Jazz live
Publié le 21 Mar 2014

Sophia Domancich sur France Culture !

Hier, du jazz dans l’émission La Dispute d’Arnaud Laporte sur France Culture. On s’est pincé pour y croire.

 

 

 

Hier donc, dînant à la cuisine en rentrant du bureau et avant de rallumer un ordinateur, j’écoute la radio et tombe donc sur La Dispute d’Arnaud Laporte (France Culture). Le jeudi, c’est le soir de la musique : entendez par là, le soir de la chanson, puisqu’on y débat généralement de chanson ou d’art lyrique, et donc rarement de musique mais le plus souvent de paroles, de mises en scène, de mode vestimentaire, de production, de chiffres de vente, d’éléments biographiques et toute sorte de prétextes extra-musicaux. Hier, l’émission étant placée sous le signe de la francophonie, on écoute la chanteuse Daphné. Bon. J’avoue n’en avoir pas grand chose à  dire. Les intervenants non plus d’ailleurs, sinon qu’elle a eu le courage par le passé de chanter du Barbara – héroïque, en effet ! – et qu’elle a fait un bide avec un disque produit par Larry Klein, « vous savez, le mari de Joni Mitchell. » Bref, Véronique Mortaigne, invitée de La Dispute, aime bien le disque. C’est bien.


Je patiente, lavant ma vaisselle, brossant mes dents, taquinant chat qui cherche à ouvrir la boîte de chocolats, ouvrant mon ordinateur et survolant mes mails en attendant le coup de fil annoncé avec Sophia Domancich. Pourquoi Sophia Domancich soudain sur cette radio où le jazz (sauf à être vocal ou le fait d’artistes morts) et de manière générale la musique instrumentale improvisée et donc non formatée semblent interdits de séjour ? Parce que, jazzwoman, elle est une espèce de curiosité ? Parce que France Culture est partenaire d’A Vaulx Jazz où elle se produit ce soir ? L’explication est plus simple : elle se produit dans un spectacle sur Nina Simone, avec des chanteuses et le beat boxer Napoleon Maddox. Prétexte, vocal, musiques dites “actuelles” : tout rentre dans l’ordre. D’autant plus qu’on ne l’entendra pas jouer. Généralement, lorsqu’un jazzman instrumentiste est convié à La Dispute, c’est pour un entretien téléphonique, rarement pour faire entendre sa musique, plus rarement encore (peut-être même jamais) pour en débattre, ce qui est quasiment vrai également pour la musique contemporaine, sauf peut-être pour les officiels de l’Hexagone… Boulez, Manoury, Dusapin, et évidemment pour la musique hyper-formatée des deux stars du minimalisme, Steve Reich et surtout Philip Glass pour son opéra Einstein on the Beach qu’on nous matraqua l’an dernier.

Donc Sophia Domancich interrogée au téléphone, à propos d’un spectacle qui ne manque surement pas d’intérêt. On devrait se réjouir, d’autant plus qu’Arnaud Laporte pousse l’audace jusqu’à l’interroger sur ses projets personnels. Avec une liaison téléphonique donnant à sa voix un son de kazoo, elle nous apprend qu’elle a un duo avec Simon Goubert. Simon Goubert dont probablement ni Arnaud Laporte ni ses deux invités ne sauraient dire deux mots (de Sophia Domancich, ils savent désormais au moins dire que c’est la pianiste de Napoleon Maddox, comme Larry Klein est le mari de Joni Mitchell). Sur ce duo Domancich-Goubert qui est tout simplement l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné d’entendre ces dernières années, sur le piano de Sophia Domancich, sur la merveilleuse batterie de Simon Goubert… le couvercle de France Culture est refermé. Et probablement pour longtemps. Circulez, il n’y a rien à entendre. On aura préféré nous faire écouter le dj russe Mujuice, dont l’autre invité du soir, Ariel Wizman déclare : « une musique quasiment classique. Qu’est-ce qui lui manque, à part de vrais instruments, pour concurrencer Philip Glass. […] » Où l’on apprend que musique classique=Philip Glass. Voilà un conception très ouverte. Véronique Mortaigne trouve ça joli. C’est bien. Arnaud Laporte brûle d’en écouter d’avantage. Pas du duo Domancich-Goubert, non, mais de Mujuice. J’aurais tendance à retourner la question : qu’est-ce qui manque à Mujuice pour concurrencer Richard Clayderman ? Le remplacement de ses logiciels par un vrai piano ? Très objectivement, on peut penser que ça viendra. Pauvre Philip Glass.

