Vic Fezensac (2): Tempo Latino toujours caliente
Un turban multicolore tient ses cheveux en vrille de glace italienne Martha Galarraga balance des hanches en souplesse. Sous le préau du collège la chanteuse et prêtresse de santeria cubaine fait passer le feeling de la rumba aux gamins ébahis. La regardant droit dans les yeux, en rythme, ils chantent en langue yoruba.
Tempo Latino, Arènes, Vic Fezensac, 30 juillet
African Salsa Orchestra: Michel Pinheiro (ltp, voc), Elvin Ponce Ramos (voc, per), Patrick Bebay (p), Jean Richard Codjia (conga), Willy Ombe (perc), Kelly Koto (b), Florent Briqué, Florent Cardon (tp) + cordes
Spanish Harlem Orchestra: Oscar Hernandez ((direct, p), Jeremy Bosch, Marco Bermudez, Carlos Cascante (voc), Georges Delgado ((conga), Luisito Quintero (timbales), Jorge Gonzales (perc), Gerardo « Jerry » Madera (b), Mitch Forman (bas, fl), Reynaldo Jorge, Doug Beavers (tb), Hector Colon, Manuel « Maneco’ Ruiz (tp)
« Le samedi tu vas voir, ça danse partout, c’est fou ! » m’avait prévenu Benoit, mon logeur, ancien bénévole dans l’équipe du « Tempo » lanceur d’alerte averti. Sur le terrain sa prophétie se vérifie de visu. Aux terrasses de cafés, dans la rue principale transformée en marché africain, à même le bitume surchauffé par une lourdeur orageuse, au fond de de cours en retrait, sur le fameux Espace La Conga bien sur recouvert de sable blanc aux allures de Copacabana, au beau milieu de la piste improvisée du Restaurant des Arènes sous le regard fixe en noir et blanc des figuras du toreo portraîtisés suite à un passage lors de la Feria de Pentecôte…Bref, partout dans Vic les corps en sudation se lancent dans les figures sinusoïdales, ouvrent et ferment les étreintes sensuelles des pas de danses téléguidés par le son ou le merengue. Toutes et tous sous perfusion tempo latino. Comme si un souffle chaud, caliente, soudain avait levé l’obstacle de la pesanteur. Effet d’une magie sucrée salée, bien épicée, sans doute jaillie de la combinaison de saveurs vins locaux plus rhums d’importation caraïbe…
African Salsa Orchestra: tout un programme. Un parcours musical coloré au travers d’un kaléidoscope de (musiciens issus de) pays (Benin, Togo, Cuba, Puerto Rico) s’il faut en croire la déclaration d’intention du leader, Michel Pinheiro, originaire de Cotonou, compositeur, chef d’orchestre, défenseur avoué et militant de l’environnement en Afrique « La salsa est notre langage fondateur » Salsa façon (discours) humaniste, musique « latine » construite en aller et retour, en mode de pont avec l’Afrique à l’image des échanges, interactions matrices de la rumba congolaise. Les rythmes balancent en souplesse, le piano fixe les mélodies, non sans l’apport harmonique singulier dans un tel contexte d’un quatuor de cordes (violons, violoncelle) Seul petit bémol s’il fallait en trouver un: les textes en français n’épousent pas forcément toujours le tempo naturel latino.
