The Bridge #7 : gagné à Toulouse
En “voyage d’exploration” en France, les musiciens de la septième tournée de The Bridge ont jeté leur pavé dans le jazz à Toulouse, au théâtre et sous l’égide de l’association du même nom. Ils étaient amputés d’une pièce aussi maîtresse que les autres, le batteur tromboniste Tyshawn Sorey, reparti à New York pour obligations universitaires. Ce fut donc un autre concert que celui dont Ludovic Florin (également présent à Toulouse) a rendu compte ici même le lundi 2 février. Autre son de cloche, donc.
The Bridge #7
Lundi 9 février 2015, Théâtre du Pavé, Toulouse.
Khari B. (spoken words), Jeb Bishop (tb), Magic Malik (fl, voc), Guillaume Orti (saxophones), Frédéric Bargeon-Briet (b).
D’abord le lieu : une scène où l’on peut s’enfoncer comme dans la nuit, disparaître au regard pour mieux apparaître à l’écoute. Magic Malik en a profité pour se percher sur un arbre d’ombre et Khari B. pour s’évanouir un instant et subrepticement dans le public. Ensuite, le son. Non pas la sonorité, mais cette espèce d’interpellation que les hommes ont choisi de se faire entre eux avec et par-delà le langage, pourtant leur marque de distinction la plus élaborée. Le quintette a donc commencé par naître, qui par un bruit de bouche, qui par un souffle dans une embouchure de trombone, qui dans un bec d’alto, qui par un frottement de la main sur le bois tendre d’une contrebasse complice, qui murmurant dans un appeau pour faire apparaître une invisible dame blanche métamorphosée en rossignol. La suite est une série d’associations et de désassociations, d’enchevêtrements sonores prétextes à des improvisations solitaires ou plurielles compartimentées par de brèves séquences collectives assez fougueuses, assez généreuses et assez emportées pour faire penser aux rages mingusiennes, avec leurs crescendos irrésistibles. L’absence de batterie – ou plutôt la présence de son fantôme, matérialisée par un tom basse recouvert d’un drap blanc (en réalité une serviette de bain) : tour à tour ou quand ça leur chantait, autrement dit quand le moment leur semblait nécessaire, Guillaume Orti et Magic Malik y sont allés de leur appui percussif, toujours discret (au sens linguistique du terme, c’est-à-dire pertinent) – l’absence de batterie, disais-je, n’a pas semblé un handicap. Elle fut compensée par une présence pour moi étonnante et, j’ose le dire, émouvante, de Frédéric Bargeon-Briet. Il m’a semblé le maître des tempêtes avec sa contrebasse insubmersible. Gravité, profondeur, stabilité, sans oublier ses walkings qui sonnaient comme le rappel d’une vérité immémoriale de cette musique. Et puisque nous en sommes aux individualités, mentionnons-les un par un comme participant d’un élan commun, ou plutôt se stimulant les uns les autres selon des arcanes propres à l’histoire, à la sensibilité, au savoir, en un mot au désir de chacun. Honneur aux outre-océaniques, le parlant haut Khari B. pour commencer : on enrage de ne pouvoir saisir (comprendre) le flot impérieux des spoken words de l’actuel président de l’AACM (très affairé avec le cinquantenaire de l’Association), mais au moins se laisse-t-on emporter par ce flux continu, tumultueux, intense et caressant, où la respiration ne fait qu’un avec les mots, d’où surnage comme une couronne celui de poetry. Jeb Bishop apporte une douceur inattendue et volubile avec son trombone et si ma mémoire a malheureusement laissé échapper le contenu de son duo de passage avec Frédéric BB, elle en a retenu la suavité. Magic Malik ne fait qu’un de l’humour et de la science : sa nonchalance apparente ne masque pas son grand savoir, son goût de saisir la balle au bond, son sens de la mélodie quitte à y inclure quelque objet venu d’ailleurs, ou de son passé, une mémoire de son apprentissage, une phrase à l’allure JSB (Bach, veux-je dire), mais seulement l’allure. Et puis ses onomatopées douces susurrées à et dans la flûte, un vrai bonheur ! Quant à Guillaume Orti et son arsenal de saxophones – alto, soprano, baryton, alto en fa (Cohn 1928) et soprano en ut (1917) –, on aimerait tant qu’il joue plus près du micro mais que voulez-vous, il préfère lancer ses phrases en l’air, comme des gerbes d’étincelles, ou picorer les étoiles de la nuit. Tout ceci pour vous dire que The Bridge est une belle affaire : plus qu’un pont entre deux rives, c’est la négation joyeuse, créative, euphorisante de ce qui les sépare. Malgré tous les aléas. A ce propos, avant de partir pour Brest où ils joueront demain soir, les musiciens se sont trouvés en rade, le van qui les convoie n’ayant pas trouvé mieux que de tomber en panne. Si maintenant l’électronique se met à incarner de mauvais jeux de mots… Rassurez-vous, ils ont trouvé la solution : “Chicago Now”, c’est le Vauban à Brest, ce mercredi.
