Young Man With A Horn : Loustalot/Touéry Quartet, au Caillou du Jardin Botanique, Bordeaux
On s’étonne parfois de l’étonnante réussite, complicité, entente, qui préside à la prestation d’un groupe – trio, quartet ou même davantage – qui joue un répertoire en public pour la première fois, sans avoir répété, ou seulement de façon si brève… Et ce fut le cas hier soir encore, six octobre 2016, au « Caillou du Jardin Botanique » à Bordeaux pour ce tout nouveau « Loustalot/Touéry Quartet ». L’amateur éclairé affirme alors très haut : « mais ça, justement, c’est le jazz ! « . Est-ce bien suffisant ? Ou n’est-il pas justement très suffisant d’affirmer ainsi que la chose aille quasiment de soi ?
Loustalot/Touéry Quartet : Yoann Loustalot (tp, bugle), Julien Touéry (p), Eric Suménian (b), Laurent Paris (perc)
Car il reste que pour un auditeur à la fois profane et quasiment vierge, cette entente immédiate, cette façon de faire musique les uns avec les autres sans pratiquement le moindre signe, constitue une découverte quelque peu stupéfiante. Explicable, assez vite, et même par un « pur » mélomane à l’attention d’un autre : ils s’envoient des partitions, apprennent donc à distance les contours harmoniques et mélodiques des thèmes qui vont être joués, et à partir le là, le « miracle du jazz » en effet consiste à pouvoir jouer ensemble dès la première fois, pour peu de respecter ces « grilles » de lecture qui ne sont en rien des motifs d’enfermement mais délimitent plutôt des espaces de liberté.
Après, ça peut marcher ou ennuyer tout le monde, ça dépend quand même de ce que les uns et les autres ont écrit, et de la manière dont ils l’actualisent. Hier soir, dès les premières mesures de « Vers Le Nord » de Julien Touéry, il fut évident que ça marchait. Plus une fourchette en l’air, plus un bruit d’assiette, et – soyons honnêtes – impossible de manger quoi que ce soit en même temps que se racontait elle-même cette musique paisible, profonde, méditative, en suspens… au point que tout en fut suspendu pendant de longues minutes. Et cela s’entendait pour chacun, amateur éclairé ou auditeur novice, pour peu bien sûr quand même qu’on y aime la musique qui s’y déployait et qu’on accepte d’écouter, sans la moindre référence, ce qu’y s’y raconte. Après tout, si l’on n’aime pas la musique et qu’on s’est égaré, reste à prendre la porte, ou comme le dit Belmondo dans A Bout de Souffle… si vous n’aimez pas la mer…
Ainsi va la vie. Le premier set fut le plus tendu vers cette expression méditative, quasi spirituelle, à la fois profonde et suspendue, avec juste ce qu’il faut quand même de rebondissement pour permettre à une bouchée d’être avalée. Des pièces comme « Nuremberg », puis « Fjord » de Julien, où pour la première fois de la soirée Yoann prend le bugle, tout reste dans un espace plus caressant, comme un écho dans l’océan. Loustalot au bugle est dans le registre d’une très ronde douceur.
Au deuxième set, il fut de plus en plus évident que le « Young Man With A Horn » était donc ici divisé et réparti entre le pianiste dans son rôle de Bix Beiderbecke Debussy, et Yoann Loustalot dans son habit de Bix Beiderbecke corniste. Ces références importent peu, certes. Mais pour qui voudrait en savoir davantage… D’un univers très explicitement coltranien, avec des bribes d’Ornette Coleman, nous étions passés à une musique « à la Chet Baker », avec un pianiste qui flirtait fort avec la manière de Paul Bley. Tout cela à la fois très intériorisé et flirtant parfois avec la plus explicite « pop music ». Toujours aussi irréfutable, même si au bout d’une heure – nous sommes dans un restaurant, je le rappelle – les assiettes avaient finalement accompli leur destinée. L’on se dit alors ou l’on se rappelle, qu’au Village Vanguard dans les années 60, c’était pareil, et même bien pire car d’une part il y avait peu de monde et d’autre part personne n’écoutait. Car la présence et l’écoute de l’audience hier soir fut exemplaire. Il faut le dire. Loustalot a joué dans la deuxième partie des choses plus inquiètes, plus instables, plus dans son habitude de « jeune homme en quête de sens et de vérité ». Cette musique a parlé pour chacun, mais en même temps personne ne saurait exprimer correctement ce qu’elle a dit. Ce qui est pourtant le travail que nous essayons de faire.
