Who's afraid of the big bad wolf?
Vendredi 29 avril
Direction Vitrolles, pas du côté de Fontblanche et du Moulin à Jazz de Charlie Free, comme à l’ordinaire.
Il faut traverser la ville nouvelle des années 70 des bords de l’étang de Berre, à l’urbanisme fonctionnel, pas toujours lisible à première vue, pour arriver à la salle Guy Urbino, grand et moderne complexe qui accueille ce soir The Amazing Keystone Big Band pour leur représentation de PIERRE et le LOUP. C’est un spectacle tout public programmé en partenariat avec la ville de Vitrolles et l’association Charlie free.
Pierre et le loup…et le Jazz
par The Amazing Keystone Band.
Vendredi 29 avril, Vitrolles 13.
The Amazing Keystone Big Band : Vincent Labarre, Thierry Seneau, David Enhco, Félicien Bouchot (tp), Bastien Ballaz, Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas (tb), Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Eric Prost, Jonathan Boutellier, Ghyslain Regard, Jean-Philippe Scali (sax), Thibaut François (g), Frédéric Nardin (p), Patrick Maradan (b), Romain Sarron (dms), Sébastien Denigues ou Leslie Menu (récitant).
Des camarades du Jazzmag live ont déjà évoqué ce projet, qui a pris naissance il y a 3 ans et j’ai bien conscience d’arriver en fin de partie, après plus de 130 concerts : le groupe est déjà lancé sur son autre projet, poursuivant l’exploration du Carnaval Jazz des animaux, d’après Saint Saëns.
Pierre et le Loup est un conte musical pour enfants de Serge Prokofiev créé en 1936, plutôt conçu pour un petit orchestre symphonique. Walt Disney s’en est emparé à sa façon, dix ans plus tard ; on retient une histoire originale racontée en musique par les instruments de l’orchestre, tous dotés d’un thème de reconnaissance.
Voilà qui est parfait pour initier les jeunes oreilles aux timbres musicaux.
Si le Boléro de Ravel qui entre dans le domaine public ces jours ci, est la pièce la plus jouée dans le monde, Pierre et le loup fait partie de notre éducation musicale : remonte alors le souvenir des désastreux cours de musique, au lycée, à mon époque, où hormis la flûte à bec, je n’ai « étudié » que deux œuvres musicales la Moldau de Smetana et ….Pierre et le loup.
La madeleine devait être tout de même sacrément sucrée car je n’ai jamais pu résister à l’appel d’une nouvelle évocation, Gérard Philippe en récitant en 1956 avec un orchestre russe, David Bowie (!) et l’orchestre de Philadelphie en 1978 et plus récemment la version de François Morel et Olivier Saladin.
The Amazing Keystone Big Band reprend l’idée de Prokofiev pour raconter cette fois l’histoire du jazz et de ses différents styles, pas de façon linéaire mais en l’adaptant aux instruments /caractères des personnages de l’histoire. Ainsi le basson/ grand père bougon et grognon, devient saxophone baryton et joue shuffle et thème bluesy, le hautbois/canard pataud et un brin nasillard, se transforme en sax soprano, les loups/ sombres et menaçants cors zèbrent l’air d’un free jazz joué au tuba et trombone, le chat/ clarinette devient le sax ténor aux pattes de velours , l’oiseau reste la flûte agile et les cordes représentant Pierre deviennent la section rythmique (piano, contrebasse, guitare) dans des accents New Orleans et en utilisant la technique de la pompe.
Est-ce le talent et le métier des quatre maîtres d’œuvre de ce projet, arrangeurs subtils (Fred Nardin au piano, Jon Boutellier au sax, David Enhco à la trompette, et Bastien Ballaz au trombone) ou le génie du compositeur russe qui écrivit une musique transposable, universelle ? Cette musique intemporelle dans son évidence touche au plus près : assurément l’objectif pédagogique est atteint, voilà un spectacle réjouissant et « ludidactique » (osons un mot-valise) qui comble petits et grands ; après avoir reçu dans l’après midi 700 minots -on imagine l’angoisse du récitant, au demeurant formidable, Sébastien Denigues ou Leslie Menu?, habile conteur qui retient captif son public, il lui faut encore assurer la représentation du soir. Egale réussite en terme d’audience, la salle est sous le charme de ce big band jeune et talentueux.
