Jazz Magazine n°699 - octobre 2017
Morgan de Lee (et fous de Monk)
La logique aurait voulu que je m’attarde ici sur
notre Une, illustrée par le sublime profi l monkien saisi en 1966 par notre compagnon de route, le grand
photographe Giuseppe Pino, et bien entendu sur notre richissime dossier célébrant le centenaire du génial Thelonious Monk – aucun doute là-dessus :
les articles signés Laurent de Wilde, Franck Bergerot, Jonathan Glusman et Pascal Rozat vous donneront envie de replonger illico dans l’oeuvre fascinante du natif de Rocky Mount.
Seulement voilà, le jour où je m’apprêtais à rédiger
cet édito, j’ai enfin pu voir I Called Him Morgan,
le documentaire de Kasper Collin consacré à Lee Morgan. En voyant défi ler la vie de ce merveilleux trompettiste abattu par sa femme Helen en 1971 au Slugs’ de New York,
j’ai ressenti la même émotion qu’en découvrant Thelonious Monk : Straight, No Chaser de Charlotte Zwerin en 1990.
Basé sur une interview-confession d’Helen Morgan réalisée un mois avant la mort de
cette dernière, en mars 1996, ce film d’un élégant classicisme met non seulement en valeur la musique de l’inoubliable créateur de The Sidewinder à travers de nombreux extraits de ses disques Blue Note, mais aussi sa personnalité hors-normes, grâce aux photos de Francis Wolff qui ponctuent tout le film, mais aussi aux témoignages souvent émouvants de ceux qui l’ont accompagné dans sa trop brève existence : Wayne Shorter, Jymie Merritt, Bennie
Maupin, Charli Persip, Billy Harper, Albert “Tootie” Heath, Larry Ridley… Pour l’instant, I Called Him Morgan n’est offi ciellement visible que sur Netfl ix, mais Kasper Collin nous a promis qu’un DVD ne devrait pas tarder à sortir. Rendez-vous le mois prochain avec un sacré
numéro : le sept-centième Jazz Magazine.
Frédéric Goaty, directeur de la rédaction