Jazz live
Publié le 14 Mar 2015

Un quintette Organic à l'Ermitage

Hier, 15 mars, le nom de l’Organic Quintet à l’affiche du Studio de l’Ermitage titillait mon attention. Seul connu de moi parmi ceux de ses cinq membres, le nom de Leïla Martial. Le peu que j’en ai jusqu’ici entendu, hélas jamais live, m’a décidé. Bien m’en a pris.

 

Studio de l’Ermitage, Paris (75), le 13 mars 2015.

 

Leïla Martial (voix), Pierre Tereygeol (guitare électrique), Illy Amar (vibraphone), Florent Corbou (guitare basse électrique), Julien Augier (batterie) + Régis Huby (violon).


Non seulement, ils sont venus jeunes et nombreux mais, à ce public qui se presse autour des chaises toutes occupées, s’ajoutent les auditeurs du Jazz Club d’Yvan Amar qui diffuse le concert sur France Musique . Première partie avant le direct. Le leader du groupe, Florian Corbou (principal compositeur, comme je le constaterai en décellophanant dans le métro du retour le disque dont ce concert est l’occasion de célébrer la sortie) est sans micro et c’est Leïla qui prend la parole. Annonçant une pièce qui sera reprise en deuxième partie pour le direct sur les ondes, elle rassure ainsi les spectateurs de l’Ermitage : « Ce sera différent, on improvise beaucoup. » Ce n’est pas ce qui saute aux oreilles tant cette musique, pourtant jouée dans partition, est précise, dessinée dans ses moindres détails. L’improvisation n’en est pas moins présente mais, sinon comme en effraction, subrepticement, enivant et innervant ces musiques héritière de Terry Riley et Steve Reich jusqu’à l’étourdissement.

 

Et tandis que les boucles se superposent et s’entrelacent d’un instrument à l’autre en une polyphonie entêtante et à tiroirs, il y en a souvent un qui, sans se détacher de l’ensemble, invente sa partie dans l’instant. Comme dans La Sortie du labyrinthe où Julien Augier reconfigure constamment le long ostinato voix-guitare auquel la basse ajoute de rares appuis qui font contrepoint sous forme de nappes étirées. Même s’il a les moyens et le vocabulaire d’un bassiste groovy, Corbou, qui ne doit pas non plus être indifférent au progressive rock et à “l’école de Canterburry”, use de son instrument comme d’une clarinette basse ou d’une guitare. Sa basse et la guitare de Pierre Tereygeol recourent ici et là au capodastre au profit d’arpèges improbables rendus possibles par l’utilisation des cordes à vide et qui font penser ici à quelque moulin à musique, là à quelque kora, jusqu’à ce que la guitare ne s’échappe en solo ou se déguise sous les effets électroniques.

 

Applaties à l’endroit qui frappe les lames du vibraphone, les mailloches d’Illya Amar ont des allures de pattes de félin. Elles en ont tout à la fois la douceur, la détente, l’agilité et l’implacable puissance, avec, comme sait l’être un chat dans un appartement, une indépendance qui le fait se tenir là où l’on ne l’attend pas, ni même parfois ne le voit et, plus encore que Leïla Martial, on peut se demander s’il n’est pas le véritable électron libre de l’orchestre. Une observation qui, si l’on n’avait que ça à faire alors que le soleil nous invite au bois en ce bel après-midi sabbatique, mériterait d’être interrogée tant, comme je l’ai laissé entendre et comme le suggère le nom du groupe, chaque partie de l’ensemble s’y insère en élément irréductible d’un tout organique.

 

Leïla Martial se détache néanmoins de l’ensemble pour des raisons évidentes qui sont la nature même de sa voix dont elle ne s’interdit aucun registre. Certes, limitant sa voix à certaines couleurs filées ainsi qu’elle le fait dans Echoes, elle pourrait se fondre à l’ensemble… mais alors à quoi bon faire appel à elle. Or donc, elle use du cri, comme du murmure, de l’intonation parlée comme de la vocalise, de l’éraillement comme de la pureté, du grommellement comme du chant, articule des langes imaginaires, use enfin des effets électroniques avec une telle discrétion et une telle efficience que l’on pourrait imaginer, lorsque l’on en prend conscience, que son dispositif électronique lui a été greffé dans le gosier, grâce aux miracles de la miniaturisation, sous la forme d’une puce informatique.

