Silvia Ribeiro Ferreira, un coup de maître
Après Itamar Borochov, le label Laborie présentait au Studio de l’Ermitage une autre de ses pépites, le premier disque de la jeune saxophoniste Sylvia Ribeiro Ferreira.
Silvia Ribeiro Ferreira (sax baryton et ténor), Sébastien Barrier (claviers et effets), Xavier Parlant (batterie), Studio de l’Ermitage, 25 septembre 2018
Quelle belle découverte! J’avoue avoir été cueilli par la musique de cette jeune artiste qui a choisi pour s’exprimer le massif et caverneux sax baryton, et qui en fait le vecteur de ses pudiques confidences. Je ne me rappelle pas avoir déjà entendu jouer de cet instrument avec une telle délicatesse! Je note par exemple sa manière d’utiliser toujours à bon escient le registre formidablement grave de l’instrument (un registre vers lequel on est forcément attiré quand on s’acoquine à ce géant de cuivre). Elle fait entendre, au baryton mais aussi au ténor, un lyrisme pudique, tenu, qui bouleverse sans jamais faire de gringue à l’auditeur. Et cette musicienne est de surcroît une compositrice douée, comme en témoigne Viasil, mélodie nostalgique et poignante, qui ne cesse de tourner sur ma platine depuis que j’ai assisté à ce concert.
Silvia Ribeiro Ferreira s’est forgée un univers personnel, où ses racines portugaises entrent pour une part importante. Elle rend un hommage original à la grande Amalia Rodriguez dans une composition au long cours qui utilisant des samples, d’abord une interview de la grande artiste sur le fado puis quelques couplets d’une de ses chansons. Des effets de guitare saturée donnent une direction inattendue à cet hommage.
On voit que Silvia Ribeiro Ferreira et son groupe cherchent, tentent des choses, essaient de trouver une manière d’adjoindre à leurs musiques quelques effets éléctroniques, des révèrbes, ça cherche, ça essaie, ça prend des risques. La saxophoniste est accompagnée de musiciens à son image, partageant les mêmes qualités d’exigence, de goût, de lyrisme. Par exemple le batteur Xavier Parlant, qui sur Exilio, un des morceaux les plus prenants du concerts, limite ses interventions à de délicates ponctuations sur les cymbales. Jeu minimal, effet maximal. Voilà une artiste et un disque (sur label Labortie, donc) que l’on recommande sans aucune réserve.
texte JF Mondot
Dessins Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures à consulter sur son site www.annie-claire.com Pour acheter un des dessins figurant sur ce blog, s’adresser à l’artiste: annie_claire@hotmail.com)