Sylvain Darrifourcq entre John Zorn et Ligeti
Samedi soir au Triton, Sylvain Darrifourcq a proposé des expérimentations sonores entre Lygeti et John Zorn défendues avec une vitalité et une euphorie contagieuses.
Sylvain Darrifourcq (batterie, percussions, bidules), Théo Ceccaldi (violon), valentin Ceccaldi (cello), le 16 janvier au triton, mairie des Lilas (75020 Paris)
Le concert commence avec un ostinato au violoncelle, puis au violon, et leurs deux trajectoires s’entrecroisent et se superposent dans une montée progressive d’intensité tandis que les deux frangins Ceccaldi ne se perdent pas des yeux. Sylvain Darrifourcq ajoute des flammèches à l’embrasement général. Au bout de quelques minutes, la tension atteint son paroxysme, avec Théo Ceccaldi qui voltige dans les aigus. A cette mise en tension brutale succède un silence épais, palpable, que vient remplir une note de violoncelle obstinément répétée par Valentin Ceccaldi. Après diverses péripéties se construit un dialogue à trois où chacun semble se cantonner dans un registre harmonique et rythmique particulier, Théo Ceccaldi proposant un de pépiement dans l’aigu de son violon, Valentin ceccaldi une sorte de riff, et Sylvain Darrifourcq une petite symphonie assortie de sonneries de téléphones. Il faut préciser ici que Sylvain Darrifourcq fait partie de la catégorie des « batteurs à bidules », aimant épicer (de manière toujours très dosée) ses improvisations de sonorités étrangères à la batterie sans se limiter à ses baguettes ou mailloches (un peu plus tard dans le concert, on le verra même utiliser un cintre…). Et donc, comme chacun reste rivé à son registre harmonique et rythmique, Il en découle une sorte d’effet de conversation, et même de dispute, puisque chacun semble assener avec obstination la même phrase.
Ensuite viennent d’autres explorations sonores. L’une de mes préférées est cet élégant délire bruitiste conçu par Sylvain Darrifourcq. Ici, peu ou pas d’improvisations. La parole circule à vive allure entre les trois musiciens avec de vifs contrastes de timbre, de son, de hauteur qui donnent un aspect ludique et cartoonesque à l’ensemble. Cinq ou six minutes intenses, drôles, réjouissantes.
D’autres configurations sonores sont testées en variant à chaque fois les degrés d’intervention de chacun. Le concert se clôt sur un climat romantique entretenu au violon et au violoncelle par Valentin et Théo ceccaldi, et que Sylvain Darrifourcq vient attaquer frontalement avec une batterie agressive. Le contraste est drôle, saisissant. Ce morceau (il s’agit de Chauve et courtois, qui fait écho, j’imagine, à Bien peigné en toutes occasions qui ouvrait le concert) résume le concert: une musique inventive, fourmillante d’idées, très dense, avec toujours l’humour en bandoulière. On retrouve cet humour et cette énergie sur le disque que vient de sortir le trio, « In Love With » (Chez Becoq records).
Après le concert, j’échange quelques mots avec Sylvain Darrifourcq. Il décrit la musique jouée ce soir comme une étape avant le grand saut dans un autre univers compositionnel : « j’ai vécu ce disque comme une sorte de manière d’aller au bout de mon chemin avec la musique narrative. En ce moment j’ai envie d’autres choses. J’ai envie par exemple d’explorer la dimension répétitive de la musique, de travailler sur la perception du temps. J’ai pas mal écouté le concerto pour cent métronomes de Ligeti. Cela m’inspire beaucoup, je trouve que c’est une musique qui possède une force symbolique incroyable… »
Un batteur, qui rêve de métronomes, cela semble logique. Mais de cent métronomes, voilà qui est extraordinaire…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
site personnel www.annie-claire.com
Exposition en cours au Triton
PS: On recommande bien sûr d’acheter le disque de Sylvain darrifourcq, In Love with. On peut écouter cet ébouriffant trio actuellement en tournée. Les dates sont disponibles sur le site de Sylvain darrifourcq (www.sylvaindarrifourcq.com). Par ailleurs les occasions d’écouter Sylvain darrifourcq seront nombreuses puisque le Triton a eu la bonne idée de lui confier une carte blanche pour 2016.
