Una Striscia di terra feconda (III), Quartetting, Rosario Giuliani, Sidony Box, D. Humair/D. Rea
Sans être débordant, le Teatro Studio se remplit gentiment chaque soir, avec parfois son lot de supporters, et toujours l’habitude de ne pas faire réellement de coupure entre les deux concerts. D’où l’installation « à vue » de Daniel Humair, hier soir, qui avait un côté un peu étrange quand même, et a causé une belle fâcherie de notre batteur. Qui en a vu d’autres, sans doute, mais quand même…Cela ne l’a pas empêché de produire du jeu et de la musique, en compagnie de Danilo Rea.
Dimanche 8 juin : «QUARTETTING » : Cristiano Arcelli (as), Andrea Molinari (g), Daniele Mencarelli (el-b), Fabio Sasso (dm).
Rosario Giuliani « French Reunion » : Rosario Giuliani (as), Pierre De Bethmann (p), Darryl Hall (b), Benjamin Henocq (dm)
Lundi 9 juin : SIDONY BOX feat. GIANLUCA PETRELLA : Gianluca Petrella (tb), Elie Dalibert (as), Manuel Adnot (g), Arthur Narcy (dm)
DANIEL HUMAIR / DANILO REA : Daniel Humair (dm), Danilo Rea (p)
L’un des intérêts de « Una Striscia Di Terra Feconda » est de permettre la confrontation, mais aussi la collaboration, entre les jeunes musiciens italiens et français. Repérés par les directeurs artistiques respectifs du festival (Paolo Damiani et Armand Meignan), ils proposent leurs projets et vont jusqu’à présenter des formations communes, comme Sidony Box qui accueillait un Gianluca Petrella, tromboniste, qui semblait s’être glissé dans l’affaire comme si c’était sa propre musique et son aventure personnelle. On n’en dira pas autant de « Quartetting », qui a proposé dimanche soir une musique encore inaboutie et pas vraiment assumée. Quant aux « anciens », de Rosario Giuliani à la paire Danilo Rea et Daniel Humair, ils nous ont donné bien des plaisirs de musique, et pas mal d’occasion de réfléchir aussi à la façon dont le jazz « actualise » son histoire.
Disons donc que ce « Quartetting » méritera d’être revu, et sans doute quelque peu corrigé, et attardons nous un instant sur Rosario Giuliani et sa « french reunion ». Impressionnant dès l’entame sur un magnifique thème (assez peu connu) de Lennie Tristano joué à cent à l’heure avec un sens du déboulé étonnant, il a glissé ensuite de son identification à Cannonball Adderley vers des traits plus empruntés à Phil Woods. Au point qu’on a pu croire un instant être revenu aux temps de l’European Rhythm Machine » avec Gordon Beck, Henri Texier et… Daniel Humair ! Très belle musique, jouée avec conviction, bonheur, enthousiasme même, qui réussit à maintenir l’intérêt, même si son « actualité » reste d’ordre historique.
Sidony Box, c’est terriblement d’aujourd’hui : drumming infernal aux multiples entrées, introductions suspendues à la guitare, énoncé imperturbable des thèmes à l’alto, thématique à base d’hymnes bien dans la manière d’un certain free jazz resongé. Ça s’impose d’autant que la sonorisation était réglée assez haut, et l’on aura regretté seulement que les nuances s’y soient perdues en route. Et Petrella, on l’a dit, semblait comme un poisson dans cette eau tourbillonnante…
Quant à Daniel Humair et Danilo Rea, après l’épisode que nous avons rapporté – que notre batteur a supporté avec flegme – ils ont rendu justice à ce que l’idée d’un duo entre deux instruments percussifs peut produire. Sans compter, sur le versant de la tendresse, une belle version de Danny Boy que le pianiste italien a sans doute joué en hommage à Bill Evans. Sinon, de chansons très « pop » en reprises de succès de Bernstein ou Nougaro, ils ont emballé l’histoire, voire (puisque nous nous situons sur ce versant) montré qu’en de certaines circonstances, la question de la pertinence d’une musique ne se pose même pas. Il faut dire qu’en l’occasion elle est jouée par ceux-là même qui l’ont fondée : et Daniel Humair est de ceux-là. Sa cymbale plate continue à être une merveille, ses ponctuations, ses idées, ses touches suivent la musique avec une intelligence rare, et Danilo Rea est tout à fait excellent dans ce registre où il peut laisser aller sa mémoire, qui semble inépuisable. La nuit romaine pouvait ainsi s’annoncer, pleine d’étoiles et de chants de bergers.
