Jazz Magazine n°673 - juin 2015
Musiques vivantes par Frédéric Goaty
C’était au Comedy Club, il y a quelques années. Rémy Kolpa-Kopoul m’avait invité à participer à une “DJ battle”. En ouverture, j’avais passé la sublime version live de My Favorite Things de Betty Carter. Ravi de découvrir un disque qu’il ne connaissait pas et toujours prêt à relever le joyeux défi du “Et celle-là, tu la connais ?”, il avait à son tour sorti de derrière les platines un autre bijou de “Betty Bop” : Moonlight In Vermont, arrangé par Quincy Jones, avec Ray Bryant au piano. RKK vient de tirer sa révérence le 3 mai, en revenant de Brest, où il a donné son ultime mix terrien. Insatiable “connexionneur”, gourmet des sons, homme du monde des musiques, il nous manque déjà.
Au moment où j’écris ces lignes, le bouclage touche à sa fin et j’apprends la disparition de B.B. King. Émoi planétaire, forcément. Nous avons retrouvé une interview de 1972 dans nos archives. A Patrice Blanc-Francard, le bluesman se racontait avec cette humilité qui est la marque des Grands. The thrill is gone ? Vous n’y songez pas.
L’autre soir, L’Olympia affichait complet et débordait de bonheur. The show must go on, la vie continuait. Sur scène, Snarky Puppy donnait une renversante leçon d’empathie musicale en compagnie du Metropole Orkest. Ce groupe-phénomène entretient avec son public des rapports fusionnels qui font plaisir à voir et à entendre – on chante beaucoup aux concerts de Snarky Puppy, alors que leur musique est purement instrumentale. En coulisse, le charismatique claviériste Cory Henry m’avouait ceci : “Une standing ovation après chaque morceau, franchement, je n’avais jamais vu ça de ma vie…”. Nous non plus.