
D’un autre côté, j’aime me concentrer sur le côté artsitique et conceptuel. C’est même ce que j’aime le plus : travailler avec des musiciens, penser à de nouveaux concepts musicaux, être là où il faut pour découvrir les nouveaux talents. J’aimerais insister sur le fait que tous les accomplissements du label ne sont pas seulement les miens, mais le résultat d’une jeune équipe enthousiaste. Je suis donc très confiant : le futur sera brillant pour ACT.
A propos, comment voyez-vous le futur du disque “physique” ?
Ces dix dernières années, l’ensemble des activités de l’industrie musicale a rétréci de 50 %. Ceci est dû en grande partie à l’émergence de la musique gratuite en streaming. Je suis content de pouvoir dire qu’ACT a été capable de stabiliser ses revenus pendant cette période – un grand merci à nos fans de France et d’Allemagne, les deux marchés où le disque physique, CD et LP, se vend encore. Mais généralement, et bien qu’il soit plutôt confortable pour l’auditeur, et une nouvelle grande source de revenus pour les gros labels, le développement de la musique en streaming est désastreux pour les labels indépendants. Ce qui est vraiment désolant pour la musique elle-même, parce que la plupart des nouveaux courants musicaux prennent leur source chez les indépendants, pas chez les majors. Mais c’est impossible de diriger une affaire via le streaming quand vous misez tout sur les nouveautés. Les majors impliquées dans Spotify et autres profitent de gros revenus en diffusant en streaming leurs énormes catalogues, avec des millions de morceaux qui ont déjà été amortis en 33-tours, en cassette, en CD et en téléchargement.
Sans les compagnies indépendantes et innovatives, qui sont capables de prendre des risques et de construire des nouvelles carrières, nous courons le danger de perdre de la diversité culturelle et une certaine idée du progrès, choses dont le monde a besoin plus que tout. Je ne dis pas « Stop au streaming ! », mais les gens doivent savoir qu’aucun label et qu’aucun musicien ne pourra vivre de cette manière. Donc, si vous aimez un artiste ou un label, supportez leur travail en dépensant de l’argent, et d’une façon ou d’une autre ils pourront continuer à faire ce qu’ils font !
Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
Il y en a deux auxquels je tiens parce que je suis très impliqué dans leur réalisation. Tout d’abord, j’ai de nouveau fait équipe avec Bugge Wesseltoft il y a quelques mois pour enregistrer “Everyboy Loves Angels”, la suite, vingt ans plus tard, de “It’s Snowing On My Piano” [L’un des vingt-cinq disques retenus par Siggi Loch dans le n° 702 de Jazz Magazine, NDR]. Mais tandis que “Snowing…” avait été prévu pour les fêtes de Noël, nous avons choisi cette fois des musiques que l’on peut apprécier toute l’année. L’album a été enregistré dans l’incroyable LofotKatedralen en Norvège. Cet album diffuse la même sérénité et la même quiétude musicales qui avaient fait de “Snowing…” un disque si important pour les gens. Notre monde est de plus en plus bruyant, parfois même insupportablement bruyant. Je pense que la musique peut nous aider à nous ressourcer, nous offrir une sorte de sanctuaire. C’est le but de cet album.
Ensuite, le 12 juin dernier, un nouveau concert incroyable a eu lieu dans la série des “Jazz At Berlin Philharmonic”. Il va bientôt être publié en album sous le titre de “Mediterraneo”, avec le grand Stefano Bollani et son trio, Vincent Peirani à l’accordéon et les membres du Berlin Philharmonic, dirigés par l’arrangeur Geir Lysne. Ensemble, ils ont joué leurs propres interprétations de la musique de Monteverdi, Morricone, Rota, Rossini, Puccini et Leoncavallo. Le concert fut une rencontre inouïe entre le jazz et la musique classique, et tout le monde, dans cette salle qui affichait complet s’est levé de son siège pour une longue standing ovation – c’était vraiment une musique d’un genre que personne n’avait jamais entendu dans cette salle prestigieuse, et je suis vraiment très heureux de pouvoir partager cette soirée mémorable avec le plus grand nombre. •|Dans le n° 702 de Jazz Magazine, en kiosque le 30 novembre, le créateur d’ACT Music Siggi Loch revient sur vingt-cinq ans de création à travers vingt-cinq disques choisis dans le richissime catalogue de son label. Pour jazzmagazine.com, il a bien voulu répondre à quelques questions sur le présent et l’avenir d’ACT Music.