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Samedi soir au Triton, Sylvain Darrifourcq a proposé des expérimentations sonores entre Lygeti et John Zorn défendues avec une vitalité et une euphorie contagieuses.
Sylvain Darrifourcq (batterie, percussions, bidules), Théo Ceccaldi (violon), valentin Ceccaldi (cello), le 16 janvier au triton, mairie des Lilas (75020 Paris)
Le concert commence avec un ostinato au violoncelle, puis au violon, et leurs deux trajectoires s’entrecroisent et se superposent dans une montée progressive d’intensité tandis que les deux frangins Ceccaldi ne se perdent pas des yeux. Sylvain Darrifourcq ajoute des flammèches à l’embrasement général. Au bout de quelques minutes, la tension atteint son paroxysme, avec Théo Ceccaldi qui voltige dans les aigus. A cette mise en tension brutale succède un silence épais, palpable, que vient remplir une note de violoncelle obstinément répétée par Valentin Ceccaldi. Après diverses péripéties se construit un dialogue à trois où chacun semble se cantonner dans un registre harmonique et rythmique particulier, Théo Ceccaldi proposant un de pépiement dans l’aigu de son violon, Valentin ceccaldi une sorte de riff, et Sylvain Darrifourcq une petite symphonie assortie de sonneries de téléphones. Il faut préciser ici que Sylvain Darrifourcq fait partie de la catégorie des « batteurs à bidules », aimant épicer (de manière toujours très dosée) ses improvisations de sonorités étrangères à la batterie sans se limiter à ses baguettes ou mailloches (un peu plus tard dans le concert, on le verra même utiliser un cintre…). Et donc, comme chacun reste rivé à son registre harmonique et rythmique, Il en découle une sorte d’effet de conversation, et même de dispute, puisque chacun semble assener avec obstination la même phrase.
Ensuite viennent d’autres explorations sonores. L’une de mes préférées est cet élégant délire bruitiste conçu par Sylvain Darrifourcq. Ici, peu ou pas d’improvisations. La parole circule à vive allure entre les trois musiciens avec de vifs contrastes de timbre, de son, de hauteur qui donnent un aspect ludique et cartoonesque à l’ensemble. Cinq ou six minutes intenses, drôles, réjouissantes.
D’autres configurations sonores sont testées en variant à chaque fois les degrés d’intervention de chacun. Le concert se clôt sur un climat romantique entretenu au violon et au violoncelle par Valentin et Théo ceccaldi, et que Sylvain Darrifourcq vient attaquer frontalement avec une batterie agressive. Le contraste est drôle, saisissant. Ce morceau (il s’agit de Chauve et courtois, qui fait écho, j’imagine, à Bien peigné en toutes occasions qui ouvrait le concert) résume le concert: une musique inventive, fourmillante d’idées, très dense, avec toujours l’humour en bandoulière. On retrouve cet humour et cette énergie sur le disque que vient de sortir le trio, « In Love With » (Chez Becoq records).
Après le concert, j’échange quelques mots avec Sylvain Darrifourcq. Il décrit la musique jouée ce soir comme une étape avant le grand saut dans un autre univers compositionnel : « j’ai vécu ce disque comme une sorte de manière d’aller au bout de mon chemin avec la musique narrative. En ce moment j’ai envie d’autres choses. J’ai envie par exemple d’explorer la dimension répétitive de la musique, de travailler sur la perception du temps. J’ai pas mal écouté le concerto pour cent métronomes de Ligeti. Cela m’inspire beaucoup, je trouve que c’est une musique qui possède une force symbolique incroyable… »
Un batteur, qui rêve de métronomes, cela semble logique. Mais de cent métronomes, voilà qui est extraordinaire…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
site personnel www.annie-claire.com
Exposition en cours au Triton
PS: On recommande bien sûr d’acheter le disque de Sylvain darrifourcq, In Love with. On peut écouter cet ébouriffant trio actuellement en tournée. Les dates sont disponibles sur le site de Sylvain darrifourcq (www.sylvaindarrifourcq.com). Par ailleurs les occasions d’écouter Sylvain darrifourcq seront nombreuses puisque le Triton a eu la bonne idée de lui confier une carte blanche pour 2016.