FRS
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En “voyage d’exploration” en France, les musiciens de la septième tournée de The Bridge ont jeté leur pavé dans le jazz à Toulouse, au théâtre et sous l’égide de l’association du même nom. Ils étaient amputés d’une pièce aussi maîtresse que les autres, le batteur tromboniste Tyshawn Sorey, reparti à New York pour obligations universitaires. Ce fut donc un autre concert que celui dont Ludovic Florin (également présent à Toulouse) a rendu compte ici même le lundi 2 février. Autre son de cloche, donc.
The Bridge #7
Lundi 9 février 2015, Théâtre du Pavé, Toulouse.
Khari B. (spoken words), Jeb Bishop (tb), Magic Malik (fl, voc), Guillaume Orti (saxophones), Frédéric Bargeon-Briet (b).
D’abord le lieu : une scène où l’on peut s’enfoncer comme dans la nuit, disparaître au regard pour mieux apparaître à l’écoute. Magic Malik en a profité pour se percher sur un arbre d’ombre et Khari B. pour s’évanouir un instant et subrepticement dans le public. Ensuite, le son. Non pas la sonorité, mais cette espèce d’interpellation que les hommes ont choisi de se faire entre eux avec et par-delà le langage, pourtant leur marque de distinction la plus élaborée. Le quintette a donc commencé par naître, qui par un bruit de bouche, qui par un souffle dans une embouchure de trombone, qui dans un bec d’alto, qui par un frottement de la main sur le bois tendre d’une contrebasse complice, qui murmurant dans un appeau pour faire apparaître une invisible dame blanche métamorphosée en rossignol. La suite est une série d’associations et de désassociations, d’enchevêtrements sonores prétextes à des improvisations solitaires ou plurielles compartimentées par de brèves séquences collectives assez fougueuses, assez généreuses et assez emportées pour faire penser aux rages mingusiennes, avec leurs crescendos irrésistibles. L’absence de batterie – ou plutôt la présence de son fantôme, matérialisée par un tom basse recouvert d’un drap blanc (en réalité une serviette de bain) : tour à tour ou quand ça leur chantait, autrement dit quand le moment leur semblait nécessaire, Guillaume Orti et Magic Malik y sont allés de leur appui percussif, toujours discret (au sens linguistique du terme, c’est-à-dire pertinent) – l’absence de batterie, disais-je, n’a pas semblé un handicap. Elle fut compensée par une présence pour moi étonnante et, j’ose le dire, émouvante, de Frédéric Bargeon-Briet. Il m’a semblé le maître des tempêtes avec sa contrebasse insubmersible. Gravité, profondeur, stabilité, sans oublier ses walkings qui sonnaient comme le rappel d’une vérité immémoriale de cette musique. Et puisque nous en sommes aux individualités, mentionnons-les un par un comme participant d’un élan commun, ou plutôt se stimulant