Tourcoing Jazz Club : EDWARD PERRAUD ‘Hors Temps’
Bruno Angelini (piano), Arnault Cuisinier (contrebasse), Edward Perraud (batterie, percussions, composition)
Tourcoing, Maison Folie de l’Hospice d’Havré, 24 novembre 2021, 20h30
À peine plus d’un mois après la fin du Tourcoing Jazz Festival, c’est le début de saison pour le Tourcoing Jazz Club. Belle salle, très accueillante, dans l’ensemble architectural historique de l’Hospice d’Havré. Public mêlé d’amateurs chevronnés et de nouveaux adeptes en quête d’émois musicaux. Une attente qui sera comblée.
La circonstance est chargée d’émotion pour Edward Perraud : le matin même il était à Tours, pour l’hommage à Françoise Dupas, directrice du Petit Faucheux, décédée 6 jours plus tôt. Elle était la mère de leurs deux filles, et ils s’étaient rencontrés voici exactement 20 ans ici, à Tourcoing, au Grand Mix dont François Dupas a été la directrice. Le batteur l’évoque sobrement, avec des mots choisis que marque le chagrin, avant le début d’un concert qui sera d’une belle intensité.
Le trio joue le répertoire du disque «Hors Temps», publié au début de l’année chez Label Bleu. Il joue le répertoire, mais ne rejoue pas le disque. Dans cette musique, chaque concert est un jour neuf. Les compositions sont très élaborées, avec des sinuosités, des pirouettes thématiques, et d’infinies variations dynamiques. S’y insèrent, sans que l’on sache vraiment la part de la convention, des éclats de spontanéité, des vertiges d’improvisation, des cascades d’événements sonores suscités par une foule de petits objets percussifs frappés ou caressés avec une pertinence presque diabolique. À plusieurs reprises on assiste à une joute pacifique entre le piano de Bruno Angelini et les percussions d’Edward Perraud, joute arbitrée par la contrebasse d’Arnault Cuisinier, lequel pose et repose avec une fermeté toute musicale les fondations, fournit les repères pour une navigation en plein déchaînement créatif, et rappelle le chemin harmonique (en fait personne n’est perdu : la liberté s’égare jusqu’au vertige, mais l’horizon demeure). C’est magnifique. En rappel, Edukation, composé comme un clin d’œil à Ellington, dont le batteur-leader rappelle qu’ils ont en commun le prénom : le Duke se nommait Edward Kennedy Ellington…. Quelle soirée les Ami.e.s !
Xavier Prévost
Prochain concert au Tourcoing Jazz Club le 8 décembre : Louise Jallu.
Le concert d’Éric Legnini le 9 décembre est d’ores et déjà complet