Jazz live
Publié le 2 Fév 2014

Tout autour de Monk

Des hommages à Thelonious Monk, il y en a tant et plus. L’intérêt n’est certainement pas de les comparer, encore moins de mesurer la fidélité à la lettre ou à l’esprit de cette figure extraordinaire – au sens littéral du mot – du jazz. Celui concocté par Pierre Dayraud, Julien Duthu, Géraldine Laurent et Serge Lazarevitch (par ordre alphabétique puisqu’il n’y a pas de leader) a enthousiasmé le public de plus en plus nombreux du ‘Off’ de Eymet, pour l’instant délocalisé dans une salle pierreuse du château, ce qui l’apparente à un club parisien.

’Round about Monk

Samedi 1er février, Le Château, Eymet (24)

Géraldine Laurent (as), Serge Lazarévitch (g), Julien Duthu (b), Pierre Dayraud (dm).

 

D’ailleurs, il ne s’agissait pas d’un hommage. Plutôt d’un démarrage, à partir d’une “Sphere” (le surnom de Monk) servant de plateforme. Le quartet porte le nom éphémère de ’Round About Monk mais disons tout de suite que le traitement dont a bénéficié la légendaire composition du Moine nous a expédiés dans une dimension interstellaire avec en guise de fusée la guitare de Serge Lazarevitch, avec effets de phasing, de reverbération, de cordes frappées avec un stylet. Et Géraldine Laurent n’en a eu que plus de mérite à garder le contrôle du vaisseau spatial sonore, se contentant d’adjoindre à la mélodie exposée avec une belle lenteur quelques ornements à sa façon. La saxophoniste a beaucoup donné de son énergie ailleurs, dans tous les registres : primesautier et enjoué dans Trinkle Tinkle (une composition qui, par son originalité, son caractère faussement enfantin et son titre, fait penser à Alice au pays des merveilles), à l’affût de tous les changements de tempo (par exemple dans un medley groupant Wee See et Nutty) ou de rythme (Epistrophy), sans parler de ses fulgurances décochées quand on ne les attend guère mais avec Evidence. Ce serait injustice que de mettre en avant la soliste tant l’ensemble a démontré une cohérence difficilement fragmentable. Il s’était produit la veille à Toulouse, mais on aurait cru qu’il existait depuis des lustres. Preuve que le répertoire monkien est passé en quelques décennies de l’étrangeté difficile à suivre au statut de standard et de carrefour des aventures, de point de rencontre entre musiciens aux itinéraires différents. On signalera la musicalité bien emmenée par la batterie de Pierre Dayraud, dont la pulsation, le portage et le chant ne font qu’un (le drumming est, instrumentalement parlant, ce qui a le plus évolué dans le jazz ces dernières années). Ancien guitariste, il a insinué la mélodie au bout de ses baguettes et balais. Dans un rôle peut-être moins évident, mais tout aussi pertinent, Julien Duthu a fait un sans faute avec sa contrebasse au tempo infaillible et à la sonorité bien ronde dans l’accompagnement, plus incisive dans le solo. Le public a apprécié cette approche multidirectionnelle – ainsi, Green Chimneys façon binaire – d’un Thelonious dont l’importance et la résonance sont devenues au moins égales à celle de son mentor, Duke Ellington lui-même. Et c’est tout à l’honneur de Laurent Pasquon et son équipe de Maquiz’Art d’inonder la petite ville d’Eymet de flots sonores aussi impétueux que porteurs de beauté.

|

Des hommages à Thelonious Monk, il y en a tant et plus. L’intérêt n’est certainement pas de les comparer, encore moins de mesurer la fidélité à la lettre ou à l’esprit de cette figure extraordinaire – au sens littéral du mot – du jazz. Celui concocté par Pierre Dayraud, Julien Duthu, Géraldine Laurent et Serge Lazarevitch (par ordre alphabétique puisqu’il n’y a pas de leader) a enthousiasmé le public de plus en plus nombreux du ‘Off’ de Eymet, pour l’instant délocalisé dans une salle pierreuse du château, ce qui l’apparente à un club parisien.

’Round about Monk

Samedi 1er février, Le Château, Eymet (24)

Géraldine Laurent (as), Serge Lazarévitch (g), Julien Duthu (b), Pierre Dayraud (dm).