les uns les autres selon des arcanes propres à l’histoire, à la sensibilité, au savoir, en un mot au désir de chacun. Honneur aux outre-océaniques, le parlant haut Khari B. pour commencer : on enrage de ne pouvoir saisir (comprendre) le flot impérieux des spoken words de l’actuel président de l’AACM (très affairé avec le cinquantenaire de l’Association), mais au moins se laisse-t-on emporter par ce flux continu, tumultueux, intense et caressant, où la respiration ne fait qu’un avec les mots, d’où surnage comme une couronne celui de poetry. Jeb Bishop apporte une douceur inattendue et volubile avec son trombone et si ma mémoire a malheureusement laissé échapper le contenu de son duo de passage avec Frédéric BB, elle en a retenu la suavité. Magic Malik ne fait qu’un de l’humour et de la science : sa nonchalance apparente ne masque pas son grand savoir, son goût de saisir la balle au bond, son sens de la mélodie quitte à y inclure quelque objet venu d’ailleurs, ou de son passé, une mémoire de son apprentissage, une phrase à l’allure JSB (Bach, veux-je dire), mais seulement l’allure. Et puis ses onomatopées douces susurrées à et dans la flûte, un vrai bonheur ! Quant à Guillaume Orti et son arsenal de saxophones – alto, soprano, baryton, alto en fa (Cohn 1928) et soprano en ut (1917) –, on aimerait tant qu’il joue plus près du micro mais que voulez-vous, il préfère lancer ses phrases en l’air, comme des gerbes d’étincelles, ou picorer les étoiles de la nuit. Tout ceci pour vous dire que The Bridge est une belle affaire : plus qu’un pont entre deux rives, c’est la négation joyeuse, créative, euphorisante de ce qui les sépare. Malgré tous les aléas. A ce propos, avant de partir pour Brest où ils joueront demain soir, les musiciens se sont trouvés en rade, le van qui les convoie n’ayant pas trouvé mieux que de tomber en panne. Si maintenant l’électronique se met à incarner de mauvais jeux de mots… Rassurez-vous, ils ont trouvé la solution : “Chicago Now”, c’est le Vauban à Brest, ce mercredi.
FRS
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En “voyage d’exploration” en France, les musiciens de la septième tournée de The Bridge ont jeté leur pavé dans le jazz à Toulouse, au théâtre et sous l’égide de l’association du même nom. Ils étaient amputés d’une pièce aussi maîtresse que les autres, le batteur tromboniste Tyshawn Sorey, reparti à New York pour obligations universitaires. Ce fut donc un autre concert que celui dont Ludovic Florin (également présent à Toulouse) a rendu compte ici même le lundi 2 février. Autre son de cloche, donc.
The Bridge #7
Lundi 9 février 2015, Théâtre du Pavé, Toulouse.
Khari B. (spoken words), Jeb Bishop (tb), Magic Malik (fl, voc), Guillaume Orti (saxophones), Frédéric Bargeon-Briet (b).
