Ce mercredi 8 novembre dans la salle tourangelle, la saxophoniste présentait à guichet fermé son dernier album en date, “Le Temps virtuose”.
In extremis, on se retrouve au Petit Faucheux pour voir la saxophoniste Sophie Alour et son Quartet dans le cadre du Festival Emergences 2023. Salle pleine, public plutôt diversifié. Charlie Parker, John Coltrane, Wayne Shorter, Sonny Rollins… : avant d’arriver, nous avions révisé nos classiques. Dans quelle catégorie Sophie Alour entrera-t-elle ?
Les musiciens arrivent : Sophie Alour, saxophone ténor et flûte, Anne Paceo, batterie et percussions, Pierre Perchaud, guitare, Guillaume Latil, violoncelle.
Au programme : dix morceaux extraits du nouvel album de la saxophoniste, “Le Temps Virtuose” (Choc Jazz Magazine !), qui vient tout juste de paraître. Le premier, Tout Nu, commence crescendo et gagne progressivement en intensité hypnotique ; d’un doux filet de voix, Anne Paceo accompagne le chant du saxophone. La musique nous entraîne dans une nature sauvage à l’horizon illimité, le suivant, Des lendemains qui chantent, dans une ambiance bleutée : le morceau est très rythmé, la guitare acoustique de Pierre Perchaud devient basse, le souffle d’Alour est puissant, franc, soutenu par la dextérité décontractée de la batteuse et la subtilité du violoncelle.
Le voyage continue aux confins du monde, l’ivresse de la liberté. Roulotte « en référence à Caravan de Duke Ellington » dixit la leadeure, c’est comme la discussion animée des quatre instruments autour d’un feu. Le voyage reprend avec Vent debout, ballade onirique pleine d’espoir, Sophie Alour à la flûte, Pierre Perchaud à la guitare avec les percussions d’Anne Paceo. Le violoncelle transcende notre imaginaire.
« En ces temps de reconstruction, j’ai choisi d’appeler le morceau qui va suivre Musique pour Messieurs », annonce Sophie. La promenade s’arrête au profit de la réflexion, de la puissance des notes. Le saxophone jaillit, puis s’adoucit. Et voilà Musique pour Dames : « Je vous donnerai le numéro de ma psy », sourit-elle. Douceur et force.
Tout le long du concert, un jeu de lumières raffiné et efficace accentue l’ambiance des morceaux. Sophie Alour regarde ses compagnons de scène, les met en valeur et vit la musique au moment de leur solo. Elle nous apprend qu’Anne Paceo a été son élève, que Pierre Perchaud est un musicien qu’elle admire depuis toujours et qu’elle est honorée qu’il soit là ; quant à Guillaume Latil, elle aime le son de son violoncelle – et espère qu’il en est de même pour nous.
L’avant dernier morceau, magnétique et ensorcelant, nous aurait presque fait danser. La salle est en transe, les têtes bougent à l’unisson, le saxophone devient charmeur : nous sommes envoûtés. Douceur, espièglerie, puissance du souffle : le son de son ténor et de sa flûte bruissent d’émotions ; nous voilà hors du temps, dans son monde. Bravo Sophie. Claude Gentiletti
PS : Merci à l’équipe du Petit Faucheux, aussi accueillante que souriante.