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Samedi soir au Triton, Sylvain Darrifourcq a proposé des expérimentations sonores entre Lygeti et John Zorn défendues avec une vitalité et une euphorie contagieuses.
Sylvain Darrifourcq (batterie, percussions, bidules), Théo Ceccaldi (violon), valentin Ceccaldi (cello), le 16 janvier au triton, mairie des Lilas (75020 Paris)
Le concert commence avec un ostinato au violoncelle, puis au violon, et leurs deux trajectoires s’entrecroisent et se superposent dans une montée progressive d’intensité tandis que les deux frangins Ceccaldi ne se perdent pas des yeux. Sylvain Darrifourcq ajoute des flammèches à l’embrasement général. Au bout de quelques minutes, la tension atteint son paroxysme, avec Théo Ceccaldi qui voltige dans les aigus. A cette mise en tension brutale succède un silence épais, palpable, que vient remplir une note de violoncelle obstinément répétée par Valentin Ceccaldi. Après diverses péripéties se construit un dialogue à trois où chacun semble se cantonner dans un registre harmonique et rythmique particulier, Théo Ceccaldi proposant un de pépiement dans l’aigu de son violon, Valentin ceccaldi une sorte de riff, et Sylvain Darrifourcq une petite symphonie assortie de sonneries de téléphones. Il faut préciser ici que Sylvain Darrifourcq fait partie de la catégorie des « batteurs à bidules », aimant épicer (de manière toujours très dosée) ses improvisations de sonorités étrangères à la batterie sans se limiter à ses baguettes ou mailloches (un peu plus tard dans le concert, on le verra même utiliser un cintre…). Et donc, comme chacun reste rivé à son registre harmonique et rythmique, Il en découle une sorte d’effet de conversation, et même de dispute, puisque chacun semble assener avec obstination la même phrase.
Ensuite viennent d’autres explorations sonores. L’une de mes préférées est cet élégant délire bruitiste conçu par Sylvain Darrifourcq. Ici, peu ou pas d’improvisations. La parole circule à vive allure entre les trois musiciens avec de vifs contrastes de timbre, de son, de hauteur qui donnent un aspect ludique et cartoonesque à l’ensemble. Cinq ou six minutes intenses, drôles, réjouissantes.
D’autres configurations sonores sont testées en variant à chaque fois les degrés d’intervention de chacun. Le concert se clôt sur un climat romantique entretenu au violon et au violoncelle par Valentin et Théo ceccaldi, et que Sylvain Darrifourcq vient attaquer frontalement avec une batterie agressive. Le contraste est drôle, saisissant. Ce morceau (il s’agit de Chauve et courtois, qui fait écho, j’imagine, à Bien peigné en toutes occasions qui ouvrait le concert) résume le concert: une musique inventive, fourmillante d’idées, très dense, avec toujours l’humour en bandoulière. On retrouve cet humour et cette énergie sur le disque que vient de sortir le trio, « In Love With » (Chez Becoq records).
Après le concert, j’échange quelques mots avec Sylvain Darrifourcq. Il décrit la musique jouée ce soir comme une étape avant le grand saut dans un autre univers compositionnel : « j’ai vécu ce disque comme une sorte de manière d’aller au bout de mon chemin avec la musique narrative. En ce moment j’ai envie d’autres choses. J’ai envie par exemple d’explorer la dimension répétitive de la musique, de travailler sur la perception du temps. J’ai pas mal écouté le concerto pour cent métronomes de Ligeti. Cela m’inspire beaucoup, je trouve que c’est une musique qui possède une force symbolique incroyable… »
Un batteur, qui rêve de métronomes, cela semble logique. Mais de cent métronomes, voilà qui est extraordinaire…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
site personnel www.annie-claire.com
Exposition en cours au Triton
PS: On recommande bien sûr d’acheter le disque de Sylvain darrifourcq, In Love with. On peut écouter cet ébouriffant trio actuellement en tournée. Les dates sont disponibles sur le site de Sylvain darrifourcq (www.sylvaindarrifourcq.com). Par ailleurs les occasions d’écouter Sylvain darrifourcq seront nombreuses puisque le Triton a eu la bonne idée de lui confier une carte blanche pour 2016.
