Theo Croker fait danser le Duc des Lombards
Ceux qui suivent les aventures du natif de Leesburg en Floride savent sans doute qu’il vient de publier un nouvel album, “BLK2LIFE || A Future Past” (CHOC Jazz Mag’, au passage), dont le répertoire a servi de setlist librement arrangée pour ce concert parisien. (Hélas pour vous chers lecteurs et lectrices, le concert du 4 novembre affiche déjà complet…)
Notre homme sait faire son entrée : il laisse ses musiciens s’installer tranquillement sur scène et déployer un tapis de notes lumineuses avant d’arriver, un moment plus tard, avec ce qui ressemble à un énorme pétard qu’il agite un peu partout en répandant une fumée parfumée – il ne s’agit que d’encens.
On découvre un fort beau quintette, le pianiste Mike King se fend solos pharaoniques, la paire Eric Wheeler (contrebasse) – Shekwoaga Ode (batterie, et quelle batterie !) fait des malheurs, et le maître des machines D’Leau convoque au gré de ses envies chants d’oiseaux, textures électroniques abstraites ou samples. Le trompettiste, lui, est toujours aussi relax’, phrase divinement bien, avec une sonorité superbement feutrée et une aisance de chaque instant.
Nous n’avions encore rien vu : Theo Croker s’empare du micro, rappe et chante la partie de Kassa Overall (Where Will You Go) ou celle de son idole Wyclef Jean (State Of The Union 444) ou pour un superbe version du standard Never Let Me Go, dont il conclut les paroles sur ces quelques savoureux mots : « never trust these ho’s » – vous irez chercher la traduction tous seuls (Tiens, quand on cherche Theo Croker sur la version anglaise de Wikipedia, on nous le présente d’abord comme un “american singer”…).
Le concert se conclura sur le Sunshine de Roy Ayers, avant un rappel triomphal. Ce soir au Duc, on a bougé la tête au swing monstrueux du bop de Theo Croker avec le même enthousiasme qu’on a dansé sur les grooves de “BLK2LIFE”. Il n’y a pas tant de jeunes musiciens capables de réussir les deux. Yazid Kouloughli