Sunset: Guitares illimitées
Ils sont venus pour deux sets dans la soirée. Plus que le titre de l’orchestre sans doute le nom des invités a généré une certaine curiosité au delà des seuls aficionados de la guitare jazz. Résultat : le club de la rue des Lombards a fait ke plein dés cette fin d’après-midi hivernale de froidure intense.
Guitar Unlimited :
Raymond Gimenes – Khalil Chahine, Amaury Filliard, Jimi Drouillard (guitare) Fifi Chayebo, Gilles Coquard(basse) Frederic Sicart
(batterie)
Invités:
Sylvain Luc, Thomas Dutronc, Claude Engel (guitare)
Le Sunset (Paris 7501), 21 janvier
On entre dans la danse au travers d’une entame classique avec « Four Brothers » sans pour autant relier ce titre au chiffre des guitares présentes. La machine tourne sans accroc; on distingue pourtant des sonorités différentes propre à chaque instrument du carré d’as réuni « Souvent nos concerts se passent avec la venue d’un ou plusieurs guests. Ce soir notre premier invité est à la fois guitariste et chanteur. » Thomas Dutronc, porteur d’une mèche de cheveux et de Ray Bans emblématiques du nom de la famille empoigne une guitare à caisse jazz. Le morceau « spécialement écrit à son intention » s’il faut en croire Gimernes sonne funky, objet d’un solo en rythmique appuyée et passages d’accords en hachures. Chaque thème exploré met en valeur l’un des guitaristes. La composition de Jimy Drouilard ressort rythm and blues et mélodique à la fois dans ses intonations. Le solo du vieux routier à la crinière argentée des scènes et studios parisiens jaillit façon gros son un peu saturé « sale » sur sa Télécaster de base. « Bern’s tune » offre à son tour venu le terrain de douceurs chantantes des phrasés à Khalil Chahine. « Take the A train » du Duke, un des premiers thèmes enregistrés par le groupe, résonne plus strictement collectif.
« Invité no 2: Claude Engel » Avec lui on demeure dans le monde « illimité » certes. mais répertorié pour autant des guitaristes distingués et de leurs guitares chéries. Plutôt élégant dans une veste chinée de noir et d’or le guitariste définitivement attaché question image musicale bis à vis d’une certaine génération de boomers à celle de Magma, reste fidèle à sa « Strato » de chez Fender. Sa « compo » « Rock boogie » livre une démonstration toute en glissando de notes ou accords sur le manche.
Il avait bien été annoncé en tant que tel, double face guitariste et chanteur, sinon crooner… Thomas Dutronc revient alors chanter le « Basie » d’Henri Salvador, un costume d’interprète qui va bien à sa voix, sa manière . lL’accompagnement des quatre guitares additionnées, entremêlées juste ce que il faut, dans le ton idoine, aidée d’une rythmique elle aussi juste dans les couleurs, offre un beau tapis de softitude « going down slow »
Quand Sylvain Luc, « invité no 3 » apparaît l´univers guitare tout de suite prend une autre dimension. Il n’en fait ni trop ni trop au dessus. Simplement sa guitare vit autrement. Tous les autres du métier du manche ici réunis sur la scène du Sunset le savaient d’avance. Il n’aura aligné qu’un chorus, peut-être deux. Suffisant pour dire son fait. Inscrire sa marque sur les six cordes. Et voir Thomas Dutronc, lui en particulier le manger carrément des yeux pendant l’exercice vaut preuve.
Bon, bref, guitare de modèle ou pas mais guitariste toujours lancé sur le tremplin d’un manche, la vie du jazz et d’ailleurs, elle sonne comme ça. « Unlimited »
Robert Latxague