Vague de Jazz, pourvu que ça dure, épisode 2
Quatorzième édition, déjà, pour le festival rêvé, réalisé, programmé et porté depuis 2003 par Jacques Henri Béchieau et son équipe de résistants bénévoles vendéens. On y était, du jeudi 28 au dimanche 31 juillet.
À Vague de Jazz, les rencontres entre musiciens ne sont pas un vain mot, et Jacques Henri Béchieau n’aime rien tant que les encourager, les susciter, voire les provoquer, sans heurts ni fracas, avec un feeling rare pour celles qui s’avèrent souvent les plus fructueuses. L’art du duo, source de frissons conversatoires infinis, semble tout particulièrement lui tenir à cœur.
Cette année, après avoir lors des éditions précédentes dialogué avec Elise Dabrowski et Edward Perraud (entre autres), Louis Sclavis est revenu en terre vendéenne pour un premier duo avec Benjamin Moussay (nous n’étions hélas pas encore arrivé…), puis pour un second, le vendredi 29, avec-tiens-le-revoilà Théo Ceccaldi. Et dans un cadre limite idyllique : la grande terrasse abritée comme il faut, mais baignée de lumière, du bâtiment principal des Vignobles Mourat, à Mareuil Sur Lay.
Sclavis & Ceccaldi ont dansé sur les sables mouvants de l’impro libre, et quand deux musiciens aussi passionnément attachés au geste musical décident en tous sens de s’entendre, la courant passe forcément entre eux, mais aussi avec ceux qui les écoutent inventer sur le fil du rasoir – un rasoir qui ne coupe qu’à cœur – avec ce qu’il faut de tensions et de détentes, de piquant et de douceur. Le violon et l’alto se marient avec certaine fluidité avec la clarinette et la clarinette basse. Enfin, pas toujours, pas forcément… Mais quand à ma gauche un naufragé volontaire qui ne perd jamais le nord plonge tête baissée dans le grand bain de la Glorieuse Incertitude Improvisée et, à ma droite, un vieux loup de mer (Sclavis) dompte tranquillement les éléments, on se dit que le peuple du jazz est décidément une sacrée communauté de têtes chercheuses.
Le lendemain, au beau matin, Fidel Fourneyron et son trombone à coulisse et Florian Satche et sa batterie pour enfant sillonnèrent les canaux du Marais Poitevin pour « la traditionnelle promenade en barque », à l’écart « des lotissements tentaculaires et de l’agriculture industrielle » (cf. le petit programme dépliant). Un duo intimiste et bio donc, accompagné par les promeneurs mélomanes et les photographes du samedi. Esquisses de mélodies cuivrées, improvisations de poche, petits accès d’ébullition percussive : au fil de l’eau, la musique coule tranquillement de source, tandis qu’un drône aussi bruyant qu’un commando de moustiques filme le tout. On n’arrête pas le progrès.
Du fil de l’eau, passons à celui tendu par Leïla Martial et tiens-le-revoilà-aussi Valentin Ceccaldi. Leur duo à eux, qu’ils nomment Fil, balance tendrement entre douce folie et émotion vraie. (C’était cette fois en première partie de Can You Hear Me, à l’Espace Culturel du Clouzy.) Avec un juste équilibre entre malice et respect, ils dynamitent du Fauré ou du Purcell, et glissent au passage leurs compos persos.
La joyeuse créativité de l’une, dont le chant tranformiste (électroniquement modifié et/ou mis en boucle parfois) et le phrasé élastique ouvrent de réjouissantes failles poético-soniques, fait décidément très bon ménage avec le violoncelle toujours plus habité de l’autre, qu’on sait donc capable d’architecturer des grands ensembles hybrides (cf. Atomic Spoutnik) et de servir la cause d’un duo aussi attachant que celui-ci, que Vague de Jazz avait déjà programmé l’an dernier, nous donnant ainsi l’occasion de vérifier in situ sa belle maturation. (Bonne nouvelle, Leïla Martial va bientôt publier “Baabel”, son deuxième album, sur le label Laborie Jazz. Croisons les doigts pour que Fil enregistre également sans tarder. À bon entendeur…)
Quelques heures avant Fil, une autre régulière de Vague de Jazz, la contrebassiste-vocaliste Élise Dabrowski, était venue présenter son duo avec Sébastien Béranger, expert ès-traitements sonores électroniques. Oser programmer un dimanche à midi une musique aussi abstraite et exigeante – grappes de notes indomptées, glissandi d’archet brûlant et vocalises inattendues détournées en temps réel – tout en faisant venir un public attentif et ouvert à tous les possibles : c’est aussi ça le discret miracle de Vague de Jazz. [À suivre.]|Quatorzième édition, déjà, pour le festival rêvé, réalisé, programmé et porté depuis 2003 par Jacques Henri Béchieau et son équipe de résistants bénévoles vendéens. On y était, du jeudi 28 au dimanche 31 juillet.