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Samedi soir au Triton, Sylvain Darrifourcq a proposé des expérimentations sonores entre Lygeti et John Zorn défendues avec une vitalité et une euphorie contagieuses.
Sylvain Darrifourcq (batterie, percussions, bidules), Théo Ceccaldi (violon), valentin Ceccaldi (cello), le 16 janvier au triton, mairie des Lilas (75020 Paris)
Le concert commence avec un ostinato au violoncelle, puis au violon, et leurs deux trajectoires s’entrecroisent et se superposent dans une montée progressive d’intensité tandis que les deux frangins Ceccaldi ne se perdent pas des yeux. Sylvain Darrifourcq ajoute des flammèches à l’embrasement général. Au bout de quelques minutes, la tension atteint son paroxysme, avec Théo Ceccaldi qui voltige dans les aigus. A cette mise en tension brutale succède un silence épais, palpable, que vient remplir une note de violoncelle obstinément répétée par Valentin Ceccaldi. Après diverses péripéties se construit un dialogue à trois où chacun semble se cantonner dans un registre harmonique et rythmique particulier, Théo Ceccaldi proposant un de pépiement dans l’aigu de son violon, Valentin ceccaldi une sorte de riff, et Sylvain Darrifourcq une petite symphonie assortie de sonneries de téléphones. Il faut préciser ici que Sylvain Darrifourcq fait partie de la catégorie des « batteurs à bidules », aimant épicer (de manière toujours très dosée) ses improvisations de sonorités étrangères à la batterie sans se limiter à ses baguettes ou mailloches (un peu plus tard dans le concert, on le verra même utiliser un cintre…). Et donc, comme chacun reste rivé à son registre harmonique et rythmique, Il en découle une sorte d’effet de conversation, et même de dispute, puisque chacun semble assener avec obstination la même phrase.
Ensuite viennent d’autres explorations sonores. L’une de mes préférées est cet élégant délire bruitiste conçu par Sylvain Darrifourcq. Ici, peu ou pas d’improvisations. La parole circule à vive allure entre les trois musiciens avec de vifs contrastes de timbre, de son, de hauteur qui donnent un aspect ludique et cartoonesque à l’ensemble. Cinq ou six minutes intenses, drôles, réjouissantes.
D’autres configurations sonores sont testées en variant à chaque fois les degrés d’intervention de chacun. Le concert se clôt sur un climat romantique entretenu au violon et au violoncelle par Valentin et Théo ceccaldi, et que Sylvain Darrifourcq vient attaquer frontalement avec une batterie agressive. Le contraste est drôle, saisissant. Ce morceau (il s’agit de Chauve et courtois, qui fait écho, j’imagine, à Bien peigné en toutes occasions qui ouvrait le concert) résume le concert: une musique inventive, fourmillante d’idées, très dense, avec toujours l’humour en bandoulière. On retrouve cet humour et cette énergie sur le disque que vient de sortir le trio, « In Love With » (Chez Becoq records).
Après le concert, j’échange quelques mots avec Sylvain Darrifourcq. Il décrit la musique jouée ce soir comme une étape avant le grand saut dans un autre univers compositionnel : « j’ai vécu ce disque comme une sorte de manière d’aller au bout de mon chemin avec la musique narrative. En ce moment j’ai envie d’autres choses. J’ai envie par exemple d’explorer la dimension répétitive de la musique, de travailler sur la perception du temps. J’ai pas mal écouté le concerto pour cent métronomes de Ligeti. Cela m’inspire beaucoup, je trouve que c’est une musique qui possède une force symbolique incroyable… »
Un batteur, qui rêve de métronomes, cela semble logique. Mais de cent métronomes, voilà qui est extraordinaire…
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
site personnel www.annie-claire.com
Exposition en cours au Triton
PS: On recommande bien sûr d’acheter le disque de Sylvain darrifourcq, In Love with. On peut écouter cet ébouriffant trio actuellement en tournée. Les dates sont disponibles sur le site de Sylvain darrifourcq (www.sylvaindarrifourcq.com). Par ailleurs les occasions d’écouter Sylvain darrifourcq seront nombreuses puisque le Triton a eu la bonne idée de lui confier une carte blanche pour 2016.