Treize musiciens réunis pour un All Stars de la salsa,. Le fondateur et leader de la bande, Oscar Hernandez tient toujours fermement le gouvernail du Spanish Harlem Orchestra. Le pianiste qui a collaboré aussi bien avec Paul Simon que Ruben Blades, lance les thèmes, relance les sections (cuivres, percussions), fait signe aux chanteurs (trois: un portoricain, un venezuelien, un costaricain pour autant de voix timbrées chaudes et rondes) pour embrayer sur un chant en solo, un unisson voire un échange. La sonorité de l’orchestre, la patte musicale illustre « la salsa dura » celle qui vient en droite ligne de la mythique Fania des années 80. Soit un rendu percutant, précis, impeccable dans la mise en place comme dans les changements de séquence. Deux moments d’intensité particulière à mettre en exergue: d‘abord lorsque le jeune chanteur Jeremy Bosch, fils d’un ancien musicien du SHO , présente un boléro joué « en hommage à toutes les victimes des attentes en France » Pic d’émotion. Puis les trois chanteurs ayant quitté la scène, Oscar Hernandez annonce une de ses compositions étiquetée par ses soins « puro latin jazz » Un bon vrai travail de big band dans la veine, la couleur annoncée permet d’écouter un savoureux chorus de sax baryton. Petit regret à ce propos: le répertoire n’a pas dégagé beaucoup de solos de ce genre. Il est vrai qu’à l’instar de la défunte Fania (on dit qu’un album souvenir doit sortir incessamment…) on ne ressort pas si facilement des pointures comme Ray Barretto, Eddie Palmieri, voire Tito Puente ou Mongo Santamaria…Même si dans son dernier album daté de 2015, le leader du Spanish Harlem Orchestra avait invité Chick Corea et Joe Lovano. Bon, ne soyons pas bégueule pour autant: à vrai dire le large public de Vic s’est lui bien régalé du piment de cette « sauce dure »
« Il faut le dire, il faut le savoir : nous évoluons sur un segment musical bien particulier » reconnait en guise de conclusion Eric Duffau le patron du festival vicois depuis vingt trois ans « D’où la difficulté, le pari du renouvellement des musiciens présentés. Nous avons besoin de têtes d’affiche, de noms capables de remplir les arènes. A ce titre, la tâche n’est pas si aisée. De la même façon dans ce secteur des musiques « latines », la fiabilité des producteurs, des agents d’artistes n’est pas toujours assurée à cent pour cent. Là encore le risque existe et à Tempo Latino, je suis placé pour le savoir, nous devons faire avec » Dernière difficulté intervenue au bout d’une histoire commune des deux festivals: la proximité géographique des deux communes du Gers, Vic Fezensac et Marciac. A fortiori depuis que Jazz in Marciac entame son programme de concerts avant même que Tempo Latino n’ait refermé la porte de ses arènes.
Robert Latxague
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Un turban multicolore tient ses cheveux en vrille de glace italienne Martha Galarraga balance des hanches en souplesse. Sous le préau du collège la chanteuse et prêtresse de santeria cubaine fait passer le feeling de la rumba aux gamins ébahis. La regardant droit dans les yeux, en rythme, ils chantent en langue yoruba.
Tempo Latino, Arènes, Vic Fezensac, 30 juillet
African Salsa Orchestra: Michel Pinheiro (ltp, voc), Elvin Ponce Ramos (voc, per), Patrick Bebay (p), Jean Richard Codjia (conga), Willy Ombe (perc), Kelly Koto (b), Florent Briqué, Florent Cardon (tp) + cordes
Spanish Harlem Orchestra: Oscar Hernandez ((direct, p), Jeremy Bosch, Marco Bermudez, Carlos Cascante (voc), Georges Delgado ((conga), Luisito Quintero (timbales), Jorge Gonzales (perc), Gerardo « Jerry » Madera (b), Mitch Forman (bas, fl), Reynaldo Jorge, Doug Beavers (tb), Hector Colon, Manuel « Maneco’ Ruiz (tp)