On retrouve dans leur façon de jouer, dans les deux sens du terme, de s’amuser avec nous, la fraîcheur juvénile de Ray Ventura et ses Collégiens ou plus tard de l’orchestre du Splendide. La fonction première d’ «entertainment» du jazz est conservée, avec le recul historique et l’humour. Ça joue sincère et maîtrisé : les solistes font corps avec leur instrument, composant un chorus avec logique tout en jouant de la séduction de leur timbre propre ( phrasé haletant des boppers, cordes aux couleurs moelleuses); mais le bonheur, la jubilation des musiciens se ressent pleinement, au sein des unissons, quand les 18 jouent ensemble . L’ orchestre prend tout son sens, en faisant résonner la force du collectif. Accrocheur sans jamais être racoleur, le spectacle nous enveloppe.
La deuxième partie, après un court entracte, reprend les musiques de films comme un ciné concert, faisant un lien entre Jazz et Cinéma .
Démarrage avec l’indicatif tonitruant de la 20th Century Fox, même si le thème archi-connu qui suit, à savoir « la Panthère rose » d’Henri Mancini est un film United Artists de Blake Edwards. On entend ensuite de Casablanca ( Michael Curtiz) «As time goes by», un thème des Aristochats et aussi The Flintstones (la famille Pierrafeu) série d’animation de Hanna et Barbera, et puis le célèbre mambo des Danses symphoniques de West Side Story. Choix judicieux car le flamboyant Bernstein incarne l’ hybridation féconde entre classique et jazz, illustre un idéal de non-cloisonnement musical, un vibrant esprit d’ouverture.
Petits et grands quittent la salle heureux après le rappel, une autre pépite, « la samba d’Obelix » de Gérard Calvi. Et vont s’acheter un souvenir du concert.
Sophie Chambon
|Vendredi 29 avril
Direction Vitrolles, pas du côté de Fontblanche et du Moulin à Jazz de Charlie Free, comme à l’ordinaire.
Il faut traverser la ville nouvelle des années 70 des bords de l’étang de Berre, à l’urbanisme fonctionnel, pas toujours lisible à première vue, pour arriver à la salle Guy Urbino, grand et moderne complexe qui accueille ce soir The Amazing Keystone Big Band pour leur représentation de PIERRE et le LOUP. C’est un spectacle tout public programmé en partenariat avec la ville de Vitrolles et l’association Charlie free.
Pierre et le loup…et le Jazz
par The Amazing Keystone Band.
Vendredi 29 avril, Vitrolles 13.
The Amazing Keystone Big Band : Vincent Labarre, Thierry Seneau, David Enhco, Félicien Bouchot (tp), Bastien Ballaz, Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas (tb), Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Eric Prost, Jonathan Boutellier, Ghyslain Regard, Jean-Philippe Scali (sax), Thibaut François (g), Frédéric Nardin (p), Patrick Maradan (b), Romain Sarron (dms), Sébastien Denigues ou Leslie Menu (récitant).
Des camarades du Jazzmag live ont déjà évoqué ce projet, qui a pris naissance il y a 3 ans et j’ai bien conscience d’arriver en fin de partie, après plus de 130 concerts : le groupe est déjà lancé sur son autre projet, poursuivant l’exploration du Carnaval Jazz des animaux, d’après Saint Saëns.
Pierre et le Loup est un conte musical pour enfants de Serge Prokofiev créé en 1936, plutôt conçu pour un petit orchestre symphonique. Walt Disney s’en est emparé à sa façon, dix ans plus tard ; on retient une histoire originale racontée en musique par les instruments de l’orchestre, tous dotés d’un thème de reconnaissance.
Voilà qui est parfait pour initier les jeunes oreilles aux timbres musicaux.