 

Soudain, au cours de la seconde partie, Régis Huby survient avec son violon et, lui aussi, ses effets. Et comme toujours, son archet a cette capacité d’enchanter les musiques où il survient sans que cela ressemble à un envahissement. Et s’il entre si facilement dans cette musique, il va sans dire que celle-ci ne date pas d’hier et qu’elle est le fruit d’une longue existence collective qui fait son élégante majesté. Franck Bergerot

|

Hier, 15 mars, le nom de l’Organic Quintet à l’affiche du Studio de l’Ermitage titillait mon attention. Seul connu de moi parmi ceux de ses cinq membres, le nom de Leïla Martial. Le peu que j’en ai jusqu’ici entendu, hélas jamais live, m’a décidé. Bien m’en a pris.

 

Studio de l’Ermitage, Paris (75), le 13 mars 2015.

 

Leïla Martial (voix), Pierre Tereygeol (guitare électrique), Illy Amar (vibraphone), Florent Corbou (guitare basse électrique), Julien Augier (batterie) + Régis Huby (violon).


Non seulement, ils sont venus jeunes et nombreux mais, à ce public qui se presse autour des chaises toutes occupées, s’ajoutent les auditeurs du Jazz Club d’Yvan Amar qui diffuse le concert sur France Musique . Première partie avant le direct. Le leader du groupe, Florian Corbou (principal compositeur, comme je le constaterai en décellophanant dans le métro du retour le disque dont ce concert est l’occasion de célébrer la sortie) est sans micro et c’est Leïla qui prend la parole. Annonçant une pièce qui sera reprise en deuxième partie pour le direct sur les ondes, elle rassure ainsi les spectateurs de l’Ermitage : « Ce sera différent, on improvise beaucoup. » Ce n’est pas ce qui saute aux oreilles tant cette musique, pourtant jouée dans partition, est précise, dessinée dans ses moindres détails. L’improvisation n’en est pas moins présente mais, sinon comme en effraction, subrepticement, enivant et innervant ces musiques héritière de Terry Riley et Steve Reich jusqu’à l’étourdissement.

 

Et tandis que les boucles se superposent et s’entrelacent d’un instrument à l’autre en une polyphonie entêtante et à tiroirs, il y en a souvent un qui, sans se détacher de l’ensemble, invente sa partie dans l’instant. Comme dans La Sortie du labyrinthe où Julien Augier reconfigure constamment le long ostinato voix-guitare auquel la basse ajoute de rares appuis qui font contrepoint sous forme de nappes étirées. Même s’il a les moyens et le vocabulaire d’un bassiste groovy, Corbou, qui ne doit pas non plus être indifférent au progressive rock et à “l’école de Canterburry”, use de son instrument comme d’une clarinette basse ou d’une guitare. Sa basse et la guitare de Pierre Tereygeol recourent ici et là au capodastre au profit d’arpèges improbables rendus possibles par l’utilisation des cordes à vide et qui font penser ici à quelque moulin à musique, là à quelque kora, jusqu’à ce que la guitare ne s’échappe en solo ou se déguise sous les effets électroniques.

 

Applaties à l’endroit qui frappe les lames du vibraphone, les mailloches d’Illya Amar ont des allures de pattes de félin. Elles en ont tout à la fois la douceur, la détente, l’agilité et l’implacable puissance, avec, comme sait l’être un chat dans un appartement, une indépendance qui le fait se tenir là où l’on ne l’attend pas, ni même parfois ne le voit et, plus encore que Leïla Martial, on peut se demander s’il n’est pas le véritable électron libre de l’orchestre. Une observation qui, si l’on n’avait que ça à faire alors que le soleil nous invite au bois en ce bel après-midi sabbatique, mériterait d’être interrogée tant, comme je l’ai laissé entendre et comme le suggère le nom du groupe, chaque partie de l’ensemble s’y insère en élément irréductible d’un tout organique.

 

Leïla Martial se détache néanmoins de l’ensemble pour des raisons évidentes qui sont la nature même de sa voix dont elle ne s’interdit aucun registre. Certes, limitant sa voix à certaines couleurs filées ainsi qu’elle le fait dans Echoes, elle pourrait se fondre à l’ensemble… mais alors à quoi bon faire appel à elle. Or donc, elle use du cri, comme du murmure, de l’intonation parlée comme de la vocalise, de l’éraillement comme de la pureté, du grommellement comme du chant, articule des langes imaginaires, use enfin des effets électroniques avec une telle discrétion et une telle efficience que l’on pourrait imaginer, lorsque l’on en prend conscience, que son dispositif électronique lui a été greffé dans le gosier, grâce aux miracles de la miniaturisation, sous la forme d’une puce informatique.

 

Soudain, au cours de la seconde partie, Régis Huby survient avec son violon et, lui aussi, ses effets. Et comme toujours, son archet a cette capacité d’enchanter les musiques où il survient sans que cela ressemble à un envahissement. Et s’il entre si facilement dans cette musique, il va sans dire que celle-ci ne date pas d’hier et qu’elle est le fruit d’une longue existence collective qui fait son élégante majesté. Franck Bergerot

|

Hier, 15 mars, le nom de l’Organic Quintet à l’affiche du Studio de l’Ermitage titillait mon attention. Seul connu de moi parmi ceux de ses cinq membres, le nom de Leïla Martial. Le peu que j’en ai jusqu’ici entendu, hélas jamais live, m’a décidé. Bien m’en a pris.