Philippe Méziat
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Sans être débordant, le Teatro Studio se remplit gentiment chaque soir, avec parfois son lot de supporters, et toujours l’habitude de ne pas faire réellement de coupure entre les deux concerts. D’où l’installation « à vue » de Daniel Humair, hier soir, qui avait un côté un peu étrange quand même, et a causé une belle fâcherie de notre batteur. Qui en a vu d’autres, sans doute, mais quand même…Cela ne l’a pas empêché de produire du jeu et de la musique, en compagnie de Danilo Rea.
Dimanche 8 juin : «QUARTETTING » : Cristiano Arcelli (as), Andrea Molinari (g), Daniele Mencarelli (el-b), Fabio Sasso (dm).
Rosario Giuliani « French Reunion » : Rosario Giuliani (as), Pierre De Bethmann (p), Darryl Hall (b), Benjamin Henocq (dm)
Lundi 9 juin : SIDONY BOX feat. GIANLUCA PETRELLA : Gianluca Petrella (tb), Elie Dalibert (as), Manuel Adnot (g), Arthur Narcy (dm)
DANIEL HUMAIR / DANILO REA : Daniel Humair (dm), Danilo Rea (p)
L’un des intérêts de « Una Striscia Di Terra Feconda » est de permettre la confrontation, mais aussi la collaboration, entre les jeunes musiciens italiens et français. Repérés par les directeurs artistiques respectifs du festival (Paolo Damiani et Armand Meignan), ils proposent leurs projets et vont jusqu’à présenter des formations communes, comme Sidony Box qui accueillait un Gianluca Petrella, tromboniste, qui semblait s’être glissé dans l’affaire comme si c’était sa propre musique et son aventure personnelle. On n’en dira pas autant de « Quartetting », qui a proposé dimanche soir une musique encore inaboutie et pas vraiment assumée. Quant aux « anciens », de Rosario Giuliani à la paire Danilo Rea et Daniel Humair, ils nous ont donné bien des plaisirs de musique, et pas mal d’occasion de réfléchir aussi à la façon dont le jazz « actualise » son histoire.
Disons donc que ce « Quartetting » méritera d’être revu, et sans doute quelque peu corrigé, et attardons nous un instant sur Rosario Giuliani et sa « french reunion ». Impressionnant dès l’entame sur un magnifique thème (assez peu connu) de Lennie Tristano joué à cent à l’heure avec un sens du déboulé étonnant, il a glissé ensuite de son identification à Cannonball Adderley vers des traits plus empruntés à Phil Woods. Au point qu’on a pu croire un instant être revenu aux temps de l’European Rhythm Machine » avec Gordon Beck, Henri Texier et… Daniel Humair ! Très belle musique, jouée avec conviction, bonheur, enthousiasme même, qui réussit à maintenir l’intérêt, même si son « actualité » reste d’ordre historique.
Sidony Box, c’est terriblement d’aujourd’hui : drumming infernal aux multiples entrées, introductions suspendues à la guitare, énoncé imperturbable des thèmes à l’alto, thématique à base d’hymnes bien dans la manière d’un certain free jazz resongé. Ça s’impose d’autant que la sonorisation était réglée assez haut, et l’on aura regretté seulement que les nuances s’y soient perdues en route. Et Petrella, on l’a dit, semblait comme un poisson dans cette eau tourbillonnante…
Quant à Daniel Humair et Danilo Rea, après l’épisode que nous avons rapporté – que notre batteur a supporté avec flegme – ils ont rendu justice à ce que l’idée d’un duo entre deux instruments percussifs peut produire. Sans compter, sur le versant de la tendresse, une belle version de Danny Boy que le pianiste italien a sans doute joué en hommage à Bill Evans. Sinon, de chansons très « pop » en reprises de succès de Bernstein ou Nougaro, ils ont emballé l’histoire, voire (puisque nous nous situons sur ce versant) montré qu’en de certaines circonstances, la question de la pertinence d’une musique ne se pose même pas. Il faut dire qu’en l’occasion elle est jouée par ceux-là même qui l’ont fondée : et Daniel Humair est de ceux-là. Sa cymbale plate continue à être une merveille, ses ponctuations, ses idées, ses touches suivent la musique avec une intelligence rare, et Danilo Rea est tout à fait excellent dans ce registre où il peut laisser aller sa mémoire, qui semble inépuisable. La nuit romaine pouvait ainsi s’annoncer, pleine d’étoiles et de chants de bergers.