Pour conclure dans la plus grande diversion, et sans ordre : Eric Suménian est un contrebassiste qui sait très bien régler sa basse (merci Anne-Marie), c’est un excellent musicien qui vient de Marseille et se rend à San Sebastian, où une bien belle « concha » l’attend. Laurent Paris est un percussionniste qui se joue de tout avec aisance, humour, et justesse. Il est de Toulouse, où le quartet joue ce soir. Toulousains vous êtes prévenus. Sophie Bourgeois (très bonne chanteuse originaire de Libourne) était là hier soir et son tout premier CD sera bientôt disponible. Thierry Valette, saxophoniste et chanteur, était là également, même si la vinification de son « Clos Puy-Arnaud » est ce qui l’occupe le plus en ce moment. Mais quel vin au bout du compte ! Et puis merci à ceux qui ont eu la bonne idée de retenir une table et d’y venir, Christian, Monica, Anita et Alicia. Des bises.
Philippe Méziat|On s’étonne parfois de l’étonnante réussite, complicité, entente, qui préside à la prestation d’un groupe – trio, quartet ou même davantage – qui joue un répertoire en public pour la première fois, sans avoir répété, ou seulement de façon si brève… Et ce fut le cas hier soir encore, six octobre 2016, au « Caillou du Jardin Botanique » à Bordeaux pour ce tout nouveau « Loustalot/Touéry Quartet ». L’amateur éclairé affirme alors très haut : « mais ça, justement, c’est le jazz ! « . Est-ce bien suffisant ? Ou n’est-il pas justement très suffisant d’affirmer ainsi que la chose aille quasiment de soi ?
Loustalot/Touéry Quartet : Yoann Loustalot (tp, bugle), Julien Touéry (p), Eric Suménian (b), Laurent Paris (perc)
Car il reste que pour un auditeur à la fois profane et quasiment vierge, cette entente immédiate, cette façon de faire musique les uns avec les autres sans pratiquement le moindre signe, constitue une découverte quelque peu stupéfiante. Explicable, assez vite, et même par un « pur » mélomane à l’attention d’un autre : ils s’envoient des partitions, apprennent donc à distance les contours harmoniques et mélodiques des thèmes qui vont être joués, et à partir le là, le « miracle du jazz » en effet consiste à pouvoir jouer ensemble dès la première fois, pour peu de respecter ces « grilles » de lecture qui ne sont en rien des motifs d’enfermement mais délimitent plutôt des espaces de liberté.
Après, ça peut marcher ou ennuyer tout le monde, ça dépend quand même de ce que les uns et les autres ont écrit, et de la manière dont ils l’actualisent. Hier soir, dès les premières mesures de « Vers Le Nord » de Julien Touéry, il fut évident que ça marchait. Plus une fourchette en l’air, plus un bruit d’assiette, et – soyons honnêtes – impossible de manger quoi que ce soit en même temps que se racontait elle-même cette musique paisible, profonde, méditative, en suspens… au point que tout en fut suspendu pendant de longues minutes. Et cela s’entendait pour chacun, amateur éclairé ou auditeur novice, pour peu bien sûr quand même qu’on y aime la musique qui s’y déployait et qu’on accepte d’écouter, sans la moindre référence, ce qu’y s’y raconte. Après tout, si l’on n’aime pas la musique et qu’on s’est égaré, reste à prendre la porte, ou comme le dit Belmondo dans A Bout de Souffle… si vous n’aimez pas la mer…
Ainsi va la vie. Le premier set fut le plus tendu vers cette expression méditative, quasi spirituelle, à la fois profonde et suspendue, avec juste ce qu’il faut quand même de rebondissement pour permettre à une bouchée d’être avalée. Des pièces comme « Nuremberg », puis « Fjord » de Julien, où pour la première fois de la soirée Yoann prend le bugle, tout reste dans un espace plus caressant, comme un écho dans l’océan. Loustalot au bugle est dans le registre d’une très ronde douceur.