D’abord le lieu : une scène où l’on peut s’enfoncer comme dans la nuit, disparaître au regard pour mieux apparaître à l’écoute. Magic Malik en a profité pour se percher sur un arbre d’ombre et Khari B. pour s’évanouir un instant et subrepticement dans le public. Ensuite, le son. Non pas la sonorité, mais cette espèce d’interpellation que les hommes ont choisi de se faire entre eux avec et par-delà le langage, pourtant leur marque de distinction la plus élaborée. Le quintette a donc commencé par naître, qui par un bruit de bouche, qui par un souffle dans une embouchure de trombone, qui dans un bec d’alto, qui par un frottement de la main sur le bois tendre d’une contrebasse complice, qui murmurant dans un appeau pour faire apparaître une invisible dame blanche métamorphosée en rossignol. La suite est une série d’associations et de désassociations, d’enchevêtrements sonores prétextes à des improvisations solitaires ou plurielles compartimentées par de brèves séquences collectives assez fougueuses, assez généreuses et assez emportées pour faire penser aux rages mingusiennes, avec leurs crescendos irrésistibles. L’absence de batterie – ou plutôt la présence de son fantôme, matérialisée par un tom basse recouvert d’un drap blanc (en réalité une serviette de bain) : tour à tour ou quand ça leur chantait, autrement dit quand le moment leur semblait nécessaire, Guillaume Orti et Magic Malik y sont allés de leur appui percussif, toujours discret (au sens linguistique du terme, c’est-à-dire pertinent) – l’absence de batterie, disais-je, n’a pas semblé un handicap. Elle fut compensée par une présence pour moi étonnante et, j’ose le dire, émouvante, de Frédéric Bargeon-Briet. Il m’a semblé le maître des tempêtes avec sa contrebasse insubmersible. Gravité, profondeur, stabilité, sans oublier ses walkings qui sonnaient comme le rappel d’une vérité immémoriale de cette musique. Et puisque nous en sommes aux individualités, mentionnons-les un par un comme participant d’un élan commun, ou plutôt se stimulant les uns les autres selon des arcanes propres à l’histoire, à la sensibilité, au savoir, en un mot au désir de chacun. Honneur aux outre-océaniques, le parlant haut Khari B. pour commencer : on enrage de ne pouvoir saisir (comprendre) le flot impérieux des spoken words de l’actuel président de l’AACM (très affairé avec le cinquantenaire de l’Association), mais au moins se laisse-t-on emporter par ce flux continu, tumultueux, intense et caressant, où la respiration ne fait qu’un avec les mots, d’où surnage comme une couronne celui de poetry. Jeb Bishop apporte une douceur inattendue et volubile avec son trombone et si ma mémoire a malheureusement laissé échapper le contenu de son duo de passage avec Frédéric BB, elle en a retenu la suavité. Magic Malik ne fait qu’un de l’humour et de la science : sa nonchalance apparente ne masque pas son grand savoir, son goût de saisir la balle au bond, son sens de la mélodie quitte à y inclure quelque objet venu d’ailleurs, ou de son passé, une mémoire de son apprentissage, une phrase à l’allure JSB (Bach, veux-je dire), mais seulement l’allure. Et puis ses onomatopées douces susurrées à et dans la flûte, un vrai bonheur ! Quant à Guillaume Orti et son arsenal de saxophones – alto, soprano, baryton, alto en fa (Cohn 1928) et soprano en ut (1917) –, on aimerait tant qu’il joue plus près du micro mais que voulez-vous, il préfère lancer ses phrases en l’air, comme des gerbes d’étincelles, ou picorer les étoiles de la nuit. Tout ceci pour vous dire que The Bridge est une belle affaire : plus qu’un pont entre deux rives, c’est la négation joyeuse, créative, euphorisante de ce qui les sépare. Malgré tous les aléas. A ce propos, avant de partir pour Brest où ils joueront demain soir, les musiciens se sont trouvés en rade, le van qui les convoie n’ayant pas trouvé mieux que de tomber en panne. Si maintenant l’électronique se met à incarner de mauvais jeux de mots… Rassurez-vous, ils ont trouvé la solution : “Chicago Now”, c’est le Vauban à Brest, ce mercredi.
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En “voyage d’exploration” en France, les musiciens de la septième tournée de The Bridge ont jeté leur pavé dans le jazz à Toulouse, au théâtre et sous l’égide de l’association du même nom. Ils étaient amputés d’une pièce aussi maîtresse que les autres, le batteur tromboniste Tyshawn Sorey, reparti à New York pour obligations universitaires. Ce fut donc un autre concert que celui dont Ludovic Florin (également présent à Toulouse) a rendu compte ici même le lundi 2 février. Autre son de cloche, donc.
The Bridge #7
Lundi 9 février 2015, Théâtre du Pavé, Toulouse.
Khari B. (spoken words), Jeb Bishop (tb), Magic Malik (fl, voc), Guillaume Orti (saxophones), Frédéric Bargeon-Briet (b).