À Vague de Jazz, les rencontres entre musiciens ne sont pas un vain mot, et Jacques Henri Béchieau n’aime rien tant que les encourager, les susciter, voire les provoquer, sans heurts ni fracas, avec un feeling rare pour celles qui s’avèrent souvent les plus fructueuses. L’art du duo, source de frissons conversatoires infinis, semble tout particulièrement lui tenir à cœur.
Cette année, après avoir lors des éditions précédentes dialogué avec Elise Dabrowski et Edward Perraud (entre autres), Louis Sclavis est revenu en terre vendéenne pour un premier duo avec Benjamin Moussay (nous n’étions hélas pas encore arrivé…), puis pour un second, le vendredi 29, avec-tiens-le-revoilà Théo Ceccaldi. Et dans un cadre limite idyllique : la grande terrasse abritée comme il faut, mais baignée de lumière, du bâtiment principal des Vignobles Mourat, à Mareuil Sur Lay.
Sclavis & Ceccaldi ont dansé sur les sables mouvants de l’impro libre, et quand deux musiciens aussi passionnément attachés au geste musical décident en tous sens de s’entendre, la courant passe forcément entre eux, mais aussi avec ceux qui les écoutent inventer sur le fil du rasoir – un rasoir qui ne coupe qu’à cœur – avec ce qu’il faut de tensions et de détentes, de piquant et de douceur. Le violon et l’alto se marient avec certaine fluidité avec la clarinette et la clarinette basse. Enfin, pas toujours, pas forcément… Mais quand à ma gauche un naufragé volontaire qui ne perd jamais le nord plonge tête baissée dans le grand bain de la Glorieuse Incertitude Improvisée et, à ma droite, un vieux loup de mer (Sclavis) dompte tranquillement les éléments, on se dit que le peuple du jazz est décidément une sacrée communauté de têtes chercheuses.
Le lendemain, au beau matin, Fidel Fourneyron et son trombone à coulisse et Florian Satche et sa batterie pour enfant sillonnèrent les canaux du Marais Poitevin pour « la traditionnelle promenade en barque », à l’écart « des lotissements tentaculaires et de l’agriculture industrielle » (cf. le petit programme dépliant). Un duo intimiste et bio donc, accompagné par les promeneurs mélomanes et les photographes du samedi. Esquisses de mélodies cuivrées, improvisations de poche, petits accès d’ébullition percussive : au fil de l’eau, la musique coule tranquillement de source, tandis qu’un drône aussi bruyant qu’un commando de moustiques filme le tout. On n’arrête pas le progrès.
Du fil de l’eau, passons à celui tendu par Leïla Martial et tiens-le-revoilà-aussi Valentin Ceccaldi. Leur duo à eux, qu’ils nomment Fil, balance tendrement entre douce folie et émotion vraie. (C’était cette fois en première partie de Can You Hear Me, à l’Espace Culturel du Clouzy.) Avec un juste équilibre entre malice et respect, ils dynamitent du Fauré ou du Purcell, et glissent au passage leurs compos persos.
La joyeuse créativité de l’une, dont le chant tranformiste (électroniquement modifié et/ou mis en boucle parfois) et le phrasé élastique ouvrent de réjouissantes failles poético-soniques, fait décidément très bon ménage avec le violoncelle toujours plus habité de l’autre, qu’on sait donc capable d’architecturer des grands ensembles hybrides (cf. Atomic Spoutnik) et de servir la cause d’un duo aussi attachant que celui-ci, que Vague de Jazz avait déjà programmé l’an dernier, nous donnant ainsi l’occasion de vérifier in situ sa belle maturation. (Bonne nouvelle, Leïla Martial va bientôt publier “Baabel”, son deuxième album, sur le label Laborie Jazz. Croisons les doigts pour que Fil enregistre également sans tarder. À bon entendeur…)
Quelques heures avant Fil, une autre régulière de Vague de Jazz, la contrebassiste-vocaliste Élise Dabrowski, était venue présenter son duo avec Sébastien Béranger, expert ès-traitements sonores électroniques. Oser programmer un dimanche à midi une musique aussi abstraite et exigeante – grappes de notes indomptées, glissandi d’archet brûlant et vocalises inattendues détournées en temps réel – tout en faisant venir un public attentif et ouvert à tous les possibles : c’est aussi ça le discret miracle de Vague de Jazz. [À suivre.]|Quatorzième édition, déjà, pour le festival rêvé, réalisé, programmé et porté depuis 2003 par Jacques Henri Béchieau et son équipe de résistants bénévoles vendéens. On y était, du jeudi 28 au dimanche 31 juillet.
