François et Louis Moutin invitent Arkadiy Figlin au Sunside
Plaisir pour le chroniqueur de retrouver les Frères Moutin ensemble, et de surcroît avec un pianiste qu’ils avaient accompagné en 1989 pour la finale du Concours international de piano jazz Martial Solal, dont ils étaient l’une des sections rythmiques favorites. Le pianiste russe Arkadiy Figlin avait alors obtenu le 3ème prix, et les deux frères, comme c’est arrivé à plusieurs reprise au fil des années dans ce concours, avaient eu un coup de foudre pour le jeu de ce musicien. Le pianiste s’était installé à New York peu après, menant une carrière de concertiste dans le grand répertoire (Prokofiev, Rachmaninov….) tout en jouant dans les festivals de jazz, et en composant des musiques de ballets pour le Lincoln Center. Ils se sont retrouvés à New York en 2021 & 2022 pour enregistrer deux disques («Father’s Day» & «Lake Of Dreams»). Et les voici à nouveau réunis, cette fois à Paris
FRANÇOIS & LOUIS MOUTIN invitent ARKADIY FIGLIN
Arkadiy Figlin (piano), François Moutin (contrebasse), Louis Moutin (batterie)
Paris, Sunside, 8 août 2023, 21h)
Après quelques mots en français le pianiste présente, en anglais, ses partenaires ‘The Magnificent Moutin’. Et le concert commence, avec des thèmes issus notamment de leurs deux disques : des standards, et pas forcément les plus connus, mais les mieux choisis, pour leur prédisposition à la relecture ; et des compositions du pianiste, dont l’une est dédiée à sa chienne adulée (Princess Ruby). L’atmosphère parcourt de larges territoires, d’un lyrisme ‘à la Bill Evans’ jusqu’à une ambiance funky propre à ranimer les cendres de Bobby Timmons ou de Ramsey Lewis. Nous aurons aussi des thèmes de Burt Bacharach (entrelardé me semble-t-il de citations de Lennon & McCartney….), et de Gabriel Fauré, ainsi qu’une très belle version des Feuilles Mortes , avec une intro et une coda fuguées propres à nous dépayser. La joie de jouer est évidente, l’engagement de chacun est extrême, pour une musique de vertige où le plaisir efface tout danger d’ostentation. Bref l’amateur que je suis était aux anges.
Après l’entracte la fête continua, mais un peu avant 23h le chroniqueur dut déserter, toujours en proie aux affres des suppressions de RER ‘E’ en soirée. Il n’y en avait déjà plus. Ce fut la ligne 5 du métro jusqu’à Bobigny avant que les bus 303 ne viennent à manquer (récemment j’avais du faire près de 5 km à pied à partir de la station Pablo Picasso pour regagner mon logis….) mais, Ô divine surprise, bus il y avait, et pour la première fois depuis deux ans à ces heures là, il y avait une place assise ! Heureuse conclusion pour une soirée musicale qui m’avait comblé.
texte et photos de Xavier Prévost