 

Studio de l’Ermitage, Paris (75), le 13 mars 2015.

 

Leïla Martial (voix), Pierre Tereygeol (guitare électrique), Illy Amar (vibraphone), Florent Corbou (guitare basse électrique), Julien Augier (batterie) + Régis Huby (violon).


Non seulement, ils sont venus jeunes et nombreux mais, à ce public qui se presse autour des chaises toutes occupées, s’ajoutent les auditeurs du Jazz Club d’Yvan Amar qui diffuse le concert sur France Musique . Première partie avant le direct. Le leader du groupe, Florian Corbou (principal compositeur, comme je le constaterai en décellophanant dans le métro du retour le disque dont ce concert est l’occasion de célébrer la sortie) est sans micro et c’est Leïla qui prend la parole. Annonçant une pièce qui sera reprise en deuxième partie pour le direct sur les ondes, elle rassure ainsi les spectateurs de l’Ermitage : « Ce sera différent, on improvise beaucoup. » Ce n’est pas ce qui saute aux oreilles tant cette musique, pourtant jouée dans partition, est précise, dessinée dans ses moindres détails. L’improvisation n’en est pas moins présente mais, sinon comme en effraction, subrepticement, enivant et innervant ces musiques héritière de Terry Riley et Steve Reich jusqu’à l’étourdissement.

 

Et tandis que les boucles se superposent et s’entrelacent d’un instrument à l’autre en une polyphonie entêtante et à tiroirs, il y en a souvent un qui, sans se détacher de l’ensemble, invente sa partie dans l’instant. Comme dans La Sortie du labyrinthe où Julien Augier reconfigure constamment le long ostinato voix-guitare auquel la basse ajoute de rares appuis qui font contrepoint sous forme de nappes étirées. Même s’il a les moyens et le vocabulaire d’un bassiste groovy, Corbou, qui ne doit pas non plus être indifférent au progressive rock et à “l’école de Canterburry”, use de son instrument comme d’une clarinette basse ou d’une guitare. Sa basse et la guitare de Pierre Tereygeol recourent ici et là au capodastre au profit d’arpèges improbables rendus possibles par l’utilisation des cordes à vide et qui font penser ici à quelque moulin à musique, là à quelque kora, jusqu’à ce que la guitare ne s’échappe en solo ou se déguise sous les effets électroniques.

 

Applaties à l’endroit qui frappe les lames du vibraphone, les mailloches d’Illya Amar ont des allures de pattes de félin. Elles en ont tout à la fois la douceur, la détente, l’agilité et l’implacable puissance, avec, comme sait l’être un chat dans un appartement, une indépendance qui le fait se tenir là où l’on ne l’attend pas, ni même parfois ne le voit et, plus encore que Leïla Martial, on peut se demander s’il n’est pas le véritable électron libre de l’orchestre. Une observation qui, si l’on n’avait que ça à faire alors que le soleil nous invite au bois en ce bel après-midi sabbatique, mériterait d’être interrogée tant, comme je l’ai laissé entendre et comme le suggère le nom du groupe, chaque partie de l’ensemble s’y insère en élément irréductible d’un tout organique.

 

Leïla Martial se détache néanmoins de l’ensemble pour des raisons évidentes qui sont la nature même de sa voix dont elle ne s’interdit aucun registre. Certes, limitant sa voix à certaines couleurs filées ainsi qu’elle le fait dans Echoes, elle pourrait se fondre à l’ensemble… mais alors à quoi bon faire appel à elle. Or donc, elle use du cri, comme du murmure, de l’intonation parlée comme de la vocalise, de l’éraillement comme de la pureté, du grommellement comme du chant, articule des langes imaginaires, use enfin des effets électroniques avec une telle discrétion et une telle efficience que l’on pourrait imaginer, lorsque l’on en prend conscience, que son dispositif électronique lui a été greffé dans le gosier, grâce aux miracles de la miniaturisation, sous la forme d’une puce informatique.

 

Soudain, au cours de la seconde partie, Régis Huby survient avec son violon et, lui aussi, ses effets. Et comme toujours, son archet a cette capacité d’enchanter les musiques où il survient sans que cela ressemble à un envahissement. Et s’il entre si facilement dans cette musique, il va sans dire que celle-ci ne date pas d’hier et qu’elle est le fruit d’une longue existence collective qui fait son élégante majesté. Franck Bergerot

|

Hier, 15 mars, le nom de l’Organic Quintet à l’affiche du Studio de l’Ermitage titillait mon attention. Seul connu de moi parmi ceux de ses cinq membres, le nom de Leïla Martial. Le peu que j’en ai jusqu’ici entendu, hélas jamais live, m’a décidé. Bien m’en a pris.