À Vague de Jazz, les rencontres entre musiciens ne sont pas un vain mot, et Jacques Henri Béchieau n’aime rien tant que les encourager, les susciter, voire les provoquer, sans heurts ni fracas, avec un feeling rare pour celles qui s’avèrent souvent les plus fructueuses. L’art du duo, source de frissons conversatoires infinis, semble tout particulièrement lui tenir à cœur.
Cette année, après avoir lors des éditions précédentes dialogué avec Elise Dabrowski et Edward Perraud (entre autres), Louis Sclavis est revenu en terre vendéenne pour un premier duo avec Benjamin Moussay (nous n’étions hélas pas encore arrivé…), puis pour un second, le vendredi 29, avec-tiens-le-revoilà Théo Ceccaldi. Et dans un cadre limite idyllique : la grande terrasse abritée comme il faut, mais baignée de lumière, du bâtiment principal des Vignobles Mourat, à Mareuil Sur Lay.
Sclavis & Ceccaldi ont dansé sur les sables mouvants de l’impro libre, et quand deux musiciens aussi passionnément attachés au geste musical décident en tous sens de s’entendre, la courant passe forcément entre eux, mais aussi avec ceux qui les écoutent inventer sur le fil du rasoir – un rasoir qui ne coupe qu’à cœur – avec ce qu’il faut de tensions et de détentes, de piquant et de douceur. Le violon et l’alto se marient avec certaine fluidité avec la clarinette et la clarinette basse. Enfin, pas toujours, pas forcément… Mais quand à ma gauche un naufragé volontaire qui ne perd jamais le nord plonge tête baissée dans le grand bain de la Glorieuse Incertitude Improvisée et, à ma droite, un vieux loup de mer (Sclavis) dompte tranquillement les éléments, on se dit que le peuple du jazz est décidément une sacrée communauté de têtes chercheuses.
Le lendemain, au beau matin, Fidel Fourneyron et son trombone à coulisse et Florian Satche et sa batterie pour enfant sillonnèrent les canaux du Marais Poitevin pour « la traditionnelle promenade en barque », à l’écart « des lotissements tentaculaires et de l’agriculture industrielle » (cf. le petit programme dépliant). Un duo intimiste et bio donc, accompagné par les promeneurs mélomanes et les photographes du samedi. Esquisses de mélodies cuivrées, improvisations de poche, petits accès d’ébullition percussive : au fil de l’eau, la musique coule tranquillement de source, tandis qu’un drône aussi bruyant qu’un commando de moustiques filme le tout. On n’arrête pas le progrès.
Du fil de l’eau, passons à celui tendu par Leïla Martial et tiens-le-revoilà-aussi Valentin Ceccaldi. Leur duo à eux, qu’ils nomment Fil, balance tendrement entre douce folie et émotion vraie. (C’était cette fois en première partie de Can You Hear Me, à l’Espace Culturel du Clouzy.) Avec un juste équilibre entre malice et respect, ils dynamitent du Fauré ou du Purcell, et glissent au passage leurs compos persos.
La joyeuse créativité de l’une, dont le chant tranformiste (électroniquement modifié et/ou mis en boucle parfois) et le phrasé élastique ouvrent de réjouissantes failles poético-soniques, fait décidément très bon ménage avec le violoncelle toujours plus habité de l’autre, qu’on sait donc capable d’architecturer des grands ensembles hybrides (cf. Atomic Spoutnik) et de servir la cause d’un duo aussi attachant que celui-ci, que Vague de Jazz avait déjà programmé l’an dernier, nous donnant ainsi l’occasion de vérifier in situ sa belle maturation. (Bonne nouvelle, Leïla Martial va bientôt publier “Baabel”, son deuxième album, sur le label Laborie Jazz. Croisons les doigts pour que Fil enregistre également sans tarder. À bon entendeur…)
Quelques heures avant Fil, une autre régulière de Vague de Jazz, la contrebassiste-vocaliste Élise Dabrowski, était venue présenter son duo avec Sébastien Béranger, expert ès-traitements sonores électroniques. Oser programmer un dimanche à midi une musique aussi abstraite et exigeante – grappes de notes indomptées, glissandi d’archet brûlant et vocalises inattendues détournées en temps réel – tout en faisant venir un public attentif et ouvert à tous les possibles : c’est aussi ça le discret miracle de Vague de Jazz. [À suivre.]|Quatorzième édition, déjà, pour le festival rêvé, réalisé, programmé et porté depuis 2003 par Jacques Henri Béchieau et son équipe de résistants bénévoles vendéens. On y était, du jeudi 28 au dimanche 31 juillet.