Philippe Méziat
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Sans être débordant, le Teatro Studio se remplit gentiment chaque soir, avec parfois son lot de supporters, et toujours l’habitude de ne pas faire réellement de coupure entre les deux concerts. D’où l’installation « à vue » de Daniel Humair, hier soir, qui avait un côté un peu étrange quand même, et a causé une belle fâcherie de notre batteur. Qui en a vu d’autres, sans doute, mais quand même…Cela ne l’a pas empêché de produire du jeu et de la musique, en compagnie de Danilo Rea.
Dimanche 8 juin : «QUARTETTING » : Cristiano Arcelli (as), Andrea Molinari (g), Daniele Mencarelli (el-b), Fabio Sasso (dm).
Rosario Giuliani « French Reunion » : Rosario Giuliani (as), Pierre De Bethmann (p), Darryl Hall (b), Benjamin Henocq (dm)
Lundi 9 juin : SIDONY BOX feat. GIANLUCA PETRELLA : Gianluca Petrella (tb), Elie Dalibert (as), Manuel Adnot (g), Arthur Narcy (dm)
DANIEL HUMAIR / DANILO REA : Daniel Humair (dm), Danilo Rea (p)
L’un des intérêts de « Una Striscia Di Terra Feconda » est de permettre la confrontation, mais aussi la collaboration, entre les jeunes musiciens italiens et français. Repérés par les directeurs artistiques respectifs du festival (Paolo Damiani et Armand Meignan), ils proposent leurs projets et vont jusqu’à présenter des formations communes, comme Sidony Box qui accueillait un Gianluca Petrella, tromboniste, qui semblait s’être glissé dans l’affaire comme si c’était sa propre musique et son aventure personnelle. On n’en dira pas autant de « Quartetting », qui a proposé dimanche soir une musique encore inaboutie et pas vraiment assumée. Quant aux « anciens », de Rosario Giuliani à la paire Danilo Rea et Daniel Humair, ils nous ont donné bien des plaisirs de musique, et pas mal d’occasion de réfléchir aussi à la façon dont le jazz « actualise » son histoire.
Disons donc que ce « Quartetting » méritera d’être revu, et sans doute quelque peu corrigé, et attardons nous un instant sur Rosario Giuliani et sa « french reunion ». Impressionnant dès l’entame sur un magnifique thème (assez peu connu) de Lennie Tristano joué à cent à l’heure avec un sens du déboulé étonnant, il a glissé ensuite de son identification à Cannonball Adderley vers des traits plus empruntés à Phil Woods. Au point qu’on a pu croire un instant être revenu aux temps de l’European Rhythm Machine » avec Gordon Beck, Henri Texier et… Daniel Humair ! Très belle musique, jouée avec conviction, bonheur, enthousiasme même, qui réussit à maintenir l’intérêt, même si son « actualité » reste d’ordre historique.
Sidony Box, c’est terriblement d’aujourd’hui : drumming infernal aux multiples entrées, introductions suspendues à la guitare, énoncé imperturbable des thèmes à l’alto, thématique à base d’hymnes bien dans la manière d’un certain free jazz resongé. Ça s’impose d’autant que la sonorisation était réglée assez haut, et l’on aura regretté seulement que les nuances s’y soient perdues en route. Et Petrella, on l’a dit, semblait comme un poisson dans cette eau tourbillonnante…
Quant à Daniel Humair et Danilo Rea, après l’épisode que nous avons rapporté – que notre batteur a supporté avec flegme – ils ont rendu justice à ce que l’idée d’un duo entre deux instruments percussifs peut produire. Sans compter, sur le versant de la tendresse, une belle version de Danny Boy que le pianiste italien a sans doute joué en hommage à Bill Evans. Sinon, de chansons très « pop » en reprises de succès de Bernstein ou Nougaro, ils ont emballé l’histoire, voire (puisque nous nous situons sur ce versant) montré qu’en de certaines circonstances, la question de la pertinence d’une musique ne se pose même pas. Il faut dire qu’en l’occasion elle est jouée par ceux-là même qui l’ont fondée : et Daniel Humair est de ceux-là. Sa cymbale plate continue à être une merveille, ses ponctuations, ses idées, ses touches suivent la musique avec une intelligence rare, et Danilo Rea est tout à fait excellent dans ce registre où il peut laisser aller sa mémoire, qui semble inépuisable. La nuit romaine pouvait ainsi s’annoncer, pleine d’étoiles et de chants de bergers.