 

Au fond, France Culture, on s’en fout un peu, mais cette anecdote hélas est assez typique de la surdité du monde de la culture pour le fait musical qui n’a plus d’autre fonction que celle de refrain à chantonner et de rythme à faire bouger entre deux prises de tête dans les sphères supérieures des arts destinés à questionner le public.

Franck Bergerot

 

Ce soir, 21 mars, à A Vaulx Jazz : A Riot Called Nina avec Napoleon Maddox, the Boxettes (Bellatrix, Alyusha Chagrin, Noe Joshua, Yvette Ribby-Williams, Kate Brown) (voix, beat-box), Sophia Domancich (piano). Mais aussi demain, 22 mars : le quintette de Robert Glasper, le duo Water Babies d’Armel Dupas (pianiste du nouveau groupe d’Henri Texier) et du batteur Corentin Rio. Le jeudi 27 : Bill Frisell avec l’altiste Eyvind Kang et le batteur Rudy Royston. Le 1er mars : Theo Ceccaldi Trio invite Joëlle Léandre. Le 4 : le trio de Brad Mehldau, etc. C’est détaillé dans l’agenda de Jazzmag.

 

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Hier, du jazz dans l’émission La Dispute d’Arnaud Laporte sur France Culture. On s’est pincé pour y croire.

 

 

 

Hier donc, dînant à la cuisine en rentrant du bureau et avant de rallumer un ordinateur, j’écoute la radio et tombe donc sur La Dispute d’Arnaud Laporte (France Culture). Le jeudi, c’est le soir de la musique : entendez par là, le soir de la chanson, puisqu’on y débat généralement de chanson ou d’art lyrique, et donc rarement de musique mais le plus souvent de paroles, de mises en scène, de mode vestimentaire, de production, de chiffres de vente, d’éléments biographiques et toute sorte de prétextes extra-musicaux. Hier, l’émission étant placée sous le signe de la francophonie, on écoute la chanteuse Daphné. Bon. J’avoue n’en avoir pas grand chose à  dire. Les intervenants non plus d’ailleurs, sinon qu’elle a eu le courage par le passé de chanter du Barbara – héroïque, en effet ! – et qu’elle a fait un bide avec un disque produit par Larry Klein, « vous savez, le mari de Joni Mitchell. » Bref, Véronique Mortaigne, invitée de La Dispute, aime bien le disque. C’est bien.


Je patiente, lavant ma vaisselle, brossant mes dents, taquinant chat qui cherche à ouvrir la boîte de chocolats, ouvrant mon ordinateur et survolant mes mails en attendant le coup de fil annoncé avec Sophia Domancich. Pourquoi Sophia Domancich soudain sur cette radio où le jazz (sauf à être vocal ou le fait d’artistes morts) et de manière générale la musique instrumentale improvisée et donc non formatée semblent interdits de séjour ? Parce que, jazzwoman, elle est une espèce de curiosité ? Parce que France Culture est partenaire d’A Vaulx Jazz où elle se produit ce soir ? L’explication est plus simple : elle se produit dans un spectacle sur Nina Simone, avec des chanteuses et le beat boxer Napoleon Maddox. Prétexte, vocal, musiques dites “actuelles” : tout rentre dans l’ordre. D’autant plus qu’on ne l’entendra pas jouer. Généralement, lorsqu’un jazzman instrumentiste est convié à La Dispute, c’est pour un entretien téléphonique, rarement pour faire entendre sa musique, plus rarement encore (peut-être même jamais) pour en débattre, ce qui est quasiment vrai également pour la musique contemporaine, sauf peut-être pour les officiels de l’Hexagone… Boulez, Manoury, Dusapin, et évidemment pour la musique hyper-formatée des deux stars du minimalisme, Steve Reich et surtout Philip Glass pour son opéra Einstein on the Beach qu’on nous matraqua l’an dernier.

