Terre de Jazz, Poucharramet (31), du 22 au 30 avril
S’il est un festival rafraîchissant, c’est bien Terre de Jazz. A chaque printemps, il refleurit avec les lilas et les glycines. Il illumine la terre du Comminges, dans le Sud-Ouest de la France. Rayonne de son berceau de Poucharramet (les lecteurs de ce blog ont déjà entendu vanter les séductions de ce petit village) jusqu’à ses entours plus ou moins immédiats.Cette année encore, du 22 au 30 avril, les organisateurs du café associatif La Maison de la Terre restent fidèles à une mission qu’ils assument depuis huit ans : faire connaître le jazz (et aussi, soyons complet, les musiques cousines, apparentées, voisines et autres appellations) dans le milieu rural, réputé privé de cette « culture » dont on nous tympanise à tout propos. En d’autres termes, un festival « fédérateur et populaire » placé « sous le signe de l’éclectisme et de la mixité des publics ». Un programme auquel il est difficile de ne pas souscrire. La définition pourrait être, du reste, à l’heure actuelle, celle de nombre de festivals « de jazz »…
Mais foin des controverses sémantiques. Louons plutôt une équipe passionnée, disposant de petits moyens. Soucieuse de promouvoir avant tout des artistes régionaux, souvent peu médiatisés à l’échelle nationale, mais qui réservent parfois de bien belles surprises.
Soirée d’ouverture le samedi 22 à La Maison de la Terre, réservée aux invités, officiels et sponsors. Sangria et petits fours, cris et chuchotements. Sur scène, le groupe Muzungu s’évertue. Un duo dédié, nous dit-on, à la « Raw Soul Music ». Gaëlle chante et esquisse des pas de danse. Jonathan l’accompagne à la guitare et mêle sa voix à la sienne. Elle a piqué dans sa chevelure une fleur de gardénia. Ou de camélia, allez savoir. Allusion implicite à Billie – même si la fleur est de couleur pourpre. De toute façon, impossible de poursuivre plus loin un improbable parallèle. La musique arrive par bribes, parasitée, court-circuitée par les conversations. Parenthèse : comment en est-on arrivé à considérer le rôle de la musique comme celui d’un simple bruit de fond ? Un ameublement ? On n’ose imaginer la réaction d’un Keith Jarrett. Ou, mutatis mutandis, d’un Rostropovitch interprétant dans le brouhaha une suite de Bach. Il faut plaindre les musiciens de jazz, ou, en l’occurrence, de raw soul music, lorsqu’ils sont exposés à de telles conditions !
N’ayant pu assister le lendemain, en l’église de Lherm, au concert des Soulshine Voices, je ne saurais commenter la prestation d’un groupe qui mêle le gospel avec la Soul et aussi, nous assure le programme, « le jazz et le funk ». En revanche, lundi 24, la leçon de jazz donnée à la Maison de la Terre par Nicolas Gardel (tp) et Thierry Ollé (elp) ne manquait pas d’intérêt – et d’abord dans son principe même : introduire une pincée de pédagogie à l’usage d’un public peu familier avec le jazz. Ainsi, c’est une assistance studieuse qui découvre l’histoire de Miles Davis. Son histoire et sa légende. Sa musique et son parcours, du bop et de Parker au Hip-Hop, en passant par le cool, le hard bop, le jazz modal. Des morceaux emblématiques (Ornithologie, Walkin’, Airegin, So What, ‘Round Midnight et autres Autumn Leaves, jusqu’ à Freddie Freeloader en rappel), interprétés en duo, viennent illustrer le propos du trompettiste.
Celui-ci se révèle conteur vivant et pétri d’humour. Il tient son public en haleine, multiplie les anecdotes, met les détails purement techniques ou musicologiques de son exposé à la portée de tous. Quant à l’instrumentiste, qu’il use ou non de la sourdine Harmon chère à Miles, c’est un technicien hors pair. Assurément l’un des meilleurs de sa génération. On le savait déjà, notamment grâce à ses prestations au sein des Headbangers, ce sextette qu’il a créé et qu’il dirige. Thierry Ollé s’affirme pour sa part, et une fois de plus, pianiste complet, à l’aise dans tous les contextes. Sa main gauche tient lieu d’une section rythmique entière. Ses dons d’improvisateur ne sont plus à prouver. Bref, une soirée dense, aussi instructive que captivante. La suite de ce festival devrait nous en réserver d’autres.