« Le samedi tu vas voir, ça danse partout, c’est fou ! » m’avait prévenu Benoit, mon logeur, ancien bénévole dans l’équipe du « Tempo » lanceur d’alerte averti. Sur le terrain sa prophétie se vérifie de visu. Aux terrasses de cafés, dans la rue principale transformée en marché africain, à même le bitume surchauffé par une lourdeur orageuse, au fond de de cours en retrait, sur le fameux Espace La Conga bien sur recouvert de sable blanc aux allures de Copacabana, au beau milieu de la piste improvisée du Restaurant des Arènes sous le regard fixe en noir et blanc des figuras du toreo portraîtisés suite à un passage lors de la Feria de Pentecôte…Bref, partout dans Vic les corps en sudation se lancent dans les figures sinusoïdales, ouvrent et ferment les étreintes sensuelles des pas de danses téléguidés par le son ou le merengue. Toutes et tous sous perfusion tempo latino. Comme si un souffle chaud, caliente, soudain avait levé l’obstacle de la pesanteur. Effet d’une magie sucrée salée, bien épicée, sans doute jaillie de la combinaison de saveurs vins locaux plus rhums d’importation caraïbe…
African Salsa Orchestra: tout un programme. Un parcours musical coloré au travers d’un kaléidoscope de (musiciens issus de) pays (Benin, Togo, Cuba, Puerto Rico) s’il faut en croire la déclaration d’intention du leader, Michel Pinheiro, originaire de Cotonou, compositeur, chef d’orchestre, défenseur avoué et militant de l’environnement en Afrique « La salsa est notre langage fondateur » Salsa façon (discours) humaniste, musique « latine » construite en aller et retour, en mode de pont avec l’Afrique à l’image des échanges, interactions matrices de la rumba congolaise. Les rythmes balancent en souplesse, le piano fixe les mélodies, non sans l’apport harmonique singulier dans un tel contexte d’un quatuor de cordes (violons, violoncelle) Seul petit bémol s’il fallait en trouver un: les textes en français n’épousent pas forcément toujours le tempo naturel latino.
Treize musiciens réunis pour un All Stars de la salsa,. Le fondateur et leader de la bande, Oscar Hernandez tient toujours fermement le gouvernail du Spanish Harlem Orchestra. Le pianiste qui a collaboré aussi bien avec Paul Simon que Ruben Blades, lance les thèmes, relance les sections (cuivres, percussions), fait signe aux chanteurs (trois: un portoricain, un venezuelien, un costaricain pour autant de voix timbrées chaudes et rondes) pour embrayer sur un chant en solo, un unisson voire un échange. La sonorité de l’orchestre, la patte musicale illustre « la salsa dura » celle qui vient en droite ligne de la mythique Fania des années 80. Soit un rendu percutant, précis, impeccable dans la mise en place comme dans les changements de séquence. Deux moments d’intensité particulière à mettre en exergue: d‘abord lorsque le jeune chanteur Jeremy Bosch, fils d’un ancien musicien du SHO , présente un boléro joué « en hommage à toutes les victimes des attentes en France » Pic d’émotion. Puis les trois chanteurs ayant quitté la scène, Oscar Hernandez annonce une de ses compositions étiquetée par ses soins « puro latin jazz » Un bon vrai travail de big band dans la veine, la couleur annoncée permet d’écouter un savoureux chorus de sax baryton. Petit regret à ce propos: le répertoire n’a pas dégagé beaucoup de solos de ce genre. Il est vrai qu’à l’instar de la défunte Fania (on dit qu’un album souvenir doit sortir incessamment…) on ne ressort pas si facilement des pointures comme Ray Barretto, Eddie Palmieri, voire Tito Puente ou Mongo Santamaria…Même si dans son dernier album daté de 2015, le leader du Spanish Harlem Orchestra avait invité Chick Corea et Joe Lovano. Bon, ne soyons pas bégueule pour autant: à vrai dire le large public de Vic s’est lui bien régalé du piment de cette « sauce dure »
« Il faut le dire, il faut le savoir : nous évoluons sur un segment musical bien particulier » reconnait en guise de conclusion Eric Duffau le patron du festival vicois depuis vingt trois ans « D’où la difficulté, le pari du renouvellement des musiciens présentés. Nous avons besoin de têtes d’affiche, de noms capables de remplir les arènes. A ce titre, la tâche n’est pas si aisée. De la même façon dans ce secteur des musiques « latines », la fiabilité des producteurs, des agents d’artistes n’est pas toujours assurée à cent pour cent. Là encore le risque existe et à Tempo Latino, je suis placé pour le savoir, nous devons faire avec » Dernière difficulté intervenue au bout d’une histoire commune des deux festivals: la proximité géographique des deux communes du Gers, Vic Fezensac et Marciac. A fortiori depuis que Jazz in Marciac entame son programme de concerts avant même que Tempo Latino n’ait refermé la porte de ses arènes.