Si le Boléro de Ravel qui entre dans le domaine public ces jours ci, est la pièce la plus jouée dans le monde, Pierre et le loup fait partie de notre éducation musicale : remonte alors le souvenir des désastreux cours de musique, au lycée, à mon époque, où hormis la flûte à bec, je n’ai « étudié » que deux œuvres musicales la Moldau de Smetana et ….Pierre et le loup.
La madeleine devait être tout de même sacrément sucrée car je n’ai jamais pu résister à l’appel d’une nouvelle évocation, Gérard Philippe en récitant en 1956 avec un orchestre russe, David Bowie (!) et l’orchestre de Philadelphie en 1978 et plus récemment la version de François Morel et Olivier Saladin.
The Amazing Keystone Big Band reprend l’idée de Prokofiev pour raconter cette fois l’histoire du jazz et de ses différents styles, pas de façon linéaire mais en l’adaptant aux instruments /caractères des personnages de l’histoire. Ainsi le basson/ grand père bougon et grognon, devient saxophone baryton et joue shuffle et thème bluesy, le hautbois/canard pataud et un brin nasillard, se transforme en sax soprano, les loups/ sombres et menaçants cors zèbrent l’air d’un free jazz joué au tuba et trombone, le chat/ clarinette devient le sax ténor aux pattes de velours , l’oiseau reste la flûte agile et les cordes représentant Pierre deviennent la section rythmique (piano, contrebasse, guitare) dans des accents New Orleans et en utilisant la technique de la pompe.
Est-ce le talent et le métier des quatre maîtres d’œuvre de ce projet, arrangeurs subtils (Fred Nardin au piano, Jon Boutellier au sax, David Enhco à la trompette, et Bastien Ballaz au trombone) ou le génie du compositeur russe qui écrivit une musique transposable, universelle ? Cette musique intemporelle dans son évidence touche au plus près : assurément l’objectif pédagogique est atteint, voilà un spectacle réjouissant et « ludidactique » (osons un mot-valise) qui comble petits et grands ; après avoir reçu dans l’après midi 700 minots -on imagine l’angoisse du récitant, au demeurant formidable, Sébastien Denigues ou Leslie Menu?, habile conteur qui retient captif son public, il lui faut encore assurer la représentation du soir. Egale réussite en terme d’audience, la salle est sous le charme de ce big band jeune et talentueux.
On retrouve dans leur façon de jouer, dans les deux sens du terme, de s’amuser avec nous, la fraîcheur juvénile de Ray Ventura et ses Collégiens ou plus tard de l’orchestre du Splendide. La fonction première d’ «entertainment» du jazz est conservée, avec le recul historique et l’humour. Ça joue sincère et maîtrisé : les solistes font corps avec leur instrument, composant un chorus avec logique tout en jouant de la séduction de leur timbre propre ( phrasé haletant des boppers, cordes aux couleurs moelleuses); mais le bonheur, la jubilation des musiciens se ressent pleinement, au sein des unissons, quand les 18 jouent ensemble . L’ orchestre prend tout son sens, en faisant résonner la force du collectif. Accrocheur sans jamais être racoleur, le spectacle nous enveloppe.
La deuxième partie, après un court entracte, reprend les musiques de films comme un ciné concert, faisant un lien entre Jazz et Cinéma .
Démarrage avec l’indicatif tonitruant de la 20th Century Fox, même si le thème archi-connu qui suit, à savoir « la Panthère rose » d’Henri Mancini est un film United Artists de Blake Edwards. On entend ensuite de Casablanca ( Michael Curtiz) «As time goes by», un thème des Aristochats et aussi The Flintstones (la famille Pierrafeu) série d’animation de Hanna et Barbera, et puis le célèbre mambo des Danses symphoniques de West Side Story. Choix judicieux car le flamboyant Bernstein incarne l’ hybridation féconde entre classique et jazz, illustre un idéal de non-cloisonnement musical, un vibrant esprit d’ouverture.
Petits et grands quittent la salle heureux après le rappel, une autre pépite, « la samba d’Obelix » de Gérard Calvi. Et vont s’acheter un souvenir du concert.