Jacques Aboucaya|S’il est un festival rafraîchissant, c’est bien Terre de Jazz. A chaque printemps, il refleurit avec les lilas et les glycines. Il illumine la terre du Comminges, dans le Sud-Ouest de la France. Rayonne de son berceau de Poucharramet (les lecteurs de ce blog ont déjà entendu vanter les séductions de ce petit village) jusqu’à ses entours plus ou moins immédiats.Cette année encore, du 22 au 30 avril, les organisateurs du café associatif La Maison de la Terre restent fidèles à une mission qu’ils assument depuis huit ans : faire connaître le jazz (et aussi, soyons complet, les musiques cousines, apparentées, voisines et autres appellations) dans le milieu rural, réputé privé de cette « culture » dont on nous tympanise à tout propos. En d’autres termes, un festival « fédérateur et populaire » placé « sous le signe de l’éclectisme et de la mixité des publics ». Un programme auquel il est difficile de ne pas souscrire. La définition pourrait être, du reste, à l’heure actuelle, celle de nombre de festivals « de jazz »…
Mais foin des controverses sémantiques. Louons plutôt une équipe passionnée, disposant de petits moyens. Soucieuse de promouvoir avant tout des artistes régionaux, souvent peu médiatisés à l’échelle nationale, mais qui réservent parfois de bien belles surprises.
Soirée d’ouverture le samedi 22 à La Maison de la Terre, réservée aux invités, officiels et sponsors. Sangria et petits fours, cris et chuchotements. Sur scène, le groupe Muzungu s’évertue. Un duo dédié, nous dit-on, à la « Raw Soul Music ». Gaëlle chante et esquisse des pas de danse. Jonathan l’accompagne à la guitare et mêle sa voix à la sienne. Elle a piqué dans sa chevelure une fleur de gardénia. Ou de camélia, allez savoir. Allusion implicite à Billie – même si la fleur est de couleur pourpre. De toute façon, impossible de poursuivre plus loin un improbable parallèle. La musique arrive par bribes, parasitée, court-circuitée par les conversations. Parenthèse : comment en est-on arrivé à considérer le rôle de la musique comme celui d’un simple bruit de fond ? Un ameublement ? On n’ose imaginer la réaction d’un Keith Jarrett. Ou, mutatis mutandis, d’un Rostropovitch interprétant dans le brouhaha une suite de Bach. Il faut plaindre les musiciens de jazz, ou, en l’occurrence, de raw soul music, lorsqu’ils sont exposés à de telles conditions !
N’ayant pu assister le lendemain, en l’église de Lherm, au concert des Soulshine Voices, je ne saurais commenter la prestation d’un groupe qui mêle le gospel avec la Soul et aussi, nous assure le programme, « le jazz et le funk ». En revanche, lundi 24, la leçon de jazz donnée à la Maison de la Terre par Nicolas Gardel (tp) et Thierry Ollé (elp) ne manquait pas d’intérêt – et d’abord dans son principe même : introduire une pincée de pédagogie à l’usage d’un public peu familier avec le jazz. Ainsi, c’est une assistance studieuse qui découvre l’histoire de Miles Davis. Son histoire et sa légende. Sa musique et son parcours, du bop et de Parker au Hip-Hop, en passant par le cool, le hard bop, le jazz modal. Des morceaux emblématiques (Ornithologie, Walkin’, Airegin, So What, ‘Round Midnight et autres Autumn Leaves, jusqu’ à Freddie Freeloader en rappel), interprétés en duo, viennent illustrer le propos du trompettiste.
Celui-ci se révèle conteur vivant et pétri d’humour. Il tient son public en haleine, multiplie les anecdotes, met les détails purement techniques ou musicologiques de son exposé à la portée de tous. Quant à l’instrumentiste, qu’il use ou non de la sourdine Harmon chère à Miles, c’est un technicien hors pair. Assurément l’un des meilleurs de sa génération. On le savait déjà, notamment grâce à ses prestations au sein des Headbangers, ce sextette qu’il a créé et qu’il dirige. Thierry Ollé s’affirme pour sa part, et une fois de plus, pianiste complet, à l’aise dans tous les contextes. Sa main gauche tient lieu d’une section rythmique entière. Ses dons d’improvisateur ne sont plus à prouver. Bref, une soirée dense, aussi instructive que captivante. La suite de ce festival devrait nous en réserver d’autres.