Robert Latxague
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Un turban multicolore tient ses cheveux en vrille de glace italienne Martha Galarraga balance des hanches en souplesse. Sous le préau du collège la chanteuse et prêtresse de santeria cubaine fait passer le feeling de la rumba aux gamins ébahis. La regardant droit dans les yeux, en rythme, ils chantent en langue yoruba.
Tempo Latino, Arènes, Vic Fezensac, 30 juillet
African Salsa Orchestra: Michel Pinheiro (ltp, voc), Elvin Ponce Ramos (voc, per), Patrick Bebay (p), Jean Richard Codjia (conga), Willy Ombe (perc), Kelly Koto (b), Florent Briqué, Florent Cardon (tp) + cordes
Spanish Harlem Orchestra: Oscar Hernandez ((direct, p), Jeremy Bosch, Marco Bermudez, Carlos Cascante (voc), Georges Delgado ((conga), Luisito Quintero (timbales), Jorge Gonzales (perc), Gerardo « Jerry » Madera (b), Mitch Forman (bas, fl), Reynaldo Jorge, Doug Beavers (tb), Hector Colon, Manuel « Maneco’ Ruiz (tp)
« Le samedi tu vas voir, ça danse partout, c’est fou ! » m’avait prévenu Benoit, mon logeur, ancien bénévole dans l’équipe du « Tempo » lanceur d’alerte averti. Sur le terrain sa prophétie se vérifie de visu. Aux terrasses de cafés, dans la rue principale transformée en marché africain, à même le bitume surchauffé par une lourdeur orageuse, au fond de de cours en retrait, sur le fameux Espace La Conga bien sur recouvert de sable blanc aux allures de Copacabana, au beau milieu de la piste improvisée du Restaurant des Arènes sous le regard fixe en noir et blanc des figuras du toreo portraîtisés suite à un passage lors de la Feria de Pentecôte…Bref, partout dans Vic les corps en sudation se lancent dans les figures sinusoïdales, ouvrent et ferment les étreintes sensuelles des pas de danses téléguidés par le son ou le merengue. Toutes et tous sous perfusion tempo latino. Comme si un souffle chaud, caliente, soudain avait levé l’obstacle de la pesanteur. Effet d’une magie sucrée salée, bien épicée, sans doute jaillie de la combinaison de saveurs vins locaux plus rhums d’importation caraïbe…
African Salsa Orchestra: tout un programme. Un parcours musical coloré au travers d’un kaléidoscope de (musiciens issus de) pays (Benin, Togo, Cuba, Puerto Rico) s’il faut en croire la déclaration d’intention du leader, Michel Pinheiro, originaire de Cotonou, compositeur, chef d’orchestre, défenseur avoué et militant de l’environnement en Afrique « La salsa est notre langage fondateur » Salsa façon (discours) humaniste, musique « latine » construite en aller et retour, en mode de pont avec l’Afrique à l’image des échanges, interactions matrices de la rumba congolaise. Les rythmes balancent en souplesse, le piano fixe les mélodies, non sans l’apport harmonique singulier dans un tel contexte d’un quatuor de cordes (violons, violoncelle) Seul petit bémol s’il fallait en trouver un: les textes en français n’épousent pas forcément toujours le tempo naturel latino.