Au deuxième set, il fut de plus en plus évident que le « Young Man With A Horn » était donc ici divisé et réparti entre le pianiste dans son rôle de Bix Beiderbecke Debussy, et Yoann Loustalot dans son habit de Bix Beiderbecke corniste. Ces références importent peu, certes. Mais pour qui voudrait en savoir davantage… D’un univers très explicitement coltranien, avec des bribes d’Ornette Coleman, nous étions passés à une musique « à la Chet Baker », avec un pianiste qui flirtait fort avec la manière de Paul Bley. Tout cela à la fois très intériorisé et flirtant parfois avec la plus explicite « pop music ». Toujours aussi irréfutable, même si au bout d’une heure – nous sommes dans un restaurant, je le rappelle – les assiettes avaient finalement accompli leur destinée. L’on se dit alors ou l’on se rappelle, qu’au Village Vanguard dans les années 60, c’était pareil, et même bien pire car d’une part il y avait peu de monde et d’autre part personne n’écoutait. Car la présence et l’écoute de l’audience hier soir fut exemplaire. Il faut le dire. Loustalot a joué dans la deuxième partie des choses plus inquiètes, plus instables, plus dans son habitude de « jeune homme en quête de sens et de vérité ». Cette musique a parlé pour chacun, mais en même temps personne ne saurait exprimer correctement ce qu’elle a dit. Ce qui est pourtant le travail que nous essayons de faire.
Pour conclure dans la plus grande diversion, et sans ordre : Eric Suménian est un contrebassiste qui sait très bien régler sa basse (merci Anne-Marie), c’est un excellent musicien qui vient de Marseille et se rend à San Sebastian, où une bien belle « concha » l’attend. Laurent Paris est un percussionniste qui se joue de tout avec aisance, humour, et justesse. Il est de Toulouse, où le quartet joue ce soir. Toulousains vous êtes prévenus. Sophie Bourgeois (très bonne chanteuse originaire de Libourne) était là hier soir et son tout premier CD sera bientôt disponible. Thierry Valette, saxophoniste et chanteur, était là également, même si la vinification de son « Clos Puy-Arnaud » est ce qui l’occupe le plus en ce moment. Mais quel vin au bout du compte ! Et puis merci à ceux qui ont eu la bonne idée de retenir une table et d’y venir, Christian, Monica, Anita et Alicia. Des bises.
Philippe Méziat|On s’étonne parfois de l’étonnante réussite, complicité, entente, qui préside à la prestation d’un groupe – trio, quartet ou même davantage – qui joue un répertoire en public pour la première fois, sans avoir répété, ou seulement de façon si brève… Et ce fut le cas hier soir encore, six octobre 2016, au « Caillou du Jardin Botanique » à Bordeaux pour ce tout nouveau « Loustalot/Touéry Quartet ». L’amateur éclairé affirme alors très haut : « mais ça, justement, c’est le jazz ! « . Est-ce bien suffisant ? Ou n’est-il pas justement très suffisant d’affirmer ainsi que la chose aille quasiment de soi ?
Loustalot/Touéry Quartet : Yoann Loustalot (tp, bugle), Julien Touéry (p), Eric Suménian (b), Laurent Paris (perc)
Car il reste que pour un auditeur à la fois profane et quasiment vierge, cette entente immédiate, cette façon de faire musique les uns avec les autres sans pratiquement le moindre signe, constitue une découverte quelque peu stupéfiante. Explicable, assez vite, et même par un « pur » mélomane à l’attention d’un autre : ils s’envoient des partitions, apprennent donc à distance les contours harmoniques et mélodiques des thèmes qui vont être joués, et à partir le là, le « miracle du jazz » en effet consiste à pouvoir jouer ensemble dès la première fois, pour peu de respecter ces « grilles » de lecture qui ne sont en rien des motifs d’enfermement mais délimitent plutôt des espaces de liberté.
