Traversée des apparences et partage vif au Moulin à Jazz : Instant Sharings
Confiante dans la programmation du club de Jazz de Vitrolles (13), lieu de diffusion efficace et fidèle, je suis allée écouter, en ce premier week-end de vacances, le quartet de Bruno Angelini, Instant Sharings, dont l’album est sorti l’an dernier sur le label de la Buissonne…
Des les premières mesures de « Meridianne -A Wood Sylph» de Wayne Shorter, je sens que sans tomber dans la nostalgie, ni « revival » ni reprise au sens strict, le quartet ranime, réveille des sensations oubliées, fait aimer encore ce qui a pu décider d‘un goût irrésistible pour cette musique.
L’audacieux percussionniste Edward Perraud, sous tend l’ensemble, épaulé par Claude Tchamitchian. Le contrebassiste, de son archet, esquisse des lignes de chant superbes de clarté, en absolue complicité avec le violoniste Régis Huby, aux effets électroniques un peu lointains dans le premier set, mais qui prendra la main de façon magistrale, au second set dans le solo-acme du concert, la version du thème de Paul Motian «Folk Song for Rosie».
Derrière le piano droit du Moulin, qu’il fait sonner comme personne, attentif, Bruno Angelini observe ses compagnons, attend le moment- d’où le titre très pertinent de ce projet, et on apprécie cette façon de se mettre en retrait, un piano délicatement posé et déposé sur le temps musical. Prenant sa place dans les méandres du jeu, « reprisant » des thèmes, pour repartir dans une autre direction, avec un angle de vue toujours personnel, il rencontre des partenaires généreux, qui, sans s’effacer, font des propositions tout en suivant ses idées : j’écoute ce « Solange » pour violon et piano, dédié à une grand-mère méridionale, il me semble reconnaître « Home by Another Way », des thèmes façonnés pour ses camarades de jeu, des pistes tracées qu’il n’auront qu’à emprunter avec le talent qu’on leur connaît.
L’essentiel de cette musique réside dans l’échange immédiat, la connivence. Chacun écoute et répond à l’autre dans un espace musical qui prend le temps de s’exprimer, de se développer. D’où des tempos moins vifs que ce que l’on pourrait croire, mais une expressivité forte, un calme souvent inquiétant annonçant l’orage des cordes qui pleut sur le public. On sent qu’il ne leur en faut pas beaucoup pour déchaîner les passions, avec la vigueur qui caractérise leur musique, intensément frémissante, tout en ruptures et changements de couleurs. Un bien beau parcours peu balisé qui suppose donc l’art de l’improvisation, l’engagement d’une écoute attentive et complexe. Ils se laissent construire par des bifurcations qu’ils parviennent à maîtriser,sur les chemins d’une création spontanée, néanmoins travaillée.
« Ils ont cette capacité à respirer ensemble, et à offrir de superbes unissons…entre autres choses » dit justement Angelini du duo de cordes.
Usant de textures affranchies, des envolées excitantes des cordes
-même Perraud s’y met, puisqu’il rajoute dans son attirail de bols tibétains, sticks, mailloches, balais, que sais-je encore, un archet de rebab (marocain d’origine) dont il fait crisser les crins de cheval sur les cymbales, le pianiste s’abandonne à une tendre rêverie, comme dans le « Some Echoes » de Steve Swallow (ostinato de piano sur lequel frotte la batterie).
Sensible à la dimension visuelle de la performance (« instantanés » des photos des vrais et faux photographes du premier rang qui shootent à tout vent, la chemise colorée et fleurie de coquelicots arlésiens du batteur?), on suit la fluidité des lignes mélodiques faites de surprises, que se répartissent à parité les instrumentistes, dans un échange intime et non conflictuel.
De chant, il en est tout le temps question, de musique, celle qui advient, ici et maintenant. Quand on vous disait du « vrai » jazz, bigrement actuel….laissez passer !
Sophie Chambon
|Confiante dans la programmation du club de Jazz de Vitrolles (13), lieu de diffusion efficace et fidèle, je suis allée écouter, en ce premier week-end de vacances, le quartet de Bruno Angelini, Instant Sharings, dont l’album est sorti l’an dernier sur le label de la Buissonne…
Des les premières mesures de « Meridianne -A Wood Sylph» de Wayne Shorter, je sens que sans tomber dans la nostalgie, ni « revival » ni reprise au sens strict, le quartet ranime, réveille des sensations oubliées, fait aimer encore ce qui a pu décider d‘un goût irrésistible pour cette musique.
L’audacieux percussionniste Edward Perraud, sous tend l’ensemble, épaulé par Claude Tchamitchian. Le contrebassiste, de son archet, esquisse des lignes de chant superbes de clarté, en absolue complicité avec le violoniste Régis Huby, aux effets électroniques un peu lointains dans le premier set, mais qui prendra la main de façon magistrale, au second set dans le solo-acme du concert, la version du thème de Paul Motian «Folk Song for Rosie».