Philippe Méziat
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Sans être débordant, le Teatro Studio se remplit gentiment chaque soir, avec parfois son lot de supporters, et toujours l’habitude de ne pas faire réellement de coupure entre les deux concerts. D’où l’installation « à vue » de Daniel Humair, hier soir, qui avait un côté un peu étrange quand même, et a causé une belle fâcherie de notre batteur. Qui en a vu d’autres, sans doute, mais quand même…Cela ne l’a pas empêché de produire du jeu et de la musique, en compagnie de Danilo Rea.
Dimanche 8 juin : «QUARTETTING » : Cristiano Arcelli (as), Andrea Molinari (g), Daniele Mencarelli (el-b), Fabio Sasso (dm).
Rosario Giuliani « French Reunion » : Rosario Giuliani (as), Pierre De Bethmann (p), Darryl Hall (b), Benjamin Henocq (dm)
Lundi 9 juin : SIDONY BOX feat. GIANLUCA PETRELLA : Gianluca Petrella (tb), Elie Dalibert (as), Manuel Adnot (g), Arthur Narcy (dm)
DANIEL HUMAIR / DANILO REA : Daniel Humair (dm), Danilo Rea (p)
L’un des intérêts de « Una Striscia Di Terra Feconda » est de permettre la confrontation, mais aussi la collaboration, entre les jeunes musiciens italiens et français. Repérés par les directeurs artistiques respectifs du festival (Paolo Damiani et Armand Meignan), ils proposent leurs projets et vont jusqu’à présenter des formations communes, comme Sidony Box qui accueillait un Gianluca Petrella, tromboniste, qui semblait s’être glissé dans l’affaire comme si c’était sa propre musique et son aventure personnelle. On n’en dira pas autant de « Quartetting », qui a proposé dimanche soir une musique encore inaboutie et pas vraiment assumée. Quant aux « anciens », de Rosario Giuliani à la paire Danilo Rea et Daniel Humair, ils nous ont donné bien des plaisirs de musique, et pas mal d’occasion de réfléchir aussi à la façon dont le jazz « actualise » son histoire.
Disons donc que ce « Quartetting » méritera d’être revu, et sans doute quelque peu corrigé, et attardons nous un instant sur Rosario Giuliani et sa « french reunion ». Impressionnant dès l’entame sur un magnifique thème (assez peu connu) de Lennie Tristano joué à cent à l’heure avec un sens du déboulé étonnant, il a glissé ensuite de son identification à Cannonball Adderley vers des traits plus empruntés à Phil Woods. Au point qu’on a pu croire un instant être revenu aux temps de l’European Rhythm Machine » avec Gordon Beck, Henri Texier et… Daniel Humair ! Très belle musique, jouée avec conviction, bonheur, enthousiasme même, qui réussit à maintenir l’intérêt, même si son « actualité » reste d’ordre historique.
Sidony Box, c’est terriblement d’aujourd’hui : drumming infernal aux multiples entrées, introductions suspendues à la guitare, énoncé imperturbable des thèmes à l’alto, thématique à base d’hymnes bien dans la manière d’un certain free jazz resongé. Ça s’impose d’autant que la sonorisation était réglée assez haut, et l’on aura regretté seulement que les nuances s’y soient perdues en route. Et Petrella, on l’a dit, semblait comme un poisson dans cette eau tourbillonnante…
Quant à Daniel Humair et Danilo Rea, après l’épisode que nous avons rapporté – que notre batteur a supporté avec flegme – ils ont rendu justice à ce que l’idée d’un duo entre deux instruments percussifs peut produire. Sans compter, sur le versant de la tendresse, une belle version de Danny Boy que le pianiste italien a sans doute joué en hommage à Bill Evans. Sinon, de chansons très « pop » en reprises de succès de Bernstein ou Nougaro, ils ont emballé l’histoire, voire (puisque nous nous situons sur ce versant) montré qu’en de certaines circonstances, la question de la pertinence d’une musique ne se pose même pas. Il faut dire qu’en l’occasion elle est jouée par ceux-là même qui l’ont fondée : et Daniel Humair est de ceux-là. Sa cymbale plate continue à être une merveille, ses ponctuations, ses idées, ses touches suivent la musique avec une intelligence rare, et Danilo Rea est tout à fait excellent dans ce registre où il peut laisser aller sa mémoire, qui semble inépuisable. La nuit romaine pouvait ainsi s’annoncer, pleine d’étoiles et de chants de bergers.
Philippe Méziat