JAZZMAGAZINE.COM Après tant d’années passées à produire des disques, aucune lassitude, même dans cette période si délicate pour le business de la musique ?
SIGGI LOCH Il est clair que j’aime toujours autant ce que je fais. Même si, je dois l’avouer, il m’arrive de prendre une semaine de repos de temps à autre – j’ai soixante-dix sept ans et j’adore voyager… –, je touve que mon travail avec ACT est toujours aussi excitant, malgré toutes les difficultés dues à un marché de la musique en mutation permanente. Tant que je serais capable physiquement et intellectuellement de le faire, j’aimerais continuer.
Depuis deux ans, je partage la direction d’ACT avec Andreas Brandis qui, en compagnie de toute l’équipe, prend désormais en charge tout l’aspect management et business. Andreas est destiné à faire perdurer le label après moi. Il y a eu des changements rapides dans l’industrie musicale, et spécialement dans le secteur digital, la manière dont la musique et marketée et consommée. Honnêtement, je me considère toujours comme étant la génération “off line”. Je suis donc très heureux de pouvoir confier tous ces aspects aux mains de la nouvelle génération, qui doit trouver ses propres réponses, aller de l’avant face à ces nouveau défis !
D’un autre côté, j’aime me concentrer sur le côté artsitique et conceptuel. C’est même ce que j’aime le plus : travailler avec des musiciens, penser à de nouveaux concepts musicaux, être là où il faut pour découvrir les nouveaux talents. J’aimerais insister sur le fait que tous les accomplissements du label ne sont pas seulement les miens, mais le résultat d’une jeune équipe enthousiaste. Je suis donc très confiant : le futur sera brillant pour ACT.
A propos, comment voyez-vous le futur du disque “physique” ?
Ces dix dernières années, l’ensemble des activités de l’industrie musicale a rétréci de 50 %. Ceci est dû en grande partie à l’émergence de la musique gratuite en streaming. Je suis content de pouvoir dire qu’ACT a été capable de stabiliser ses revenus pendant cette période – un grand merci à nos fans de France et d’Allemagne, les deux marchés où le disque physique, CD et LP, se vend encore. Mais généralement, et bien qu’il soit plutôt confortable pour l’auditeur, et une nouvelle grande source de revenus pour les gros labels, le développement de la musique en streaming est désastreux pour les labels indépendants. Ce qui est vraiment désolant pour la musique elle-même, parce que la plupart des nouveaux courants musicaux prennent leur source chez les indépendants, pas chez les majors. Mais c’est impossible de diriger une affaire via le streaming quand vous misez tout sur les nouveautés. Les majors impliquées dans Spotify et autres profitent de gros revenus en diffusant en streaming leurs énormes catalogues, avec des millions de morceaux qui ont déjà été amortis en 33-tours, en cassette, en CD et en téléchargement.
Sans les compagnies indépendantes et innovatives, qui sont capables de prendre des risques et de construire des nouvelles carrières, nous courons le danger de perdre de la diversité culturelle et une certaine idée du progrès, choses dont le monde a besoin plus que tout. Je ne dis pas « Stop au streaming ! », mais les gens doivent savoir qu’aucun label et qu’aucun musicien ne pourra vivre de cette manière. Donc, si vous aimez un artiste ou un label, supportez leur travail en dépensant de l’argent, et d’une façon ou d’une autre ils pourront continuer à faire ce qu’ils font !
Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
Il y en a deux auxquels je tiens parce que je suis très impliqué dans leur réalisation. Tout d’abord, j’ai de nouveau fait équipe avec Bugge Wesseltoft il y a quelques mois pour enregistrer “Everyboy Loves Angels”, la suite, vingt ans plus tard, de “It’s Snowing On My Piano” [L’un des vingt-cinq disques retenus par Siggi Loch dans le n° 702 de Jazz Magazine, NDR]. Mais tandis que “Snowing…” avait été prévu pour les fêtes de Noël, nous avons choisi cette fois des musiques que l’on peut apprécier toute l’année. L’album a été enregistré dans l’incroyable LofotKatedralen en Norvège. Cet album diffuse la même sérénité et la même quiétude musicales qui avaient fait de “Snowing…” un disque si important pour les gens. Notre monde est de plus en plus bruyant, parfois même insupportablement bruyant. Je pense que la musique peut nous aider à nous ressourcer, nous offrir une sorte de sanctuaire. C’est le but de cet album.
Ensuite, le 12 juin dernier, un nouveau concert incroyable a eu lieu dans la série des “Jazz At Berlin Philharmonic”. Il va bientôt être publié en album sous le titre de “Mediterraneo”, avec le grand Stefano Bollani et son trio, Vincent Peirani à l’accordéon et les membres du Berlin Philharmonic, dirigés par l’arrangeur Geir Lysne. Ensemble, ils ont joué leurs propres interprétations de la musique de Monteverdi, Morricone, Rota, Rossini, Puccini et Leoncavallo. Le concert fut une rencontre inouïe entre le jazz et la musique classique, et tout le monde, dans cette salle qui affichait complet s’est levé de son siège pour une longue standing ovation – c’était vraiment une musique d’un genre que personne n’avait jamais entendu dans cette salle prestigieuse, et je suis vraiment très heureux de pouvoir partager cette soirée mémorable avec le plus grand nombre. •|Dans le n° 702 de Jazz Magazine, en kiosque le 30 novembre, le créateur d’ACT Music Siggi Loch revient sur vingt-cinq ans de création à travers vingt-cinq disques choisis dans le richissime catalogue de son label. Pour jazzmagazine.com, il a bien voulu répondre à quelques questions sur le présent et l’avenir d’ACT Music.
JAZZMAGAZINE.COM Après tant d’années passées à produire des disques, aucune lassitude, même dans cette période si délicate pour le business de la musique ?
SIGGI LOCH Il est clair que j’aime toujours autant ce que je fais. Même si, je dois l’avouer, il m’arrive de prendre une semaine de repos de temps à autre – j’ai soixante-dix sept ans et j’adore voyager… –, je touve que mon travail avec ACT est toujours aussi excitant, malgré toutes les difficultés dues à un marché de la musique en mutation permanente. Tant que je serais capable physiquement et intellectuellement de le faire, j’aimerais continuer.
Depuis deux ans, je partage la direction d’ACT avec Andreas Brandis qui, en compagnie de toute l’équipe, prend désormais en charge tout l’aspect management et business. Andreas est destiné à faire perdurer le label après moi. Il y a eu des changements rapides dans l’industrie musicale, et spécialement dans le secteur digital, la manière dont la musique et marketée et consommée. Honnêtement, je me considère toujours comme étant la génération “off line”. Je suis donc très heureux de pouvoir confier tous ces aspects aux mains de la nouvelle génération, qui doit trouver ses propres réponses, aller de l’avant face à ces nouveau défis !
D’un autre côté, j’aime me concentrer sur le côté artsitique et conceptuel. C’est même ce que j’aime le plus : travailler avec des musiciens, penser à de nouveaux concepts musicaux, être là où il faut pour découvrir les nouveaux talents. J’aimerais insister sur le fait que tous les accomplissements du label ne sont pas seulement les miens, mais le résultat d’une jeune équipe enthousiaste. Je suis donc très confiant : le futur sera brillant pour ACT.