À Vague de Jazz, les rencontres entre musiciens ne sont pas un vain mot, et Jacques Henri Béchieau n’aime rien tant que les encourager, les susciter, voire les provoquer, sans heurts ni fracas, avec un feeling rare pour celles qui s’avèrent souvent les plus fructueuses. L’art du duo, source de frissons conversatoires infinis, semble tout particulièrement lui tenir à cœur.
Cette année, après avoir lors des éditions précédentes dialogué avec Elise Dabrowski et Edward Perraud (entre autres), Louis Sclavis est revenu en terre vendéenne pour un premier duo avec Benjamin Moussay (nous n’étions hélas pas encore arrivé…), puis pour un second, le vendredi 29, avec-tiens-le-revoilà Théo Ceccaldi. Et dans un cadre limite idyllique : la grande terrasse abritée comme il faut, mais baignée de lumière, du bâtiment principal des Vignobles Mourat, à Mareuil Sur Lay.
Sclavis & Ceccaldi ont dansé sur les sables mouvants de l’impro libre, et quand deux musiciens aussi passionnément attachés au geste musical décident en tous sens de s’entendre, la courant passe forcément entre eux, mais aussi avec ceux qui les écoutent inventer sur le fil du rasoir – un rasoir qui ne coupe qu’à cœur – avec ce qu’il faut de tensions et de détentes, de piquant et de douceur. Le violon et l’alto se marient avec certaine fluidité avec la clarinette et la clarinette basse. Enfin, pas toujours, pas forcément… Mais quand à ma gauche un naufragé volontaire qui ne perd jamais le nord plonge tête baissée dans le grand bain de la Glorieuse Incertitude Improvisée et, à ma droite, un vieux loup de mer (Sclavis) dompte tranquillement les éléments, on se dit que le peuple du jazz est décidément une sacrée communauté de têtes chercheuses.
Le lendemain, au beau matin, Fidel Fourneyron et son trombone à coulisse et Florian Satche et sa batterie pour enfant sillonnèrent les canaux du Marais Poitevin pour « la traditionnelle promenade en barque », à l’écart « des lotissements tentaculaires et de l’agriculture industrielle » (cf. le petit programme dépliant). Un duo intimiste et bio donc, accompagné par les promeneurs mélomanes et les photographes du samedi. Esquisses de mélodies cuivrées, improvisations de poche, petits accès d’ébullition percussive : au fil de l’eau, la musique coule tranquillement de source, tandis qu’un drône aussi bruyant qu’un commando de moustiques filme le tout. On n’arrête pas le progrès.
Du fil de l’eau, passons à celui tendu par Leïla Martial et tiens-le-revoilà-aussi Valentin Ceccaldi. Leur duo à eux, qu’ils nomment Fil, balance tendrement entre douce folie et émotion vraie. (C’était cette fois en première partie de Can You Hear Me, à l’Espace Culturel du Clouzy.) Avec un juste équilibre entre malice et respect, ils dynamitent du Fauré ou du Purcell, et glissent au passage leurs compos persos.
La joyeuse créativité de l’une, dont le chant tranformiste (électroniquement modifié et/ou mis en boucle parfois) et le phrasé élastique ouvrent de réjouissantes failles poético-soniques, fait décidément très bon ménage avec le violoncelle toujours plus habité de l’autre, qu’on sait donc capable d’architecturer des grands ensembles hybrides (cf. Atomic Spoutnik) et de servir la cause d’un duo aussi attachant que celui-ci, que Vague de Jazz avait déjà programmé l’an dernier, nous donnant ainsi l’occasion de vérifier in situ sa belle maturation. (Bonne nouvelle, Leïla Martial va bientôt publier “Baabel”, son deuxième album, sur le label Laborie Jazz. Croisons les doigts pour que Fil enregistre également sans tarder. À bon entendeur…)
Quelques heures avant Fil, une autre régulière de Vague de Jazz, la contrebassiste-vocaliste Élise Dabrowski, était venue présenter son duo avec Sébastien Béranger, expert ès-traitements sonores électroniques. Oser programmer un dimanche à midi une musique aussi abstraite et exigeante – grappes de notes indomptées, glissandi d’archet brûlant et vocalises inattendues détournées en temps réel – tout en faisant venir un public attentif et ouvert à tous les possibles : c’est aussi ça le discret miracle de Vague de Jazz. [À suivre.]