Donc Sophia Domancich interrogée au téléphone, à propos d’un spectacle qui ne manque surement pas d’intérêt. On devrait se réjouir, d’autant plus qu’Arnaud Laporte pousse l’audace jusqu’à l’interroger sur ses projets personnels. Avec une liaison téléphonique donnant à sa voix un son de kazoo, elle nous apprend qu’elle a un duo avec Simon Goubert. Simon Goubert dont probablement ni Arnaud Laporte ni ses deux invités ne sauraient dire deux mots (de Sophia Domancich, ils savent désormais au moins dire que c’est la pianiste de Napoleon Maddox, comme Larry Klein est le mari de Joni Mitchell). Sur ce duo Domancich-Goubert qui est tout simplement l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné d’entendre ces dernières années, sur le piano de Sophia Domancich, sur la merveilleuse batterie de Simon Goubert… le couvercle de France Culture est refermé. Et probablement pour longtemps. Circulez, il n’y a rien à entendre. On aura préféré nous faire écouter le dj russe Mujuice, dont l’autre invité du soir, Ariel Wizman déclare : « une musique quasiment classique. Qu’est-ce qui lui manque, à part de vrais instruments, pour concurrencer Philip Glass. […] » Où l’on apprend que musique classique=Philip Glass. Voilà un conception très ouverte. Véronique Mortaigne trouve ça joli. C’est bien. Arnaud Laporte brûle d’en écouter d’avantage. Pas du duo Domancich-Goubert, non, mais de Mujuice. J’aurais tendance à retourner la question : qu’est-ce qui manque à Mujuice pour concurrencer Richard Clayderman ? Le remplacement de ses logiciels par un vrai piano ? Très objectivement, on peut penser que ça viendra. Pauvre Philip Glass.

 

Au fond, France Culture, on s’en fout un peu, mais cette anecdote hélas est assez typique de la surdité du monde de la culture pour le fait musical qui n’a plus d’autre fonction que celle de refrain à chantonner et de rythme à faire bouger entre deux prises de tête dans les sphères supérieures des arts destinés à questionner le public.

Franck Bergerot

 

Ce soir, 21 mars, à A Vaulx Jazz : A Riot Called Nina avec Napoleon Maddox, the Boxettes (Bellatrix, Alyusha Chagrin, Noe Joshua, Yvette Ribby-Williams, Kate Brown) (voix, beat-box), Sophia Domancich (piano). Mais aussi demain, 22 mars : le quintette de Robert Glasper, le duo Water Babies d’Armel Dupas (pianiste du nouveau groupe d’Henri Texier) et du batteur Corentin Rio. Le jeudi 27 : Bill Frisell avec l’altiste Eyvind Kang et le batteur Rudy Royston. Le 1er mars : Theo Ceccaldi Trio invite Joëlle Léandre. Le 4 : le trio de Brad Mehldau, etc. C’est détaillé dans l’agenda de Jazzmag.

 

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Hier, du jazz dans l’émission La Dispute d’Arnaud Laporte sur France Culture. On s’est pincé pour y croire.

 

 

 

Hier donc, dînant à la cuisine en rentrant du bureau et avant de rallumer un ordinateur, j’écoute la radio et tombe donc sur La Dispute d’Arnaud Laporte (France Culture). Le jeudi, c’est le soir de la musique : entendez par là, le soir de la chanson, puisqu’on y débat généralement de chanson ou d’art lyrique, et donc rarement de musique mais le plus souvent de paroles, de mises en scène, de mode vestimentaire, de production, de chiffres de vente, d’éléments biographiques et toute sorte de prétextes extra-musicaux. Hier, l’émission étant placée sous le signe de la francophonie, on écoute la chanteuse Daphné. Bon. J’avoue n’en avoir pas grand chose à  dire. Les intervenants non plus d’ailleurs, sinon qu’elle a eu le courage par le passé de chanter du Barbara – héroïque, en effet ! – et qu’elle a fait un bide avec un disque produit par Larry Klein, « vous savez, le mari de Joni Mitchell. » Bref, Véronique Mortaigne, invitée de La Dispute, aime bien le disque. C’est bien.


Je patiente, lavant ma vaisselle, brossant mes dents, taquinant chat qui cherche à ouvrir la boîte de chocolats, ouvrant mon ordinateur et survolant mes mails en attendant le coup de fil annoncé avec Sophia Domancich. Pourquoi Sophia Domancich soudain sur cette radio où le jazz (sauf à être vocal ou le fait d’artistes morts) et de manière générale la musique instrumentale improvisée et donc non formatée semblent interdits de séjour ? Parce que, jazzwoman, elle est une espèce de curiosité ? Parce que France Culture est partenaire d’A Vaulx Jazz où elle se produit ce soir ? L’explication est plus simple : elle se produit dans un spectacle sur Nina Simone, avec des chanteuses et le beat boxer Napoleon Maddox. Prétexte, vocal, musiques dites “actuelles” : tout rentre dans l’ordre. D’autant plus qu’on ne l’entendra pas jouer. Généralement, lorsqu’un jazzman instrumentiste est convié à La Dispute, c’est pour un entretien téléphonique, rarement pour faire entendre sa musique, plus rarement encore (peut-être même jamais) pour en débattre, ce qui est quasiment vrai également pour la musique contemporaine, sauf peut-être pour les officiels de l’Hexagone… Boulez, Manoury, Dusapin, et évidemment pour la musique hyper-formatée des deux stars du minimalisme, Steve Reich et surtout Philip Glass pour son opéra Einstein on the Beach qu’on nous matraqua l’an dernier.