Jacques Aboucaya|S’il est un festival rafraîchissant, c’est bien Terre de Jazz. A chaque printemps, il refleurit avec les lilas et les glycines. Il illumine la terre du Comminges, dans le Sud-Ouest de la France. Rayonne de son berceau de Poucharramet (les lecteurs de ce blog ont déjà entendu vanter les séductions de ce petit village) jusqu’à ses entours plus ou moins immédiats.Cette année encore, du 22 au 30 avril, les organisateurs du café associatif La Maison de la Terre restent fidèles à une mission qu’ils assument depuis huit ans : faire connaître le jazz (et aussi, soyons complet, les musiques cousines, apparentées, voisines et autres appellations) dans le milieu rural, réputé privé de cette « culture » dont on nous tympanise à tout propos. En d’autres termes, un festival « fédérateur et populaire » placé « sous le signe de l’éclectisme et de la mixité des publics ». Un programme auquel il est difficile de ne pas souscrire. La définition pourrait être, du reste, à l’heure actuelle, celle de nombre de festivals « de jazz »…
Mais foin des controverses sémantiques. Louons plutôt une équipe passionnée, disposant de petits moyens. Soucieuse de promouvoir avant tout des artistes régionaux, souvent peu médiatisés à l’échelle nationale, mais qui réservent parfois de bien belles surprises.
Soirée d’ouverture le samedi 22 à La Maison de la Terre, réservée aux invités, officiels et sponsors. Sangria et petits fours, cris et chuchotements. Sur scène, le groupe Muzungu s’évertue. Un duo dédié, nous dit-on, à la « Raw Soul Music ». Gaëlle chante et esquisse des pas de danse. Jonathan l’accompagne à la guitare et mêle sa voix à la sienne. Elle a piqué dans sa chevelure une fleur de gardénia. Ou de camélia, allez savoir. Allusion implicite à Billie – même si la fleur est de couleur pourpre. De toute façon, impossible de poursuivre plus loin un improbable parallèle. La musique arrive par bribes, parasitée, court-circuitée par les conversations. Parenthèse : comment en est-on arrivé à considérer le rôle de la musique comme celui d’un simple bruit de fond ? Un ameublement ? On n’ose imaginer la réaction d’un Keith Jarrett. Ou, mutatis mutandis, d’un Rostropovitch interprétant dans le brouhaha une suite de Bach. Il faut plaindre les musiciens de jazz, ou, en l’occurrence, de raw soul music, lorsqu’ils sont exposés à de telles conditions !
N’ayant pu assister le lendemain, en l’église de Lherm, au concert des Soulshine Voices, je ne saurais commenter la prestation d’un groupe qui mêle le gospel avec la Soul et aussi, nous assure le programme, « le jazz et le funk ». En revanche, lundi 24, la leçon de jazz donnée à la Maison de la Terre par Nicolas Gardel (tp) et Thierry Ollé (elp) ne manquait pas d’intérêt – et d’abord dans son principe même : introduire une pincée de pédagogie à l’usage d’un public peu familier avec le jazz. Ainsi, c’est une assistance studieuse qui découvre l’histoire de Miles Davis. Son histoire et sa légende. Sa musique et son parcours, du bop et de Parker au Hip-Hop, en passant par le cool, le hard bop, le jazz modal. Des morceaux emblématiques (Ornithologie, Walkin’, Airegin, So What, ‘Round Midnight et autres Autumn Leaves, jusqu’ à Freddie Freeloader en rappel), interprétés en duo, viennent illustrer le propos du trompettiste.
Celui-ci se révèle conteur vivant et pétri d’humour. Il tient son public en haleine, multiplie les anecdotes, met les détails purement techniques ou musicologiques de son exposé à la portée de tous. Quant à l’instrumentiste, qu’il use ou non de la sourdine Harmon chère à Miles, c’est un technicien hors pair. Assurément l’un des meilleurs de sa génération. On le savait déjà, notamment grâce à ses prestations au sein des Headbangers, ce sextette qu’il a créé et qu’il dirige. Thierry Ollé s’affirme pour sa part, et une fois de plus, pianiste complet, à l’aise dans tous les contextes. Sa main gauche tient lieu d’une section rythmique entière. Ses dons d’improvisateur ne sont plus à prouver. Bref, une soirée dense, aussi instructive que captivante. La suite de ce festival devrait nous en réserver d’autres.