Treize musiciens réunis pour un All Stars de la salsa,. Le fondateur et leader de la bande, Oscar Hernandez tient toujours fermement le gouvernail du Spanish Harlem Orchestra. Le pianiste qui a collaboré aussi bien avec Paul Simon que Ruben Blades, lance les thèmes, relance les sections (cuivres, percussions), fait signe aux chanteurs (trois: un portoricain, un venezuelien, un costaricain pour autant de voix timbrées chaudes et rondes) pour embrayer sur un chant en solo, un unisson voire un échange. La sonorité de l’orchestre, la patte musicale illustre « la salsa dura » celle qui vient en droite ligne de la mythique Fania des années 80. Soit un rendu percutant, précis, impeccable dans la mise en place comme dans les changements de séquence. Deux moments d’intensité particulière à mettre en exergue: d‘abord lorsque le jeune chanteur Jeremy Bosch, fils d’un ancien musicien du SHO , présente un boléro joué « en hommage à toutes les victimes des attentes en France » Pic d’émotion. Puis les trois chanteurs ayant quitté la scène, Oscar Hernandez annonce une de ses compositions étiquetée par ses soins « puro latin jazz » Un bon vrai travail de big band dans la veine, la couleur annoncée permet d’écouter un savoureux chorus de sax baryton. Petit regret à ce propos: le répertoire n’a pas dégagé beaucoup de solos de ce genre. Il est vrai qu’à l’instar de la défunte Fania (on dit qu’un album souvenir doit sortir incessamment…) on ne ressort pas si facilement des pointures comme Ray Barretto, Eddie Palmieri, voire Tito Puente ou Mongo Santamaria…Même si dans son dernier album daté de 2015, le leader du Spanish Harlem Orchestra avait invité Chick Corea et Joe Lovano. Bon, ne soyons pas bégueule pour autant: à vrai dire le large public de Vic s’est lui bien régalé du piment de cette « sauce dure »
« Il faut le dire, il faut le savoir : nous évoluons sur un segment musical bien particulier » reconnait en guise de conclusion Eric Duffau le patron du festival vicois depuis vingt trois ans « D’où la difficulté, le pari du renouvellement des musiciens présentés. Nous avons besoin de têtes d’affiche, de noms capables de remplir les arènes. A ce titre, la tâche n’est pas si aisée. De la même façon dans ce secteur des musiques « latines », la fiabilité des producteurs, des agents d’artistes n’est pas toujours assurée à cent pour cent. Là encore le risque existe et à Tempo Latino, je suis placé pour le savoir, nous devons faire avec » Dernière difficulté intervenue au bout d’une histoire commune des deux festivals: la proximité géographique des deux communes du Gers, Vic Fezensac et Marciac. A fortiori depuis que Jazz in Marciac entame son programme de concerts avant même que Tempo Latino n’ait refermé la porte de ses arènes.
Robert Latxague
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Un turban multicolore tient ses cheveux en vrille de glace italienne Martha Galarraga balance des hanches en souplesse. Sous le préau du collège la chanteuse et prêtresse de santeria cubaine fait passer le feeling de la rumba aux gamins ébahis. La regardant droit dans les yeux, en rythme, ils chantent en langue yoruba.
Tempo Latino, Arènes, Vic Fezensac, 30 juillet
African Salsa Orchestra: Michel Pinheiro (ltp, voc), Elvin Ponce Ramos (voc, per), Patrick Bebay (p), Jean Richard Codjia (conga), Willy Ombe (perc), Kelly Koto (b), Florent Briqué, Florent Cardon (tp) + cordes
Spanish Harlem Orchestra: Oscar Hernandez ((direct, p), Jeremy Bosch, Marco Bermudez, Carlos Cascante (voc), Georges Delgado ((conga), Luisito Quintero (timbales), Jorge Gonzales (perc), Gerardo « Jerry » Madera (b), Mitch Forman (bas, fl), Reynaldo Jorge, Doug Beavers (tb), Hector Colon, Manuel « Maneco’ Ruiz (tp)
« Le samedi tu vas voir, ça danse partout, c’est fou ! » m’avait prévenu Benoit, mon logeur, ancien bénévole dans l’équipe du « Tempo » lanceur d’alerte averti. Sur le terrain sa prophétie se vérifie de visu. Aux terrasses de cafés, dans la rue principale transformée en marché africain, à même le bitume surchauffé par une lourdeur orageuse, au fond de de cours en retrait, sur le fameux Espace La Conga bien sur recouvert de sable blanc aux allures de Copacabana, au beau milieu de la piste improvisée du Restaurant des Arènes sous le regard fixe en noir et blanc des figuras du toreo portraîtisés suite à un passage lors de la Feria de Pentecôte…Bref, partout dans Vic les corps en sudation se lancent dans les figures sinusoïdales, ouvrent et ferment les étreintes sensuelles des pas de danses téléguidés par le son ou le merengue. Toutes et tous sous perfusion tempo latino. Comme si un souffle chaud, caliente, soudain avait levé l’obstacle de la pesanteur. Effet d’une magie sucrée salée, bien épicée, sans doute jaillie de la combinaison de saveurs vins locaux plus rhums d’importation caraïbe…
African Salsa Orchestra: tout un programme. Un parcours musical coloré au travers d’un kaléidoscope de (musiciens issus de) pays (Benin, Togo, Cuba, Puerto Rico) s’il faut en croire la déclaration d’intention du leader, Michel Pinheiro, originaire de Cotonou, compositeur, chef d’orchestre, défenseur avoué et militant de l’environnement en Afrique « La salsa est notre langage fondateur » Salsa façon (discours) humaniste, musique « latine » construite en aller et retour, en mode de pont avec l’Afrique à l’image des échanges, interactions matrices de la rumba congolaise. Les rythmes balancent en souplesse, le piano fixe les mélodies, non sans l’apport harmonique singulier dans un tel contexte d’un quatuor de cordes (violons, violoncelle) Seul petit bémol s’il fallait en trouver un: les textes en français n’épousent pas forcément toujours le tempo naturel latino.