Donc Sophia Domancich interrogée au téléphone, à propos d’un spectacle qui ne manque surement pas d’intérêt. On devrait se réjouir, d’autant plus qu’Arnaud Laporte pousse l’audace jusqu’à l’interroger sur ses projets personnels. Avec une liaison téléphonique donnant à sa voix un son de kazoo, elle nous apprend qu’elle a un duo avec Simon Goubert. Simon Goubert dont probablement ni Arnaud Laporte ni ses deux invités ne sauraient dire deux mots (de Sophia Domancich, ils savent désormais au moins dire que c’est la pianiste de Napoleon Maddox, comme Larry Klein est le mari de Joni Mitchell). Sur ce duo Domancich-Goubert qui est tout simplement l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné d’entendre ces dernières années, sur le piano de Sophia Domancich, sur la merveilleuse batterie de Simon Goubert… le couvercle de France Culture est refermé. Et probablement pour longtemps. Circulez, il n’y a rien à entendre. On aura préféré nous faire écouter le dj russe Mujuice, dont l’autre invité du soir, Ariel Wizman déclare : « une musique quasiment classique. Qu’est-ce qui lui manque, à part de vrais instruments, pour concurrencer Philip Glass. […] » Où l’on apprend que musique classique=Philip Glass. Voilà un conception très ouverte. Véronique Mortaigne trouve ça joli. C’est bien. Arnaud Laporte brûle d’en écouter d’avantage. Pas du duo Domancich-Goubert, non, mais de Mujuice. J’aurais tendance à retourner la question : qu’est-ce qui manque à Mujuice pour concurrencer Richard Clayderman ? Le remplacement de ses logiciels par un vrai piano ? Très objectivement, on peut penser que ça viendra. Pauvre Philip Glass.

 

Au fond, France Culture, on s’en fout un peu, mais cette anecdote hélas est assez typique de la surdité du monde de la culture pour le fait musical qui n’a plus d’autre fonction que celle de refrain à chantonner et de rythme à faire bouger entre deux prises de tête dans les sphères supérieures des arts destinés à questionner le public.

Franck Bergerot

 

Ce soir, 21 mars, à A Vaulx Jazz : A Riot Called Nina avec Napoleon Maddox, the Boxettes (Bellatrix, Alyusha Chagrin, Noe Joshua, Yvette Ribby-Williams, Kate Brown) (voix, beat-box), Sophia Domancich (piano). Mais aussi demain, 22 mars : le quintette de Robert Glasper, le duo Water Babies d’Armel Dupas (pianiste du nouveau groupe d’Henri Texier) et du batteur Corentin Rio. Le jeudi 27 : Bill Frisell avec l’altiste Eyvind Kang et le batteur Rudy Royston. Le 1er mars : Theo Ceccaldi Trio invite Joëlle Léandre. Le 4 : le trio de Brad Mehldau, etc. C’est détaillé dans l’agenda de Jazzmag.

 

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Hier, du jazz dans l’émission La Dispute d’Arnaud Laporte sur France Culture. On s’est pincé pour y croire.

 

 

 

Hier donc, dînant à la cuisine en rentrant du bureau et avant de rallumer un ordinateur, j’écoute la radio et tombe donc sur La Dispute d’Arnaud Laporte (France Culture). Le jeudi, c’est le soir de la musique : entendez par là, le soir de la chanson, puisqu’on y débat généralement de chanson ou d’art lyrique, et donc rarement de musique mais le plus souvent de paroles, de mises en scène, de mode vestimentaire, de production, de chiffres de vente, d’éléments biographiques et toute sorte de prétextes extra-musicaux. Hier, l’émission étant placée sous le signe de la francophonie, on écoute la chanteuse Daphné. Bon. J’avoue n’en avoir pas grand chose à  dire. Les intervenants non plus d’ailleurs, sinon qu’elle a eu le courage par le passé de chanter du Barbara – héroïque, en effet ! – et qu’elle a fait un bide avec un disque produit par Larry Klein, « vous savez, le mari de Joni Mitchell. » Bref, Véronique Mortaigne, invitée de La Dispute, aime bien le disque. C’est bien.