Jacques Aboucaya|S’il est un festival rafraîchissant, c’est bien Terre de Jazz. A chaque printemps, il refleurit avec les lilas et les glycines. Il illumine la terre du Comminges, dans le Sud-Ouest de la France. Rayonne de son berceau de Poucharramet (les lecteurs de ce blog ont déjà entendu vanter les séductions de ce petit village) jusqu’à ses entours plus ou moins immédiats.Cette année encore, du 22 au 30 avril, les organisateurs du café associatif La Maison de la Terre restent fidèles à une mission qu’ils assument depuis huit ans : faire connaître le jazz (et aussi, soyons complet, les musiques cousines, apparentées, voisines et autres appellations) dans le milieu rural, réputé privé de cette « culture » dont on nous tympanise à tout propos. En d’autres termes, un festival « fédérateur et populaire » placé « sous le signe de l’éclectisme et de la mixité des publics ». Un programme auquel il est difficile de ne pas souscrire. La définition pourrait être, du reste, à l’heure actuelle, celle de nombre de festivals « de jazz »…
Mais foin des controverses sémantiques. Louons plutôt une équipe passionnée, disposant de petits moyens. Soucieuse de promouvoir avant tout des artistes régionaux, souvent peu médiatisés à l’échelle nationale, mais qui réservent parfois de bien belles surprises.
Soirée d’ouverture le samedi 22 à La Maison de la Terre, réservée aux invités, officiels et sponsors. Sangria et petits fours, cris et chuchotements. Sur scène, le groupe Muzungu s’évertue. Un duo dédié, nous dit-on, à la « Raw Soul Music ». Gaëlle chante et esquisse des pas de danse. Jonathan l’accompagne à la guitare et mêle sa voix à la sienne. Elle a piqué dans sa chevelure une fleur de gardénia. Ou de camélia, allez savoir. Allusion implicite à Billie – même si la fleur est de couleur pourpre. De toute façon, impossible de poursuivre plus loin un improbable parallèle. La musique arrive par bribes, parasitée, court-circuitée par les conversations. Parenthèse : comment en est-on arrivé à considérer le rôle de la musique comme celui d’un simple bruit de fond ? Un ameublement ? On n’ose imaginer la réaction d’un Keith Jarrett. Ou, mutatis mutandis, d’un Rostropovitch interprétant dans le brouhaha une suite de Bach. Il faut plaindre les musiciens de jazz, ou, en l’occurrence, de raw soul music, lorsqu’ils sont exposés à de telles conditions !
N’ayant pu assister le lendemain, en l’église de Lherm, au concert des Soulshine Voices, je ne saurais commenter la prestation d’un groupe qui mêle le gospel avec la Soul et aussi, nous assure le programme, « le jazz et le funk ». En revanche, lundi 24, la leçon de jazz donnée à la Maison de la Terre par Nicolas Gardel (tp) et Thierry Ollé (elp) ne manquait pas d’intérêt – et d’abord dans son principe même : introduire une pincée de pédagogie à l’usage d’un public peu familier avec le jazz. Ainsi, c’est une assistance studieuse qui découvre l’histoire de Miles Davis. Son histoire et sa légende. Sa musique et son parcours, du bop et de Parker au Hip-Hop, en passant par le cool, le hard bop, le jazz modal. Des morceaux emblématiques (Ornithologie, Walkin’, Airegin, So What, ‘Round Midnight et autres Autumn Leaves, jusqu’ à Freddie Freeloader en rappel), interprétés en duo, viennent illustrer le propos du trompettiste.
Celui-ci se révèle conteur vivant et pétri d’humour. Il tient son public en haleine, multiplie les anecdotes, met les détails purement techniques ou musicologiques de son exposé à la portée de tous. Quant à l’instrumentiste, qu’il use ou non de la sourdine Harmon chère à Miles, c’est un technicien hors pair. Assurément l’un des meilleurs de sa génération. On le savait déjà, notamment grâce à ses prestations au sein des Headbangers, ce sextette qu’il a créé et qu’il dirige. Thierry Ollé s’affirme pour sa part, et une fois de plus, pianiste complet, à l’aise dans tous les contextes. Sa main gauche tient lieu d’une section rythmique entière. Ses dons d’improvisateur ne sont plus à prouver. Bref, une soirée dense, aussi instructive que captivante. La suite de ce festival devrait nous en réserver d’autres.
Jacques Aboucaya