 

D’ailleurs, il ne s’agissait pas d’un hommage. Plutôt d’un démarrage, à partir d’une “Sphere” (le surnom de Monk) servant de plateforme. Le quartet porte le nom éphémère de ’Round About Monk mais disons tout de suite que le traitement dont a bénéficié la légendaire composition du Moine nous a expédiés dans une dimension interstellaire avec en guise de fusée la guitare de Serge Lazarevitch, avec effets de phasing, de reverbération, de cordes frappées avec un stylet. Et Géraldine Laurent n’en a eu que plus de mérite à garder le contrôle du vaisseau spatial sonore, se contentant d’adjoindre à la mélodie exposée avec une belle lenteur quelques ornements à sa façon. La saxophoniste a beaucoup donné de son énergie ailleurs, dans tous les registres : primesautier et enjoué dans Trinkle Tinkle (une composition qui, par son originalité, son caractère faussement enfantin et son titre, fait penser à Alice au pays des merveilles), à l’affût de tous les changements de tempo (par exemple dans un medley groupant Wee See et Nutty) ou de rythme (Epistrophy), sans parler de ses fulgurances décochées quand on ne les attend guère mais avec Evidence. Ce serait injustice que de mettre en avant la soliste tant l’ensemble a démontré une cohérence difficilement fragmentable. Il s’était produit la veille à Toulouse, mais on aurait cru qu’il existait depuis des lustres. Preuve que le répertoire monkien est passé en quelques décennies de l’étrangeté difficile à suivre au statut de standard et de carrefour des aventures, de point de rencontre entre musiciens aux itinéraires différents. On signalera la musicalité bien emmenée par la batterie de Pierre Dayraud, dont la pulsation, le portage et le chant ne font qu’un (le drumming est, instrumentalement parlant, ce qui a le plus évolué dans le jazz ces dernières années). Ancien guitariste, il a insinué la mélodie au bout de ses baguettes et balais. Dans un rôle peut-être moins évident, mais tout aussi pertinent, Julien Duthu a fait un sans faute avec sa contrebasse au tempo infaillible et à la sonorité bien ronde dans l’accompagnement, plus incisive dans le solo. Le public a apprécié cette approche multidirectionnelle – ainsi, Green Chimneys façon binaire – d’un Thelonious dont l’importance et la résonance sont devenues au moins égales à celle de son mentor, Duke Ellington lui-même. Et c’est tout à l’honneur de Laurent Pasquon et son équipe de Maquiz’Art d’inonder la petite ville d’Eymet de flots sonores aussi impétueux que porteurs de beauté.

|

Des hommages à Thelonious Monk, il y en a tant et plus. L’intérêt n’est certainement pas de les comparer, encore moins de mesurer la fidélité à la lettre ou à l’esprit de cette figure extraordinaire – au sens littéral du mot – du jazz. Celui concocté par Pierre Dayraud, Julien Duthu, Géraldine Laurent et Serge Lazarevitch (par ordre alphabétique puisqu’il n’y a pas de leader) a enthousiasmé le public de plus en plus nombreux du ‘Off’ de Eymet, pour l’instant délocalisé dans une salle pierreuse du château, ce qui l’apparente à un club parisien.

’Round about Monk

Samedi 1er février, Le Château, Eymet (24)

Géraldine Laurent (as), Serge Lazarévitch (g), Julien Duthu (b), Pierre Dayraud (dm).

 

D’ailleurs, il ne s’agissait pas d’un hommage. Plutôt d’un démarrage, à partir d’une “Sphere” (le surnom de Monk) servant de plateforme. Le quartet porte le nom éphémère de ’Round About Monk mais disons tout de suite que le traitement dont a bénéficié la légendaire composition du Moine nous a expédiés dans une dimension interstellaire avec en guise de fusée la guitare de Serge Lazarevitch, avec effets de phasing, de reverbération, de cordes frappées avec un stylet. Et Géraldine Laurent n’en a eu que plus de mérite à garder le contrôle du vaisseau spatial sonore, se contentant d’adjoindre à la mélodie exposée avec une belle lenteur quelques ornements à sa façon. La saxophoniste a beaucoup donné de son énergie ailleurs, dans tous les registres : primesautier et enjoué dans Trinkle Tinkle (une composition qui, par son originalité, son caractère faussement enfantin et son titre, fait penser à Alice au pays des merveilles), à l’affût de tous les changements de tempo (par exemple dans un medley groupant Wee See et Nutty) ou de rythme (Epistrophy), sans parler de ses fulgurances décochées quand on ne les attend guère mais avec Evidence. Ce serait injustice que de mettre en avant la soliste tant l’ensemble a démontré une cohérence difficilement fragmentable. Il s’était produit la veille à Toulouse, mais on aurait cru qu’il existait depuis des lustres. Preuve que le répertoire monkien est passé en quelques décennies de l’étrangeté difficile à suivre au statut de standard et de carrefour des aventures, de point de rencontre entre musiciens aux itinéraires différents. On signalera la musicalité bien emmenée par la batterie de Pierre Dayraud, dont la pulsation, le portage et le chant ne font qu’un (le drumming est, instrumentalement parlant, ce qui a le plus évolué dans le jazz ces dernières années). Ancien guitariste, il a insinué la mélodie au bout de ses baguettes et balais. Dans un rôle peut-être moins évident, mais tout aussi pertinent, Julien Duthu a fait un sans faute avec sa contrebasse au tempo infaillible et à la sonorité bien ronde dans l’accompagnement, plus incisive dans le solo. Le public a apprécié cette approche multidirectionnelle – ainsi, Green Chimneys façon binaire – d’un Thelonious dont l’importance et la résonance sont devenues au moins égales à celle de son mentor, Duke Ellington lui-même. Et c’est tout à l’honneur de Laurent Pasquon et son équipe de Maquiz’Art d’inonder la petite ville d’Eymet de flots sonores aussi impétueux que porteurs de beauté.