Sophie Chambon
|Vendredi 29 avril
Direction Vitrolles, pas du côté de Fontblanche et du Moulin à Jazz de Charlie Free, comme à l’ordinaire.
Il faut traverser la ville nouvelle des années 70 des bords de l’étang de Berre, à l’urbanisme fonctionnel, pas toujours lisible à première vue, pour arriver à la salle Guy Urbino, grand et moderne complexe qui accueille ce soir The Amazing Keystone Big Band pour leur représentation de PIERRE et le LOUP. C’est un spectacle tout public programmé en partenariat avec la ville de Vitrolles et l’association Charlie free.
Pierre et le loup…et le Jazz
par The Amazing Keystone Band.
Vendredi 29 avril, Vitrolles 13.
The Amazing Keystone Big Band : Vincent Labarre, Thierry Seneau, David Enhco, Félicien Bouchot (tp), Bastien Ballaz, Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas (tb), Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Eric Prost, Jonathan Boutellier, Ghyslain Regard, Jean-Philippe Scali (sax), Thibaut François (g), Frédéric Nardin (p), Patrick Maradan (b), Romain Sarron (dms), Sébastien Denigues ou Leslie Menu (récitant).
Des camarades du Jazzmag live ont déjà évoqué ce projet, qui a pris naissance il y a 3 ans et j’ai bien conscience d’arriver en fin de partie, après plus de 130 concerts : le groupe est déjà lancé sur son autre projet, poursuivant l’exploration du Carnaval Jazz des animaux, d’après Saint Saëns.
Pierre et le Loup est un conte musical pour enfants de Serge Prokofiev créé en 1936, plutôt conçu pour un petit orchestre symphonique. Walt Disney s’en est emparé à sa façon, dix ans plus tard ; on retient une histoire originale racontée en musique par les instruments de l’orchestre, tous dotés d’un thème de reconnaissance.
Voilà qui est parfait pour initier les jeunes oreilles aux timbres musicaux.
Si le Boléro de Ravel qui entre dans le domaine public ces jours ci, est la pièce la plus jouée dans le monde, Pierre et le loup fait partie de notre éducation musicale : remonte alors le souvenir des désastreux cours de musique, au lycée, à mon époque, où hormis la flûte à bec, je n’ai « étudié » que deux œuvres musicales la Moldau de Smetana et ….Pierre et le loup.
La madeleine devait être tout de même sacrément sucrée car je n’ai jamais pu résister à l’appel d’une nouvelle évocation, Gérard Philippe en récitant en 1956 avec un orchestre russe, David Bowie (!) et l’orchestre de Philadelphie en 1978 et plus récemment la version de François Morel et Olivier Saladin.
The Amazing Keystone Big Band reprend l’idée de Prokofiev pour raconter cette fois l’histoire du jazz et de ses différents styles, pas de façon linéaire mais en l’adaptant aux instruments /caractères des personnages de l’histoire. Ainsi le basson/ grand père bougon et grognon, devient saxophone baryton et joue shuffle et thème bluesy, le hautbois/canard pataud et un brin nasillard, se transforme en sax soprano, les loups/ sombres et menaçants cors zèbrent l’air d’un free jazz joué au tuba et trombone, le chat/ clarinette devient le sax ténor aux pattes de velours , l’oiseau reste la flûte agile et les cordes représentant Pierre deviennent la section rythmique (piano, contrebasse, guitare) dans des accents New Orleans et en utilisant la technique de la pompe.
Est-ce le talent et le métier des quatre maîtres d’œuvre de ce projet, arrangeurs subtils (Fred Nardin au piano, Jon Boutellier au sax, David Enhco à la trompette, et Bastien Ballaz au trombone) ou le génie du compositeur russe qui écrivit une musique transposable, universelle ? Cette musique intemporelle dans son évidence touche au plus près : assurément l’objectif pédagogique est atteint, voilà un spectacle réjouissant et « ludidactique » (osons un mot-valise) qui comble petits et grands ; après avoir reçu dans l’après midi 700 minots -on imagine l’angoisse du récitant, au demeurant formidable, Sébastien Denigues ou Leslie Menu?, habile conteur qui retient captif son public, il lui faut encore assurer la représentation du soir. Egale réussite en terme d’audience, la salle est sous le charme de ce big band jeune et talentueux.