A propos, comment voyez-vous le futur du disque “physique” ?
Ces dix dernières années, l’ensemble des activités de l’industrie musicale a rétréci de 50 %. Ceci est dû en grande partie à l’émergence de la musique gratuite en streaming. Je suis content de pouvoir dire qu’ACT a été capable de stabiliser ses revenus pendant cette période – un grand merci à nos fans de France et d’Allemagne, les deux marchés où le disque physique, CD et LP, se vend encore. Mais généralement, et bien qu’il soit plutôt confortable pour l’auditeur, et une nouvelle grande source de revenus pour les gros labels, le développement de la musique en streaming est désastreux pour les labels indépendants. Ce qui est vraiment désolant pour la musique elle-même, parce que la plupart des nouveaux courants musicaux prennent leur source chez les indépendants, pas chez les majors. Mais c’est impossible de diriger une affaire via le streaming quand vous misez tout sur les nouveautés. Les majors impliquées dans Spotify et autres profitent de gros revenus en diffusant en streaming leurs énormes catalogues, avec des millions de morceaux qui ont déjà été amortis en 33-tours, en cassette, en CD et en téléchargement.
Sans les compagnies indépendantes et innovatives, qui sont capables de prendre des risques et de construire des nouvelles carrières, nous courons le danger de perdre de la diversité culturelle et une certaine idée du progrès, choses dont le monde a besoin plus que tout. Je ne dis pas « Stop au streaming ! », mais les gens doivent savoir qu’aucun label et qu’aucun musicien ne pourra vivre de cette manière. Donc, si vous aimez un artiste ou un label, supportez leur travail en dépensant de l’argent, et d’une façon ou d’une autre ils pourront continuer à faire ce qu’ils font !
Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
Il y en a deux auxquels je tiens parce que je suis très impliqué dans leur réalisation. Tout d’abord, j’ai de nouveau fait équipe avec Bugge Wesseltoft il y a quelques mois pour enregistrer “Everyboy Loves Angels”, la suite, vingt ans plus tard, de “It’s Snowing On My Piano” [L’un des vingt-cinq disques retenus par Siggi Loch dans le n° 702 de Jazz Magazine, NDR]. Mais tandis que “Snowing…” avait été prévu pour les fêtes de Noël, nous avons choisi cette fois des musiques que l’on peut apprécier toute l’année. L’album a été enregistré dans l’incroyable LofotKatedralen en Norvège. Cet album diffuse la même sérénité et la même quiétude musicales qui avaient fait de “Snowing…” un disque si important pour les gens. Notre monde est de plus en plus bruyant, parfois même insupportablement bruyant. Je pense que la musique peut nous aider à nous ressourcer, nous offrir une sorte de sanctuaire. C’est le but de cet album.
Ensuite, le 12 juin dernier, un nouveau concert incroyable a eu lieu dans la série des “Jazz At Berlin Philharmonic”. Il va bientôt être publié en album sous le titre de “Mediterraneo”, avec le grand Stefano Bollani et son trio, Vincent Peirani à l’accordéon et les membres du Berlin Philharmonic, dirigés par l’arrangeur Geir Lysne. Ensemble, ils ont joué leurs propres interprétations de la musique de Monteverdi, Morricone, Rota, Rossini, Puccini et Leoncavallo. Le concert fut une rencontre inouïe entre le jazz et la musique classique, et tout le monde, dans cette salle qui affichait complet s’est levé de son siège pour une longue standing ovation – c’était vraiment une musique d’un genre que personne n’avait jamais entendu dans cette salle prestigieuse, et je suis vraiment très heureux de pouvoir partager cette soirée mémorable avec le plus grand nombre. •