D’abord le lieu : une scène où l’on peut s’enfoncer comme dans la nuit, disparaître au regard pour mieux apparaître à l’écoute. Magic Malik en a profité pour se percher sur un arbre d’ombre et Khari B. pour s’évanouir un instant et subrepticement dans le public. Ensuite, le son. Non pas la sonorité, mais cette espèce d’interpellation que les hommes ont choisi de se faire entre eux avec et par-delà le langage, pourtant leur marque de distinction la plus élaborée. Le quintette a donc commencé par naître, qui par un bruit de bouche, qui par un souffle dans une embouchure de trombone, qui dans un bec d’alto, qui par un frottement de la main sur le bois tendre d’une contrebasse complice, qui murmurant dans un appeau pour faire apparaître une invisible dame blanche métamorphosée en rossignol. La suite est une série d’associations et de désassociations, d’enchevêtrements sonores prétextes à des improvisations solitaires ou plurielles compartimentées par de brèves séquences collectives assez fougueuses, assez généreuses et assez emportées pour faire penser aux rages mingusiennes, avec leurs crescendos irrésistibles. L’absence de batterie – ou plutôt la présence de son fantôme, matérialisée par un tom basse recouvert d’un drap blanc (en réalité une serviette de bain) : tour à tour ou quand ça leur chantait, autrement dit quand le moment leur semblait nécessaire, Guillaume Orti et Magic Malik y sont allés de leur appui percussif, toujours discret (au sens linguistique du terme, c’est-à-dire pertinent) – l’absence de batterie, disais-je, n’a pas semblé un handicap. Elle fut compensée par une présence pour moi étonnante et, j’ose le dire, émouvante, de Frédéric Bargeon-Briet. Il m’a semblé le maître des tempêtes avec sa contrebasse insubmersible. Gravité, profondeur, stabilité, sans oublier ses walkings qui sonnaient comme le rappel d’une vérité immémoriale de cette musique. Et puisque nous en sommes aux individualités, mentionnons-les un par un comme participant d’un élan commun, ou plutôt se stimulant les uns les autres selon des arcanes propres à l’histoire, à la sensibilité, au savoir, en un mot au désir de chacun. Honneur aux outre-océaniques, le parlant haut Khari B. pour commencer : on enrage de ne pouvoir saisir (comprendre) le flot impérieux des spoken words de l’actuel président de l’AACM (très affairé avec le cinquantenaire de l’Association), mais au moins se laisse-t-on emporter par ce flux continu, tumultueux, intense et caressant, où la respiration ne fait qu’un avec les mots, d’où surnage comme une couronne celui de poetry. Jeb Bishop apporte une douceur inattendue et volubile avec son trombone et si ma mémoire a malheureusement laissé échapper le contenu de son duo de passage avec Frédéric BB, elle en a retenu la suavité. Magic Malik ne fait qu’un de l’humour et de la science : sa nonchalance apparente ne masque pas son grand savoir, son goût de saisir la balle au bond, son sens de la mélodie quitte à y inclure quelque objet venu d’ailleurs, ou de son passé, une mémoire de son apprentissage, une phrase à l’allure JSB (Bach, veux-je dire), mais seulement l’allure. Et puis ses onomatopées douces susurrées à et dans la flûte, un vrai bonheur ! Quant à Guillaume Orti et son arsenal de saxophones – alto, soprano, baryton, alto en fa (Cohn 1928) et soprano en ut (1917) –, on aimerait tant qu’il joue plus près du micro mais que voulez-vous, il préfère lancer ses phrases en l’air, comme des gerbes d’étincelles, ou picorer les étoiles de la nuit. Tout ceci pour vous dire que The Bridge est une belle affaire : plus qu’un pont entre deux rives, c’est la négation joyeuse, créative, euphorisante de ce qui les sépare. Malgré tous les aléas. A ce propos, avant de partir pour Brest où ils joueront demain soir, les musiciens se sont trouvés en rade, le van qui les convoie n’ayant pas trouvé mieux que de tomber en panne. Si maintenant l’électronique se met à incarner de mauvais jeux de mots… Rassurez-vous, ils ont trouvé la solution : “Chicago Now”, c’est le Vauban à Brest, ce mercredi.
FRS