On retrouve dans leur façon de jouer, dans les deux sens du terme, de s’amuser avec nous, la fraîcheur juvénile de Ray Ventura et ses Collégiens ou plus tard de l’orchestre du Splendide. La fonction première d’ «entertainment» du jazz est conservée, avec le recul historique et l’humour. Ça joue sincère et maîtrisé : les solistes font corps avec leur instrument, composant un chorus avec logique tout en jouant de la séduction de leur timbre propre ( phrasé haletant des boppers, cordes aux couleurs moelleuses); mais le bonheur, la jubilation des musiciens se ressent pleinement, au sein des unissons, quand les 18 jouent ensemble . L’ orchestre prend tout son sens, en faisant résonner la force du collectif. Accrocheur sans jamais être racoleur, le spectacle nous enveloppe.
La deuxième partie, après un court entracte, reprend les musiques de films comme un ciné concert, faisant un lien entre Jazz et Cinéma .
Démarrage avec l’indicatif tonitruant de la 20th Century Fox, même si le thème archi-connu qui suit, à savoir « la Panthère rose » d’Henri Mancini est un film United Artists de Blake Edwards. On entend ensuite de Casablanca ( Michael Curtiz) «As time goes by», un thème des Aristochats et aussi The Flintstones (la famille Pierrafeu) série d’animation de Hanna et Barbera, et puis le célèbre mambo des Danses symphoniques de West Side Story. Choix judicieux car le flamboyant Bernstein incarne l’ hybridation féconde entre classique et jazz, illustre un idéal de non-cloisonnement musical, un vibrant esprit d’ouverture.
Petits et grands quittent la salle heureux après le rappel, une autre pépite, « la samba d’Obelix » de Gérard Calvi. Et vont s’acheter un souvenir du concert.
Sophie Chambon
|Vendredi 29 avril
Direction Vitrolles, pas du côté de Fontblanche et du Moulin à Jazz de Charlie Free, comme à l’ordinaire.
Il faut traverser la ville nouvelle des années 70 des bords de l’étang de Berre, à l’urbanisme fonctionnel, pas toujours lisible à première vue, pour arriver à la salle Guy Urbino, grand et moderne complexe qui accueille ce soir The Amazing Keystone Big Band pour leur représentation de PIERRE et le LOUP. C’est un spectacle tout public programmé en partenariat avec la ville de Vitrolles et l’association Charlie free.
Pierre et le loup…et le Jazz
par The Amazing Keystone Band.
Vendredi 29 avril, Vitrolles 13.
The Amazing Keystone Big Band : Vincent Labarre, Thierry Seneau, David Enhco, Félicien Bouchot (tp), Bastien Ballaz, Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas (tb), Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Eric Prost, Jonathan Boutellier, Ghyslain Regard, Jean-Philippe Scali (sax), Thibaut François (g), Frédéric Nardin (p), Patrick Maradan (b), Romain Sarron (dms), Sébastien Denigues ou Leslie Menu (récitant).
Des camarades du Jazzmag live ont déjà évoqué ce projet, qui a pris naissance il y a 3 ans et j’ai bien conscience d’arriver en fin de partie, après plus de 130 concerts : le groupe est déjà lancé sur son autre projet, poursuivant l’exploration du Carnaval Jazz des animaux, d’après Saint Saëns.
Pierre et le Loup est un conte musical pour enfants de Serge Prokofiev créé en 1936, plutôt conçu pour un petit orchestre symphonique. Walt Disney s’en est emparé à sa façon, dix ans plus tard ; on retient une histoire originale racontée en musique par les instruments de l’orchestre, tous dotés d’un thème de reconnaissance.
Voilà qui est parfait pour initier les jeunes oreilles aux timbres musicaux.