Treize musiciens réunis pour un All Stars de la salsa,. Le fondateur et leader de la bande, Oscar Hernandez tient toujours fermement le gouvernail du Spanish Harlem Orchestra. Le pianiste qui a collaboré aussi bien avec Paul Simon que Ruben Blades, lance les thèmes, relance les sections (cuivres, percussions), fait signe aux chanteurs (trois: un portoricain, un venezuelien, un costaricain pour autant de voix timbrées chaudes et rondes) pour embrayer sur un chant en solo, un unisson voire un échange. La sonorité de l’orchestre, la patte musicale illustre « la salsa dura » celle qui vient en droite ligne de la mythique Fania des années 80. Soit un rendu percutant, précis, impeccable dans la mise en place comme dans les changements de séquence. Deux moments d’intensité particulière à mettre en exergue: d‘abord lorsque le jeune chanteur Jeremy Bosch, fils d’un ancien musicien du SHO , présente un boléro joué « en hommage à toutes les victimes des attentes en France » Pic d’émotion. Puis les trois chanteurs ayant quitté la scène, Oscar Hernandez annonce une de ses compositions étiquetée par ses soins « puro latin jazz » Un bon vrai travail de big band dans la veine, la couleur annoncée permet d’écouter un savoureux chorus de sax baryton. Petit regret à ce propos: le répertoire n’a pas dégagé beaucoup de solos de ce genre. Il est vrai qu’à l’instar de la défunte Fania (on dit qu’un album souvenir doit sortir incessamment…) on ne ressort pas si facilement des pointures comme Ray Barretto, Eddie Palmieri, voire Tito Puente ou Mongo Santamaria…Même si dans son dernier album daté de 2015, le leader du Spanish Harlem Orchestra avait invité Chick Corea et Joe Lovano. Bon, ne soyons pas bégueule pour autant: à vrai dire le large public de Vic s’est lui bien régalé du piment de cette « sauce dure »
« Il faut le dire, il faut le savoir : nous évoluons sur un segment musical bien particulier » reconnait en guise de conclusion Eric Duffau le patron du festival vicois depuis vingt trois ans « D’où la difficulté, le pari du renouvellement des musiciens présentés. Nous avons besoin de têtes d’affiche, de noms capables de remplir les arènes. A ce titre, la tâche n’est pas si aisée. De la même façon dans ce secteur des musiques « latines », la fiabilité des producteurs, des agents d’artistes n’est pas toujours assurée à cent pour cent. Là encore le risque existe et à Tempo Latino, je suis placé pour le savoir, nous devons faire avec » Dernière difficulté intervenue au bout d’une histoire commune des deux festivals: la proximité géographique des deux communes du Gers, Vic Fezensac et Marciac. A fortiori depuis que Jazz in Marciac entame son programme de concerts avant même que Tempo Latino n’ait refermé la porte de ses arènes.
Robert Latxague