Derrière le piano droit du Moulin, qu’il fait sonner comme personne, attentif, Bruno Angelini observe ses compagnons, attend le moment- d’où le titre très pertinent de ce projet, et on apprécie cette façon de se mettre en retrait, un piano délicatement posé et déposé sur le temps musical. Prenant sa place dans les méandres du jeu, « reprisant » des thèmes, pour repartir dans une autre direction, avec un angle de vue toujours personnel, il rencontre des partenaires généreux, qui, sans s’effacer, font des propositions tout en suivant ses idées : j’écoute ce « Solange » pour violon et piano, dédié à une grand-mère méridionale, il me semble reconnaître « Home by Another Way », des thèmes façonnés pour ses camarades de jeu, des pistes tracées qu’il n’auront qu’à emprunter avec le talent qu’on leur connaît.
L’essentiel de cette musique réside dans l’échange immédiat, la connivence. Chacun écoute et répond à l’autre dans un espace musical qui prend le temps de s’exprimer, de se développer. D’où des tempos moins vifs que ce que l’on pourrait croire, mais une expressivité forte, un calme souvent inquiétant annonçant l’orage des cordes qui pleut sur le public. On sent qu’il ne leur en faut pas beaucoup pour déchaîner les passions, avec la vigueur qui caractérise leur musique, intensément frémissante, tout en ruptures et changements de couleurs. Un bien beau parcours peu balisé qui suppose donc l’art de l’improvisation, l’engagement d’une écoute attentive et complexe. Ils se laissent construire par des bifurcations qu’ils parviennent à maîtriser,sur les chemins d’une création spontanée, néanmoins travaillée.
« Ils ont cette capacité à respirer ensemble, et à offrir de superbes unissons…entre autres choses » dit justement Angelini du duo de cordes.
Usant de textures affranchies, des envolées excitantes des cordes
-même Perraud s’y met, puisqu’il rajoute dans son attirail de bols tibétains, sticks, mailloches, balais, que sais-je encore, un archet de rebab (marocain d’origine) dont il fait crisser les crins de cheval sur les cymbales, le pianiste s’abandonne à une tendre rêverie, comme dans le « Some Echoes » de Steve Swallow (ostinato de piano sur lequel frotte la batterie).
Sensible à la dimension visuelle de la performance (« instantanés » des photos des vrais et faux photographes du premier rang qui shootent à tout vent, la chemise colorée et fleurie de coquelicots arlésiens du batteur?), on suit la fluidité des lignes mélodiques faites de surprises, que se répartissent à parité les instrumentistes, dans un échange intime et non conflictuel.
De chant, il en est tout le temps question, de musique, celle qui advient, ici et maintenant. Quand on vous disait du « vrai » jazz, bigrement actuel….laissez passer !
Sophie Chambon
|Confiante dans la programmation du club de Jazz de Vitrolles (13), lieu de diffusion efficace et fidèle, je suis allée écouter, en ce premier week-end de vacances, le quartet de Bruno Angelini, Instant Sharings, dont l’album est sorti l’an dernier sur le label de la Buissonne…
Des les premières mesures de « Meridianne -A Wood Sylph» de Wayne Shorter, je sens que sans tomber dans la nostalgie, ni « revival » ni reprise au sens strict, le quartet ranime, réveille des sensations oubliées, fait aimer encore ce qui a pu décider d‘un goût irrésistible pour cette musique.
L’audacieux percussionniste Edward Perraud, sous tend l’ensemble, épaulé par Claude Tchamitchian. Le contrebassiste, de son archet, esquisse des lignes de chant superbes de clarté, en absolue complicité avec le violoniste Régis Huby, aux effets électroniques un peu lointains dans le premier set, mais qui prendra la main de façon magistrale, au second set dans le solo-acme du concert, la version du thème de Paul Motian «Folk Song for Rosie».
Derrière le piano droit du Moulin, qu’il fait sonner comme personne, attentif, Bruno Angelini observe ses compagnons, attend le moment- d’où le titre très pertinent de ce projet, et on apprécie cette façon de se mettre en retrait, un piano délicatement posé et déposé sur le temps musical. Prenant sa place dans les méandres du jeu, « reprisant » des thèmes, pour repartir dans une autre direction, avec un angle de vue toujours personnel, il rencontre des partenaires généreux, qui, sans s’effacer, font des propositions tout en suivant ses idées : j’écoute ce « Solange » pour violon et piano, dédié à une grand-mère méridionale, il me semble reconnaître « Home by Another Way », des thèmes façonnés pour ses camarades de jeu, des pistes tracées qu’il n’auront qu’à emprunter avec le talent qu’on leur connaît.
L’essentiel de cette musique réside dans l’échange immédiat, la connivence. Chacun écoute et répond à l’autre dans un espace musical qui prend le temps de s’exprimer, de se développer. D’où des tempos moins vifs que ce que l’on pourrait croire, mais une expressivité forte, un calme souvent inquiétant annonçant l’orage des cordes qui pleut sur le public. On sent qu’il ne leur en faut pas beaucoup pour déchaîner les passions, avec la vigueur qui caractérise leur musique, intensément frémissante, tout en ruptures et changements de couleurs. Un bien beau parcours peu balisé qui suppose donc l’art de l’improvisation, l’engagement d’une écoute attentive et complexe. Ils se laissent construire par des bifurcations qu’ils parviennent à maîtriser,sur les chemins d’une création spontanée, néanmoins travaillée.