Après, ça peut marcher ou ennuyer tout le monde, ça dépend quand même de ce que les uns et les autres ont écrit, et de la manière dont ils l’actualisent. Hier soir, dès les premières mesures de « Vers Le Nord » de Julien Touéry, il fut évident que ça marchait. Plus une fourchette en l’air, plus un bruit d’assiette, et – soyons honnêtes – impossible de manger quoi que ce soit en même temps que se racontait elle-même cette musique paisible, profonde, méditative, en suspens… au point que tout en fut suspendu pendant de longues minutes. Et cela s’entendait pour chacun, amateur éclairé ou auditeur novice, pour peu bien sûr quand même qu’on y aime la musique qui s’y déployait et qu’on accepte d’écouter, sans la moindre référence, ce qu’y s’y raconte. Après tout, si l’on n’aime pas la musique et qu’on s’est égaré, reste à prendre la porte, ou comme le dit Belmondo dans A Bout de Souffle… si vous n’aimez pas la mer…
Ainsi va la vie. Le premier set fut le plus tendu vers cette expression méditative, quasi spirituelle, à la fois profonde et suspendue, avec juste ce qu’il faut quand même de rebondissement pour permettre à une bouchée d’être avalée. Des pièces comme « Nuremberg », puis « Fjord » de Julien, où pour la première fois de la soirée Yoann prend le bugle, tout reste dans un espace plus caressant, comme un écho dans l’océan. Loustalot au bugle est dans le registre d’une très ronde douceur.
Au deuxième set, il fut de plus en plus évident que le « Young Man With A Horn » était donc ici divisé et réparti entre le pianiste dans son rôle de Bix Beiderbecke Debussy, et Yoann Loustalot dans son habit de Bix Beiderbecke corniste. Ces références importent peu, certes. Mais pour qui voudrait en savoir davantage… D’un univers très explicitement coltranien, avec des bribes d’Ornette Coleman, nous étions passés à une musique « à la Chet Baker », avec un pianiste qui flirtait fort avec la manière de Paul Bley. Tout cela à la fois très intériorisé et flirtant parfois avec la plus explicite « pop music ». Toujours aussi irréfutable, même si au bout d’une heure – nous sommes dans un restaurant, je le rappelle – les assiettes avaient finalement accompli leur destinée. L’on se dit alors ou l’on se rappelle, qu’au Village Vanguard dans les années 60, c’était pareil, et même bien pire car d’une part il y avait peu de monde et d’autre part personne n’écoutait. Car la présence et l’écoute de l’audience hier soir fut exemplaire. Il faut le dire. Loustalot a joué dans la deuxième partie des choses plus inquiètes, plus instables, plus dans son habitude de « jeune homme en quête de sens et de vérité ». Cette musique a parlé pour chacun, mais en même temps personne ne saurait exprimer correctement ce qu’elle a dit. Ce qui est pourtant le travail que nous essayons de faire.
Pour conclure dans la plus grande diversion, et sans ordre : Eric Suménian est un contrebassiste qui sait très bien régler sa basse (merci Anne-Marie), c’est un excellent musicien qui vient de Marseille et se rend à San Sebastian, où une bien belle « concha » l’attend. Laurent Paris est un percussionniste qui se joue de tout avec aisance, humour, et justesse. Il est de Toulouse, où le quartet joue ce soir. Toulousains vous êtes prévenus. Sophie Bourgeois (très bonne chanteuse originaire de Libourne) était là hier soir et son tout premier CD sera bientôt disponible. Thierry Valette, saxophoniste et chanteur, était là également, même si la vinification de son « Clos Puy-Arnaud » est ce qui l’occupe le plus en ce moment. Mais quel vin au bout du compte ! Et puis merci à ceux qui ont eu la bonne idée de retenir une table et d’y venir, Christian, Monica, Anita et Alicia. Des bises.
Philippe Méziat|On s’étonne parfois de l’étonnante réussite, complicité, entente, qui préside à la prestation d’un groupe – trio, quartet ou même davantage – qui joue un répertoire en public pour la première fois, sans avoir répété, ou seulement de façon si brève… Et ce fut le cas hier soir encore, six octobre 2016, au « Caillou du Jardin Botanique » à Bordeaux pour ce tout nouveau « Loustalot/Touéry Quartet ». L’amateur éclairé affirme alors très haut : « mais ça, justement, c’est le jazz ! « . Est-ce bien suffisant ? Ou n’est-il pas justement très suffisant d’affirmer ainsi que la chose aille quasiment de soi ?