Si le Boléro de Ravel qui entre dans le domaine public ces jours ci, est la pièce la plus jouée dans le monde, Pierre et le loup fait partie de notre éducation musicale : remonte alors le souvenir des désastreux cours de musique, au lycée, à mon époque, où hormis la flûte à bec, je n’ai « étudié » que deux œuvres musicales la Moldau de Smetana et ….Pierre et le loup.
La madeleine devait être tout de même sacrément sucrée car je n’ai jamais pu résister à l’appel d’une nouvelle évocation, Gérard Philippe en récitant en 1956 avec un orchestre russe, David Bowie (!) et l’orchestre de Philadelphie en 1978 et plus récemment la version de François Morel et Olivier Saladin.
The Amazing Keystone Big Band reprend l’idée de Prokofiev pour raconter cette fois l’histoire du jazz et de ses différents styles, pas de façon linéaire mais en l’adaptant aux instruments /caractères des personnages de l’histoire. Ainsi le basson/ grand père bougon et grognon, devient saxophone baryton et joue shuffle et thème bluesy, le hautbois/canard pataud et un brin nasillard, se transforme en sax soprano, les loups/ sombres et menaçants cors zèbrent l’air d’un free jazz joué au tuba et trombone, le chat/ clarinette devient le sax ténor aux pattes de velours , l’oiseau reste la flûte agile et les cordes représentant Pierre deviennent la section rythmique (piano, contrebasse, guitare) dans des accents New Orleans et en utilisant la technique de la pompe.
Est-ce le talent et le métier des quatre maîtres d’œuvre de ce projet, arrangeurs subtils (Fred Nardin au piano, Jon Boutellier au sax, David Enhco à la trompette, et Bastien Ballaz au trombone) ou le génie du compositeur russe qui écrivit une musique transposable, universelle ? Cette musique intemporelle dans son évidence touche au plus près : assurément l’objectif pédagogique est atteint, voilà un spectacle réjouissant et « ludidactique » (osons un mot-valise) qui comble petits et grands ; après avoir reçu dans l’après midi 700 minots -on imagine l’angoisse du récitant, au demeurant formidable, Sébastien Denigues ou Leslie Menu?, habile conteur qui retient captif son public, il lui faut encore assurer la représentation du soir. Egale réussite en terme d’audience, la salle est sous le charme de ce big band jeune et talentueux.
On retrouve dans leur façon de jouer, dans les deux sens du terme, de s’amuser avec nous, la fraîcheur juvénile de Ray Ventura et ses Collégiens ou plus tard de l’orchestre du Splendide. La fonction première d’ «entertainment» du jazz est conservée, avec le recul historique et l’humour. Ça joue sincère et maîtrisé : les solistes font corps avec leur instrument, composant un chorus avec logique tout en jouant de la séduction de leur timbre propre ( phrasé haletant des boppers, cordes aux couleurs moelleuses); mais le bonheur, la jubilation des musiciens se ressent pleinement, au sein des unissons, quand les 18 jouent ensemble . L’ orchestre prend tout son sens, en faisant résonner la force du collectif. Accrocheur sans jamais être racoleur, le spectacle nous enveloppe.
La deuxième partie, après un court entracte, reprend les musiques de films comme un ciné concert, faisant un lien entre Jazz et Cinéma .
Démarrage avec l’indicatif tonitruant de la 20th Century Fox, même si le thème archi-connu qui suit, à savoir « la Panthère rose » d’Henri Mancini est un film United Artists de Blake Edwards. On entend ensuite de Casablanca ( Michael Curtiz) «As time goes by», un thème des Aristochats et aussi The Flintstones (la famille Pierrafeu) série d’animation de Hanna et Barbera, et puis le célèbre mambo des Danses symphoniques de West Side Story. Choix judicieux car le flamboyant Bernstein incarne l’ hybridation féconde entre classique et jazz, illustre un idéal de non-cloisonnement musical, un vibrant esprit d’ouverture.
Petits et grands quittent la salle heureux après le rappel, une autre pépite, « la samba d’Obelix » de Gérard Calvi. Et vont s’acheter un souvenir du concert.
Sophie Chambon