« Ils ont cette capacité à respirer ensemble, et à offrir de superbes unissons…entre autres choses » dit justement Angelini du duo de cordes.
Usant de textures affranchies, des envolées excitantes des cordes
-même Perraud s’y met, puisqu’il rajoute dans son attirail de bols tibétains, sticks, mailloches, balais, que sais-je encore, un archet de rebab (marocain d’origine) dont il fait crisser les crins de cheval sur les cymbales, le pianiste s’abandonne à une tendre rêverie, comme dans le « Some Echoes » de Steve Swallow (ostinato de piano sur lequel frotte la batterie).
Sensible à la dimension visuelle de la performance (« instantanés » des photos des vrais et faux photographes du premier rang qui shootent à tout vent, la chemise colorée et fleurie de coquelicots arlésiens du batteur?), on suit la fluidité des lignes mélodiques faites de surprises, que se répartissent à parité les instrumentistes, dans un échange intime et non conflictuel.
De chant, il en est tout le temps question, de musique, celle qui advient, ici et maintenant. Quand on vous disait du « vrai » jazz, bigrement actuel….laissez passer !
Sophie Chambon
|Confiante dans la programmation du club de Jazz de Vitrolles (13), lieu de diffusion efficace et fidèle, je suis allée écouter, en ce premier week-end de vacances, le quartet de Bruno Angelini, Instant Sharings, dont l’album est sorti l’an dernier sur le label de la Buissonne…
Des les premières mesures de « Meridianne -A Wood Sylph» de Wayne Shorter, je sens que sans tomber dans la nostalgie, ni « revival » ni reprise au sens strict, le quartet ranime, réveille des sensations oubliées, fait aimer encore ce qui a pu décider d‘un goût irrésistible pour cette musique.
L’audacieux percussionniste Edward Perraud, sous tend l’ensemble, épaulé par Claude Tchamitchian. Le contrebassiste, de son archet, esquisse des lignes de chant superbes de clarté, en absolue complicité avec le violoniste Régis Huby, aux effets électroniques un peu lointains dans le premier set, mais qui prendra la main de façon magistrale, au second set dans le solo-acme du concert, la version du thème de Paul Motian «Folk Song for Rosie».
Derrière le piano droit du Moulin, qu’il fait sonner comme personne, attentif, Bruno Angelini observe ses compagnons, attend le moment- d’où le titre très pertinent de ce projet, et on apprécie cette façon de se mettre en retrait, un piano délicatement posé et déposé sur le temps musical. Prenant sa place dans les méandres du jeu, « reprisant » des thèmes, pour repartir dans une autre direction, avec un angle de vue toujours personnel, il rencontre des partenaires généreux, qui, sans s’effacer, font des propositions tout en suivant ses idées : j’écoute ce « Solange » pour violon et piano, dédié à une grand-mère méridionale, il me semble reconnaître « Home by Another Way », des thèmes façonnés pour ses camarades de jeu, des pistes tracées qu’il n’auront qu’à emprunter avec le talent qu’on leur connaît.
L’essentiel de cette musique réside dans l’échange immédiat, la connivence. Chacun écoute et répond à l’autre dans un espace musical qui prend le temps de s’exprimer, de se développer. D’où des tempos moins vifs que ce que l’on pourrait croire, mais une expressivité forte, un calme souvent inquiétant annonçant l’orage des cordes qui pleut sur le public. On sent qu’il ne leur en faut pas beaucoup pour déchaîner les passions, avec la vigueur qui caractérise leur musique, intensément frémissante, tout en ruptures et changements de couleurs. Un bien beau parcours peu balisé qui suppose donc l’art de l’improvisation, l’engagement d’une écoute attentive et complexe. Ils se laissent construire par des bifurcations qu’ils parviennent à maîtriser,sur les chemins d’une création spontanée, néanmoins travaillée.
« Ils ont cette capacité à respirer ensemble, et à offrir de superbes unissons…entre autres choses » dit justement Angelini du duo de cordes.
Usant de textures affranchies, des envolées excitantes des cordes
-même Perraud s’y met, puisqu’il rajoute dans son attirail de bols tibétains, sticks, mailloches, balais, que sais-je encore, un archet de rebab (marocain d’origine) dont il fait crisser les crins de cheval sur les cymbales, le pianiste s’abandonne à une tendre rêverie, comme dans le « Some Echoes » de Steve Swallow (ostinato de piano sur lequel frotte la batterie).
Sensible à la dimension visuelle de la performance (« instantanés » des photos des vrais et faux photographes du premier rang qui shootent à tout vent, la chemise colorée et fleurie de coquelicots arlésiens du batteur?), on suit la fluidité des lignes mélodiques faites de surprises, que se répartissent à parité les instrumentistes, dans un échange intime et non conflictuel.
De chant, il en est tout le temps question, de musique, celle qui advient, ici et maintenant. Quand on vous disait du « vrai » jazz, bigrement actuel….laissez passer !
Sophie Chambon