Je patiente, lavant ma vaisselle, brossant mes dents, taquinant chat qui cherche à ouvrir la boîte de chocolats, ouvrant mon ordinateur et survolant mes mails en attendant le coup de fil annoncé avec Sophia Domancich. Pourquoi Sophia Domancich soudain sur cette radio où le jazz (sauf à être vocal ou le fait d’artistes morts) et de manière générale la musique instrumentale improvisée et donc non formatée semblent interdits de séjour ? Parce que, jazzwoman, elle est une espèce de curiosité ? Parce que France Culture est partenaire d’A Vaulx Jazz où elle se produit ce soir ? L’explication est plus simple : elle se produit dans un spectacle sur Nina Simone, avec des chanteuses et le beat boxer Napoleon Maddox. Prétexte, vocal, musiques dites “actuelles” : tout rentre dans l’ordre. D’autant plus qu’on ne l’entendra pas jouer. Généralement, lorsqu’un jazzman instrumentiste est convié à La Dispute, c’est pour un entretien téléphonique, rarement pour faire entendre sa musique, plus rarement encore (peut-être même jamais) pour en débattre, ce qui est quasiment vrai également pour la musique contemporaine, sauf peut-être pour les officiels de l’Hexagone… Boulez, Manoury, Dusapin, et évidemment pour la musique hyper-formatée des deux stars du minimalisme, Steve Reich et surtout Philip Glass pour son opéra Einstein on the Beach qu’on nous matraqua l’an dernier.

Donc Sophia Domancich interrogée au téléphone, à propos d’un spectacle qui ne manque surement pas d’intérêt. On devrait se réjouir, d’autant plus qu’Arnaud Laporte pousse l’audace jusqu’à l’interroger sur ses projets personnels. Avec une liaison téléphonique donnant à sa voix un son de kazoo, elle nous apprend qu’elle a un duo avec Simon Goubert. Simon Goubert dont probablement ni Arnaud Laporte ni ses deux invités ne sauraient dire deux mots (de Sophia Domancich, ils savent désormais au moins dire que c’est la pianiste de Napoleon Maddox, comme Larry Klein est le mari de Joni Mitchell). Sur ce duo Domancich-Goubert qui est tout simplement l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné d’entendre ces dernières années, sur le piano de Sophia Domancich, sur la merveilleuse batterie de Simon Goubert… le couvercle de France Culture est refermé. Et probablement pour longtemps. Circulez, il n’y a rien à entendre. On aura préféré nous faire écouter le dj russe Mujuice, dont l’autre invité du soir, Ariel Wizman déclare : « une musique quasiment classique. Qu’est-ce qui lui manque, à part de vrais instruments, pour concurrencer Philip Glass. […] » Où l’on apprend que musique classique=Philip Glass. Voilà un conception très ouverte. Véronique Mortaigne trouve ça joli. C’est bien. Arnaud Laporte brûle d’en écouter d’avantage. Pas du duo Domancich-Goubert, non, mais de Mujuice. J’aurais tendance à retourner la question : qu’est-ce qui manque à Mujuice pour concurrencer Richard Clayderman ? Le remplacement de ses logiciels par un vrai piano ? Très objectivement, on peut penser que ça viendra. Pauvre Philip Glass.

 

Au fond, France Culture, on s’en fout un peu, mais cette anecdote hélas est assez typique de la surdité du monde de la culture pour le fait musical qui n’a plus d’autre fonction que celle de refrain à chantonner et de rythme à faire bouger entre deux prises de tête dans les sphères supérieures des arts destinés à questionner le public.

Franck Bergerot

 

Ce soir, 21 mars, à A Vaulx Jazz : A Riot Called Nina avec Napoleon Maddox, the Boxettes (Bellatrix, Alyusha Chagrin, Noe Joshua, Yvette Ribby-Williams, Kate Brown) (voix, beat-box), Sophia Domancich (piano). Mais aussi demain, 22 mars : le quintette de Robert Glasper, le duo Water Babies d’Armel Dupas (pianiste du nouveau groupe d’Henri Texier) et du batteur Corentin Rio. Le jeudi 27 : Bill Frisell avec l’altiste Eyvind Kang et le batteur Rudy Royston. Le 1er mars : Theo Ceccaldi Trio invite Joëlle Léandre. Le 4 : le trio de Brad Mehldau, etc. C’est détaillé dans l’agenda de Jazzmag.