Loustalot/Touéry Quartet : Yoann Loustalot (tp, bugle), Julien Touéry (p), Eric Suménian (b), Laurent Paris (perc)
Car il reste que pour un auditeur à la fois profane et quasiment vierge, cette entente immédiate, cette façon de faire musique les uns avec les autres sans pratiquement le moindre signe, constitue une découverte quelque peu stupéfiante. Explicable, assez vite, et même par un « pur » mélomane à l’attention d’un autre : ils s’envoient des partitions, apprennent donc à distance les contours harmoniques et mélodiques des thèmes qui vont être joués, et à partir le là, le « miracle du jazz » en effet consiste à pouvoir jouer ensemble dès la première fois, pour peu de respecter ces « grilles » de lecture qui ne sont en rien des motifs d’enfermement mais délimitent plutôt des espaces de liberté.
Après, ça peut marcher ou ennuyer tout le monde, ça dépend quand même de ce que les uns et les autres ont écrit, et de la manière dont ils l’actualisent. Hier soir, dès les premières mesures de « Vers Le Nord » de Julien Touéry, il fut évident que ça marchait. Plus une fourchette en l’air, plus un bruit d’assiette, et – soyons honnêtes – impossible de manger quoi que ce soit en même temps que se racontait elle-même cette musique paisible, profonde, méditative, en suspens… au point que tout en fut suspendu pendant de longues minutes. Et cela s’entendait pour chacun, amateur éclairé ou auditeur novice, pour peu bien sûr quand même qu’on y aime la musique qui s’y déployait et qu’on accepte d’écouter, sans la moindre référence, ce qu’y s’y raconte. Après tout, si l’on n’aime pas la musique et qu’on s’est égaré, reste à prendre la porte, ou comme le dit Belmondo dans A Bout de Souffle… si vous n’aimez pas la mer…
Ainsi va la vie. Le premier set fut le plus tendu vers cette expression méditative, quasi spirituelle, à la fois profonde et suspendue, avec juste ce qu’il faut quand même de rebondissement pour permettre à une bouchée d’être avalée. Des pièces comme « Nuremberg », puis « Fjord » de Julien, où pour la première fois de la soirée Yoann prend le bugle, tout reste dans un espace plus caressant, comme un écho dans l’océan. Loustalot au bugle est dans le registre d’une très ronde douceur.
Au deuxième set, il fut de plus en plus évident que le « Young Man With A Horn » était donc ici divisé et réparti entre le pianiste dans son rôle de Bix Beiderbecke Debussy, et Yoann Loustalot dans son habit de Bix Beiderbecke corniste. Ces références importent peu, certes. Mais pour qui voudrait en savoir davantage… D’un univers très explicitement coltranien, avec des bribes d’Ornette Coleman, nous étions passés à une musique « à la Chet Baker », avec un pianiste qui flirtait fort avec la manière de Paul Bley. Tout cela à la fois très intériorisé et flirtant parfois avec la plus explicite « pop music ». Toujours aussi irréfutable, même si au bout d’une heure – nous sommes dans un restaurant, je le rappelle – les assiettes avaient finalement accompli leur destinée. L’on se dit alors ou l’on se rappelle, qu’au Village Vanguard dans les années 60, c’était pareil, et même bien pire car d’une part il y avait peu de monde et d’autre part personne n’écoutait. Car la présence et l’écoute de l’audience hier soir fut exemplaire. Il faut le dire. Loustalot a joué dans la deuxième partie des choses plus inquiètes, plus instables, plus dans son habitude de « jeune homme en quête de sens et de vérité ». Cette musique a parlé pour chacun, mais en même temps personne ne saurait exprimer correctement ce qu’elle a dit. Ce qui est pourtant le travail que nous essayons de faire.
Pour conclure dans la plus grande diversion, et sans ordre : Eric Suménian est un contrebassiste qui sait très bien régler sa basse (merci Anne-Marie), c’est un excellent musicien qui vient de Marseille et se rend à San Sebastian, où une bien belle « concha » l’attend. Laurent Paris est un percussionniste qui se joue de tout avec aisance, humour, et justesse. Il est de Toulouse, où le quartet joue ce soir. Toulousains vous êtes prévenus. Sophie Bourgeois (très bonne chanteuse originaire de Libourne) était là hier soir et son tout premier CD sera bientôt disponible. Thierry Valette, saxophoniste et chanteur, était là également, même si la vinification de son « Clos Puy-Arnaud » est ce qui l’occupe le plus en ce moment. Mais quel vin au bout du compte ! Et puis merci à ceux qui ont eu la bonne idée de retenir une table et d’y venir, Christian, Monica, Anita et Alicia. Des bises.
Philippe Méziat