 

Studio de l’Ermitage, Paris (75), le 13 mars 2015.

 

Leïla Martial (voix), Pierre Tereygeol (guitare électrique), Illy Amar (vibraphone), Florent Corbou (guitare basse électrique), Julien Augier (batterie) + Régis Huby (violon).


Non seulement, ils sont venus jeunes et nombreux mais, à ce public qui se presse autour des chaises toutes occupées, s’ajoutent les auditeurs du Jazz Club d’Yvan Amar qui diffuse le concert sur France Musique . Première partie avant le direct. Le leader du groupe, Florian Corbou (principal compositeur, comme je le constaterai en décellophanant dans le métro du retour le disque dont ce concert est l’occasion de célébrer la sortie) est sans micro et c’est Leïla qui prend la parole. Annonçant une pièce qui sera reprise en deuxième partie pour le direct sur les ondes, elle rassure ainsi les spectateurs de l’Ermitage : « Ce sera différent, on improvise beaucoup. » Ce n’est pas ce qui saute aux oreilles tant cette musique, pourtant jouée dans partition, est précise, dessinée dans ses moindres détails. L’improvisation n’en est pas moins présente mais, sinon comme en effraction, subrepticement, enivant et innervant ces musiques héritière de Terry Riley et Steve Reich jusqu’à l’étourdissement.

 

Et tandis que les boucles se superposent et s’entrelacent d’un instrument à l’autre en une polyphonie entêtante et à tiroirs, il y en a souvent un qui, sans se détacher de l’ensemble, invente sa partie dans l’instant. Comme dans La Sortie du labyrinthe où Julien Augier reconfigure constamment le long ostinato voix-guitare auquel la basse ajoute de rares appuis qui font contrepoint sous forme de nappes étirées. Même s’il a les moyens et le vocabulaire d’un bassiste groovy, Corbou, qui ne doit pas non plus être indifférent au progressive rock et à “l’école de Canterburry”, use de son instrument comme d’une clarinette basse ou d’une guitare. Sa basse et la guitare de Pierre Tereygeol recourent ici et là au capodastre au profit d’arpèges improbables rendus possibles par l’utilisation des cordes à vide et qui font penser ici à quelque moulin à musique, là à quelque kora, jusqu’à ce que la guitare ne s’échappe en solo ou se déguise sous les effets électroniques.

 

Applaties à l’endroit qui frappe les lames du vibraphone, les mailloches d’Illya Amar ont des allures de pattes de félin. Elles en ont tout à la fois la douceur, la détente, l’agilité et l’implacable puissance, avec, comme sait l’être un chat dans un appartement, une indépendance qui le fait se tenir là où l’on ne l’attend pas, ni même parfois ne le voit et, plus encore que Leïla Martial, on peut se demander s’il n’est pas le véritable électron libre de l’orchestre. Une observation qui, si l’on n’avait que ça à faire alors que le soleil nous invite au bois en ce bel après-midi sabbatique, mériterait d’être interrogée tant, comme je l’ai laissé entendre et comme le suggère le nom du groupe, chaque partie de l’ensemble s’y insère en élément irréductible d’un tout organique.

 

Leïla Martial se détache néanmoins de l’ensemble pour des raisons évidentes qui sont la nature même de sa voix dont elle ne s’interdit aucun registre. Certes, limitant sa voix à certaines couleurs filées ainsi qu’elle le fait dans Echoes, elle pourrait se fondre à l’ensemble… mais alors à quoi bon faire appel à elle. Or donc, elle use du cri, comme du murmure, de l’intonation parlée comme de la vocalise, de l’éraillement comme de la pureté, du grommellement comme du chant, articule des langes imaginaires, use enfin des effets électroniques avec une telle discrétion et une telle efficience que l’on pourrait imaginer, lorsque l’on en prend conscience, que son dispositif électronique lui a été greffé dans le gosier, grâce aux miracles de la miniaturisation, sous la forme d’une puce informatique.

 

Soudain, au cours de la seconde partie, Régis Huby survient avec son violon et, lui aussi, ses effets. Et comme toujours, son archet a cette capacité d’enchanter les musiques où il survient sans que cela ressemble à un envahissement. Et s’il entre si facilement dans cette musique, il va sans dire que celle-ci ne date pas d’hier et qu’elle est le fruit d’une longue existence collective qui fait son élégante majesté. Franck Bergerot