|

Des hommages à Thelonious Monk, il y en a tant et plus. L’intérêt n’est certainement pas de les comparer, encore moins de mesurer la fidélité à la lettre ou à l’esprit de cette figure extraordinaire – au sens littéral du mot – du jazz. Celui concocté par Pierre Dayraud, Julien Duthu, Géraldine Laurent et Serge Lazarevitch (par ordre alphabétique puisqu’il n’y a pas de leader) a enthousiasmé le public de plus en plus nombreux du ‘Off’ de Eymet, pour l’instant délocalisé dans une salle pierreuse du château, ce qui l’apparente à un club parisien.

’Round about Monk

Samedi 1er février, Le Château, Eymet (24)

Géraldine Laurent (as), Serge Lazarévitch (g), Julien Duthu (b), Pierre Dayraud (dm).

 

D’ailleurs, il ne s’agissait pas d’un hommage. Plutôt d’un démarrage, à partir d’une “Sphere” (le surnom de Monk) servant de plateforme. Le quartet porte le nom éphémère de ’Round About Monk mais disons tout de suite que le traitement dont a bénéficié la légendaire composition du Moine nous a expédiés dans une dimension interstellaire avec en guise de fusée la guitare de Serge Lazarevitch, avec effets de phasing, de reverbération, de cordes frappées avec un stylet. Et Géraldine Laurent n’en a eu que plus de mérite à garder le contrôle du vaisseau spatial sonore, se contentant d’adjoindre à la mélodie exposée avec une belle lenteur quelques ornements à sa façon. La saxophoniste a beaucoup donné de son énergie ailleurs, dans tous les registres : primesautier et enjoué dans Trinkle Tinkle (une composition qui, par son originalité, son caractère faussement enfantin et son titre, fait penser à Alice au pays des merveilles), à l’affût de tous les changements de tempo (par exemple dans un medley groupant Wee See et Nutty) ou de rythme (Epistrophy), sans parler de ses fulgurances décochées quand on ne les attend guère mais avec Evidence. Ce serait injustice que de mettre en avant la soliste tant l’ensemble a démontré une cohérence difficilement fragmentable. Il s’était produit la veille à Toulouse, mais on aurait cru qu’il existait depuis des lustres. Preuve que le répertoire monkien est passé en quelques décennies de l’étrangeté difficile à suivre au statut de standard et de carrefour des aventures, de point de rencontre entre musiciens aux itinéraires différents. On signalera la musicalité bien emmenée par la batterie de Pierre Dayraud, dont la pulsation, le portage et le chant ne font qu’un (le drumming est, instrumentalement parlant, ce qui a le plus évolué dans le jazz ces dernières années). Ancien guitariste, il a insinué la mélodie au bout de ses baguettes et balais. Dans un rôle peut-être moins évident, mais tout aussi pertinent, Julien Duthu a fait un sans faute avec sa contrebasse au tempo infaillible et à la sonorité bien ronde dans l’accompagnement, plus incisive dans le solo. Le public a apprécié cette approche multidirectionnelle – ainsi, Green Chimneys façon binaire – d’un Thelonious dont l’importance et la résonance sont devenues au moins égales à celle de son mentor, Duke Ellington lui-même. Et c’est tout à l’honneur de Laurent Pasquon et son équipe de Maquiz’Art d’inonder la petite ville d’Eymet de flots sonores aussi impétueux que porteurs de beauté.