Yannig Alory et Antonin Volson étaient aux Anges !
Les Anges, un café-concert dans la tradition bretonne, sur la route de Malguénac, tout du moins celle qu’emprunte chaque mois d’août Franck Bergerot qui pour le premier compte rendu de sa retraite (effective le 1er janvier) a fait un écart “le jazz mais pas que” avec un concert de musique irlandaise… mais pas que.
Yannig Alory est flûtiste, de ces flûtes traversière en bois que l’on joue en Irlande et que les musiciens bretons ont adopté à l’époque du folk revival. Ses flûtes, il les a promenées de fest-noz en fest deiz (bals de nuit et bals de jour), notamment au sein du groupe Carré Manchot. Voici une vingtaine d’année qu’il participa aux premiers pas du festival de Malguénac “Arts des villes, Arts des champs” en duo avec Antonin Volson, arrangeur, ingénieur du son, multi-instrumentiste ayant pratiqué flûte à bec, contrebasse, basse électrique, batterie et percussions, dont le talent s’est notamment fait connaître au sein du groupe de musique éthiopienne le Badume’s Band. Depuis les deux musiciens se retrouvent traditionnellement à la période des fêtes de fin d’année aux Anges, café d’un hameau du Pays Pourlet tenu par Jean-Marie Le Gagne qui en est tout à la fois, le taulier et le cuistot (et sans qui les stands de bouche du festival de Malguénac ne seraient pas ce qu’ils sont). Tous les jeudis, c’est le repas des amis et son plat unique, qui correspond généralement au concert de la semaine : jazz, rock, musiques du monde ou plus spécifiquement bretonnes.
Ce soir, lendemain de Noël, tandis que Jean-Marie, dit “Big Jim” met la dernière main au carré d’agneau en croute de pain d’épices qui commence à arriver sur les tables (c’est lui que l’on voit debout à droite sur ma photo filmant la scène où le flûtiste disparaît à l’ombre de la double traversière de sa flûte et de son micro), Yannig Alory enchaîne répertoire breton et irlandais, de gavote en reel en slow air en polka en planxty d’O’Carolan qu’il semble parfois tresser l’un à l’autre, multipliant les variations à perdre haleine, ornementant, glissant, altérant, sous-entendant le temps de reprendre son souffle pour soudain faire exploser la phrase suivante, tandis qu’Antonin Volson clave le trépignement de la dañs fisel, fait crépiter le triolet de la jig et décompose le trot rapide du branle irlandais, le tout dans un grand élan improvisé, tandis qu’à ma table, Ronan Prod’homme, l’âme discrète de Malguénac, me dévoile les premiers noms du programme 2020, du jazz, du vrai… mais pas que. Chut ! Il est trop tôt pour en dire plus… rendez-vous dans notre guide des festivals fin mai, et sur place du 20 au 23 août. Franck Bergerot